Chapitre 125 bis

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J'étais dans un état d'agitation important. La journée de la veille avait été riche en évènements. D'abord mes premiers essais pour déclencher mes visions, les révélations sur la nature gardienne de la Piri mais surtout, ce qui s'était passé avec Ri Ah... J'avais failli... Je ne savais pas trop ce que j'avais failli faire mais rien de décent. J'étais rentré en courant, la queue entre les jambes -c'était le cas de le dire- et avais passé le reste de l'après-midi à essayer de me concentrer sur des activités familières. J'avais commencé à peindre au moins une vingtaine de portraits, tous inachevés car interrompus au moment où je me rendais compte que je reproduisais inlassablement les traits de Ri Ah.

« Tu devrais pourtant songer à en achever un. » ricana la Piri. « L'afficher au mur pour ton plaisir personnel sera probablement la seule intimité que tu pourras partager avec elle. » acheva-t-elle en un rire moqueur.

Les joues me brûlèrent bien malgré moi à cette suggestion. Je n'avais pas d'aussi basses envies ! Quoi qu'il serait sans doute plus exact de dire que je ne me permettais pas d'en avoir alors que la Piri pouvait toujours surgir dans mon esprit à un moment critique.

« Je trouverai toujours divertissant de voir à quel point vos réactions physiques naturelles vous mettent dans un tel embarras. » ricana la Piri.

De fait, il y avait fort à parier qu'elle ne comprenne pas entièrement ces « réactions physiques » puisqu'elle-même n'y était pas sujette. Mais elle s'amusait de tout ce qui pouvait me mettre mal à l'aise et elle avait là un terreau fertile.

« Et bien... Plus fertile que ton frère. » éclata-t-elle de rire comme si elle avait fait la blague la plus drôle du monde.

Moi, je n'étais pas du tout amusé.

En plus, ça allait bientôt être l'heure de rejoindre Ri Ah et la concubine Hyo Myeong et je ne savais pas comment j'allais pouvoir leur faire face, surtout pour Ri Ah, en regard des évènements de la veille. Sans compter qu'après y avoir réfléchi, une de mes tentatives de prédiction de la veille m'avait rappelé un point important qui m'amenait à m'obliger à faire un choix.

« La chose que tu sais le moins faire. » se moqua la Piri, jamais à court de remarques cinglantes.

Je passai outre. Cette fois ci, je ne pouvais pas y couper.

« Je suis curieuse de ce qui a provoqué cette soudaine prise de conscience. » s'amusa la Piri.

Je n'avais pas fait de prédiction complète mais une phrase m'avait trotté en tête tout ce temps.

Je vérifiai dans mon carnet par habitude. La formulation avait été :

« A forte volonté le destin reste ouvert,

Ce qui se gagne d'un côté, de l'autre se perd »

Sur le coup, je n'avais appliqué cette prédiction qu'à Ri Ah puisque c'était sur elle que j'essayai de les déclencher. Ce faisant, j'avais failli passer à côté d'une vérité beaucoup plus générale. Et cette vérité, c'était que les esprits ne donnaient jamais rien gratuitement. Ils pouvaient exaucer les vœux, oui, mais ce qu'ils prenaient d'un côté, ils le reprenaient de l'autre.

« Ne serais ce pas injuste, autrement ? » interrogea la Piri, d'une voix sournoise.

Exactement. Même en imaginant que tous les esprits n'étaient pas pareils, la Piri, elle, appliquait cela. Ri Ah en avait déjà fait les frais. Elle avait souhaité venir ici et avait perdu sa famille dans l'opération. En plus d'avoir été liée à trois autres vœux. Et c'était là que les choses devenaient plus complexes. Car si Ri Ah en arrivait à exaucer ces vœux, les trois personnes qui les avaient prononcées perdraient alors quelque chose en conséquence.

Le souhait du roiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant