Chapitre 64

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J'étais en train de lire un ouvrage en diagonale en espérant trouver une allusion aux voyages dans le temps. J'avais déjà rassemblé tous les livres que je possédais personnellement et qui traitaient de près ou de loin du chamanisme. Je n'avais aucun souvenir d'une référence à ce sujet dans mes nombreuses lectures mais, à vrai dire, ce n'était pas ce que je cherchais au moment où je les avais lus. J'avais pu passer à côté. Et puis, je ne pouvais pas chercher ailleurs pour le moment.

Un peu plus tôt, j'avais spécialement fait mander un érudit du palais qui s'occupait des bibliothèques royales. Il n'y avait rien qui approchait de ce sujet au palais car aucun volume chamanique n'était officiel. Mais l'érudit en question était celui par lequel j'étais passé pour me procurer ces exemplaires rares. Si ma demande avait eu l'air de l'étonner, il n'avait pas demandé plus de renseignements que d'habitude. Pour commencer, il n'y avait rien de très étrange dans le fait que, moi en particulier, je me renseigne sur ce sujet et ensuite, il se contentait d'empocher l'argent que je lui donnais sans poser de questions. La discrétion était une qualité essentielle au palais.

« Si tu penses que tu peux trouver toutes les réponses dans les livres... » se moqua la Piri.

Et bien, malheureusement, il n'y avait que là que je pouvais chercher. Et j'avais vraiment envie de trouver quelque chose. Le moindre petit indice serait déjà une grande avancée. Je voulais vraiment aider l'étrangère. Ri Ah.

« Vous les humains, vous êtes si prévisibles. » soupira théâtralement la Piri. « Surtout les hommes. Une paire de jolis yeux et vous perdez toute raison. »

« Aider quelqu'un, ce n'est pas perdre toute raison. » m'agaçai je, répondant sans le vouloir à sa provocation.

« Oh... Passer de la méfiance absolue au soutien le plus total, ce n'est pas un comportement déraisonnable ? » s'esclaffa-t-elle.

Ça avait été vite, oui. Je pouvais le concéder. Mais je m'étais fait une fausse idée d'elle et maintenant que je connaissais la vérité, je n'avais aucune raison de ne pas lui donner mon soutien.

« Tu n'as aucune raison de le faire non plus. » nota la Piri.

C'était vrai aussi. Mais je savais ce que c'était de se retrouver en butte au monde des esprits. Et si elle pouvait se soustraire à cette situation, alors je devais l'aider comme j'aurais aimé qu'on m'aide si ça avait été possible. Quelque part, je me sauvais moi-même.

« Tu peux te raconter tous les mensonges que tu veux. » ricana la Piri. « La vérité c'est que tu sembles avoir été charmé par cette... Comment as-tu dit déjà ? Ah oui. 'Cette beauté aussi étrange'. Tant de poésie... ça laisse rêveur. »

« J'essaie de l'aider à partir. » rétorquai je à la Piri. « Si j'étais tombé amoureux d'elle -au premier regard qui plus est- je devrais plutôt essayer de la retenir, non ? »

La Piri éclata d'un rire puissant.

« Je suis toujours étonnée de ton inexpérience sur le sujet. Et d'en savoir bien plus que toi à ce sujet alors que je ne fais même pas partie de la race humaine. » s'amusa-t-elle.

Que voulait elle dire ?

« Tu finiras bien par comprendre. » rit la Piri. « Mais je te conseille de ne pas franchir la ligne avec la belle Ri Ah. Cela pourrait conduire à une situation que tu ne désires pas. »

Je fronçai les sourcils. Elle utilisait le conditionnel et je devais donc prendre ce qu'elle disait avec précaution. Mais cette fois, j'avais bien l'impression que ce n'était pas des paroles en l'air.

Le souhait du roiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant