Chapitre 112

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Le départ des concubines m'avait permis de me reposer un peu et de prendre mon repas en paix. C'était bienvenu. Parce que je devais reprendre des forces pour la suite des évènements.

En effet, j'avais encore une piste à suivre et je ne comptais rien laisser au hasard. C'est pourquoi j'avais demandé une visite de l'intendant Yun Ho pour l'après-midi. Si je suivais ce que m'avait dit le prince Hong Joong, en tant que personne susceptible d'avoir eu un contact avec les esprits la nuit de la lune de jade, il se posait là. Selon sa propre confession -et mes constatations surnaturelles-, il était maudit, ce qui lui donnait potentiellement un canal de communication privilégié avec le monde spirituel.

J'avais un peu de mal à imaginer que l'intendant Yun Ho puisse avoir un lien avec tout ça, cependant. Parce qu'il était au courant de la situation et qu'il ne m'avait rien dit, à aucun moment. En plus, il semblait se soucier de m'aider et de devenir mon ami. Avoir fait un vœu et me le cacher serait quand même une méchante trahison. Mais... Je ne le connaissais pas bien. Il était normal que je doute de tout le monde. Et je ne pouvais rien laisser au hasard.

J'étais assise sur le pyeongsang quand il parut. Il me fit signe de ne pas me lever et s'inclina en guise de bonjour.

« Je suis heureux que vous... Tu aies demandé à ce que je vienne te voir. » me dit il d'un ton parfaitement lisse, malgré son hésitation dans le tutoiement.

En fait, s'il ne l'exprimait pas par des mots, il était difficile de lui donner une intention.

Alors que j'allais lui répondre, il eut un petit geste sec de la main, comme s'il balayait quelque chose, qui avait l'air de s'adresser à quelqu'un d'autre. Je me retournai pour voir Yeo Sang lui jeter un regard rempli de colère avant de disparaitre. Mais c'était quoi leur problème à tous les deux ?

Je passai outre. Ce n'était pas ce qui m'intéressait maintenant. Je me reconcentrai donc sur Yun Ho.

« C'est parce que j'ai une question à te poser. » lui révélai je, sans plus attendre.

Il resta de marbre, attendant que je lui fasse ma demande. Bon et bien... Je n'allais pas tourner autour du pot pendant trois cents ans.

« Tu sais que je suis à la recherche des trois personnes qui auraient pu faire un vœu lié à moi lors de la dernière lune de Jade. » abordai je le sujet tandis qu'une lueur violette semblait passer dans ses yeux. « J'ai récemment appris que pour être entendu d'un esprit, il fallait remplir quelques conditions, même pendant cet évènement. » expliquai je. « En particulier, j'ai entendu dire que les personnes maudites -ou bénites d'ailleurs- étaient plus susceptible de se faire entendre par les esprits. »

En dépit de mon explication, il ne bougea pas d'un iota, semblant planté dans le sol. Etais ce parce qu'il n'avait pas compris mon insinuation ou parce qu'il ne savait pas quoi répondre ?

« En fait, je me demandais si tu n'aurais pas pu faire un vœu pendant la lune de jade. » demandai je plus directement. « Je veux dire, même inconsciemment. » essayai je d'adoucir un peu mon propos pour qu'il ne se sente pas accusé, surtout si c'était à tort.

Et puis, de ce que j'en savais, il pouvait réellement ne pas avoir eu conscience de faire un vœu. C'était juste une vérification. Il fallait que je la fasse.

Alors que je commençais à sérieusement me demander si le temps ne s'était pas figé, je le vis soudain se mettre à genoux devant moi, sans changer d'expression. Une fois dans cette position, il baissa la tête.

« Tu as raison. J'ai fait un vœu lors de la lune de jade. » confessa-t-il, à ma grande surprise.

Toute son attitude exprimait la contrition mais même là, son ton restait effroyablement neutre.

Le souhait du roiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant