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.XII. Les cartes en main

L'attente ne fut pas très longue. À 14 h 00, tout le monde est rentré chez soi, et moi je suis allé en étude. Peu avant 15 h 00, je décide de sortir pour être sûr qu'Aiden ne m'attende pas, et ça me laisse l'occasion de fumer une cigarette. Mais quand je sors, je reconnais Aiden de dos. Il est assis sur le dossier d'un banc, en train de fumer. Le bas de son manteau noir pend et bouge au gré de la petite brise. Alors que je m'approche de lui, il se retourne, comme s'il m'avait senti.

    -Hey, me fit-il. Ça fait trois heures que je t'attends.

    -Ouais, et la marmotte met le chocolat dans le papier d'allu !

    Il me regarde en fronçant les sourcils :

    -Euh, non, les marmottes ne font pas ça, ce sont des animaux.

    Je glousse, et lui aussi.

    -Sinon, tu veux y aller ou attendre encore trois heures de plus ? demandé-je.

    -Ouh là, monsieur est pressé

    Si seulement il savait à quel point il avait raison.

    Aiden se lève alors du banc en me jetant un faux regard noir.

    -Ne crois pas que je t'obéis, me dit-il. La seule raison pour laquelle je me lève, c'est parce que le banc est froid, et que je veux passer du temps avec toi, et que je veux boire un truc bien chaud. C'est tout.

    Mon cœur fait un petit bond, mais je ne laisse rien paraître.

    -Oh alors comme ça, tu veux passer du temps avec moi ? je répète.

    -Hein ? Quoi ? J'ai jamais dit ça, moi, répond-il, toujours avec son sourire en coin.

    Il l'a bien dit, j'ai même faillit me faire pipi dessus, sous le choc. Cette après-midi, je veux être celui qui tient les cartes. Je veux avoir réponses à mes questions. Alors je vais le tester.

    Alors que nous nous approchons du métro, je lui demande :

    -Tu habites où, au fait.

    Il me regarde un instant les yeux et la bouche plissés, puis s'arrête.

    -Ça sera plus rapide si je te montre ! lâche-t-il en empruntant la rue de droite.

    -Hein ?

    Je le regarde partir et reste planté comme un con au beau milieu du trottoir. Il se retourne :

    -Allez, viens, je vais pas te mordre ! Sauf si tu me le demandes.

    Je ne vais pas faire demi-tour, ou partir en courant, alors je le suis.

    On marche encore quelque minutes, parlant de tout et de rien, et finalement, il s'arrête :

    -Voilà, j'habite là !

    De sa main, il me montre le bâtiment d'en face. Un Starbucks.

    -D'accord, dis-je dubitatif. Tu habites, dans un Starbucks.

    Il rit aux éclats. J'avoue que je ne comprends pas trop pourquoi.

    -Non, répond-il. Juste au dessus.

    On entre alors dans le café, et Aiden commande deux chocolats chauds, en précisant « à emporter ».

    Finalement, je le suis dans les escaliers. On monte deux étages, lui avec les boissons dans ses mains. On traverse un couloir sombre, et il finit par s'arrêter devant une porte. Il me donne les chocolats chauds pour qu'il puisse ouvrir la porte, et me fait entrer.