Chapitre 118

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J'avais le norigae que m'avait confié Ri Ah dans les mains et je le regardais d'un air vide. J'avais hésité toute la journée d'hier à m'en servir comme support pour entrainer mon don. Je voulais vraiment aider Ri Ah mais je n'avais jamais essayé de déclencher mon don par moi-même et je savais que ce pouvait être dangereux. Au moins, il ne se déclenchait pas à tout bout de champ comme pour elle.

Mais maintenant, la nuit était passée, j'allais bientôt me rendre dans ses jardins pour une nouvelle leçon et je n'avais absolument rien de nouveau à lui dire. Je ne pouvais quand même pas arriver sans même pouvoir lui dire que j'avais essayé...

« Pourquoi pas ? Elle ne s'en étonnerait probablement pas... Personne ne s'en étonnerait. » ricana la Piri dans un coin de mon esprit.

Ce qui finit de me décider. Peut-être que la Piri me méprisait mais je devais au moins essayer de faire en sorte que Ri Ah ne me trouve pas trop peu réactif.

« Trop tard. » se moqua la Piri.

J'essayai de l'ignorer. Oui... Certainement que Ri Ah avait très bien compris que j'étais quelqu'un d'hésitant. Et elle faisait montre d'une incroyable gentillesse à cet égard, comme si elle n'attendait pas d'un prince de sang royal qu'il soit plus courageux que ce que je l'étais. Avec elle, j'avais l'impression qu'être moi-même était suffisant. Je l'aidais à mesure de mes moyens et elle s'en contentait sans me faire de reproches.

« Ce n'est pas parce qu'elle a la politesse de se taire qu'elle en pense moins. » fit remarquer la Piri, l'air de ne pas y toucher.

Evidemment, dès qu'elle pouvait ajouter du doute au doute...

Je fis tant bien que mal abstraction pour me concentrer sur le norigae. Il fallait que j'arrive à déclencher une prophétie ou mieux, une vision, même si je n'en avais jamais eu.

J'essayai de me concentrer sur l'objet et de trouver l'état second que je ressentais lorsque mes prophéties se déclenchaient, une sorte de transe bizarre où les mots sortaient de ma bouche par eux même. Un moment où je perdais le contrôle de mon corps pour laisser mes lèvres bouger toutes seules. J'étais certain que Ri Ah se mettait dans un état similaire lorsqu'elle avait ses visions.

Mais jusque-là, cet état s'était toujours imposé à moi et je n'avais jamais essayé de le déclencher par moi-même. Pourtant, ce devait être possible. J'avais beaucoup lu à propos des chamanes et tout concordait. Sans compter que Ri Ah avait réussi dès sa première tentative. Et elle avait directement obtenu la réponse à ses interrogations même si elle n'avait pas su l'interpréter. Pour moi, je n'en espérais pas tant. Mon don était bien moindre que le sien.

« Ce qui est sûr, c'est que tu n'obtiendras rien en ne faisant que penser à utiliser ton don plutôt que le faire. » railla la Piri.

Et elle avait raison. Je ne faisais que retarder le moment de m'y mettre. Mais le fait que la Piri essaie de m'y pousser ne me rassurait pas. Si je me mettais en danger, voire que j'en mourais, elle serait la première à s'en réjouir.

« Sans aucun doute. » confirma-t-elle, sans une once d'hésitation.

Je pris une inspiration. Je n'étais pas comme Ri Ah. Ma connexion au monde des esprits était plus ténue. Je devais pouvoir arrêter le flux de mon pouvoir plus facilement. Du moins, je l'espérais.

Je me reconcentrai une nouvelle fois sur le bijou, tentant de faire le vide dans mon esprit. Je voulais savoir une chose précise. Comment aider Ri Ah ? Je fis le maximum pour me concentrer sur cette seule interrogation en faisant jouer son norigae dans ma main, comme si l'exploration de sa forme et de sa texture allait m'aider à atteindre mon but.

Le souhait du roiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant