Chapitre 34

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Comme tous les soirs, je m'étais rendue dans le jardin pour attendre le roi à l'écart de la maison. Cette fois ci, je m'étais posée au bord du ruisseau pour avoir un peu de frais. Quand la nuit tombait, le temps s'adoucissait en donnant une fausse impression de froid mais ce soir, la chaleur ne semblait pas vouloir descendre. Je ne m'étais pas focalisée sur le temps parce que j'avais bien d'autres choses à penser mais le jour, il faisait très chaud, surtout avec toutes les couches de tissu que je devais porter. Heureusement, la plupart des entrevues se faisaient en intérieur et le domaine du pavillon du soleil était assez boisé pour offrir une ombre bienfaitrice. En tout cas, cette nuit ne semblait pas vouloir en finir avec la chaleur de la journée.

Je décidai donc de tremper mes pieds dans le ruisseau, comme la première fois que le roi était venu me voir. Je jouai à faire des remous avec mes pieds dans l'obscurité grandissante. Les nuits étaient impressionnantes ici. Elles amenaient le silence et étaient d'encre. Je levai les yeux pour contempler un ciel étoilé vierge de toute pollution, qu'elle soit lumineuse ou autre. C'était magnifique.

Je sentis plus que je ne vis le roi se glisser à côté de moi, plongeant lui aussi ses pieds dans l'eau.

« Tu aimes regarder les étoiles ? » me demanda-t-il à voix basse, comme pour ne pas casser le moment.

« Je n'ai pas l'habitude de les voir aussi brillantes. » répondis je à mi-voix, sans tourner la tête.

« Pour ma part, je préfère regarder le soleil. » affirma-t-il.

Je tournai les yeux pour constater ce dont je me doutais. Il n'avait pas les yeux levés vers la voute céleste mais sur moi. Je voyais bien où il voulait en venir.

« Je n'ai rien à voir avec le soleil. » lui répondis je donc en retournant à ma contemplation du ciel. « Et puis, techniquement, le soleil est une étoile. » fis je remarquer.

Il eut un rire contenu.

« Le soleil est bien plus gros qu'une étoile. » me rabroua-t-il. « Et il brille en plein jour. »

« Il n'est pas plus gros, il est plus proche. » lui répondis je sur le même ton condescendant.

Merci de me prendre pour une idiote quand j'avais visiblement plus de connaissance que lui.

« Tss. Et tu vas me dire que la lune est aussi une étoile, peut-être ? » ironisa-t-il.

« Bien sur que non. C'est un satellite. » lui répondis je sur le même ton, un peu agacée.

« Un satelli-quoi ? » grimaça-t-il.

« Un satellite. Elle est solide contrairement au soleil et aux étoiles qui sont des boules de gaz en feu. Un jour, des gens marcherons dessus. » lui appris je.

C'était un peu crâneur mais je n'aimais pas qu'il me prenne de haut alors qu'il ne savait rien. D'ailleurs, il eut un moment de silence expectatif avant de me répondre.

« Et ben... Moi qui croyais avoir de l'imagination. » souffla-t-il. « Mais pourquoi, de toutes les possibilités, des boules de gaz ? » s'interrogea-t-il.

Je ne pris même pas la peine de répondre. Ce qui était sûr, c'est que je pouvais lui donner des éléments du futur, il était trop bête pour les prendre au sérieux.

« J'ai entendu dire que tu avais été vue aux alentours de la résidence de Yun Ho, aujourd'hui. » dit-il pour changer de sujet après un moment de silence un peu malaisant.

« Vous me faites suivre, maintenant ? » lui retournai je.

« Non, pour quoi faire ? » me demanda-t-il. « Tu es la curiosité du palais. Quand les gens te voient, ils en parlent. »

Le souhait du roiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant