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Sandy me manque, plus que jamais. Depuis que je lui ai annoncé que je partais vivre aux États-Unis avec Aiden, je n'ai plus eu un regard de sa part. Depuis bientôt six mois, je n'ai plus aucune nouvelle. Quand je téléphone à mes parents, ils me disent toujours la même chose : « Elle va bien, elle réussit à l'école, tout va bien... » avant de changer rapidement de sujet. Au fond, je sais que ça ne peut pas être vrai, si elle refuse de me voir, de me parler, c'est qu'elle m'en veut. Et si elle m'en veut, sans pouvoir extérioriser cette colère qu'elle garde, je sais qu'elle ne va pas bien, ça doit la ronger.

    Avant, je ne passais pas une heure sans rire avec elle. On n'avait aucun secret l'un pour l'autre. J'étais elle et elle était moi. On ne faisait plus qu'un, et j'ai l'impression d'avoir perdu la vue désormais. Sandy était un sens à part entière, avec mes parents, elle a aidé à ma reconstruction. Son rire, sa voix rauque, sa coupe de cheveux, ses gros mots... tout me manque. Les fêtes de fin d'années approchent et j'ai tellement peur de passer Noël sans elle, qu'elle refuse de s'asseoir à la même table que moi.

    ― Jo, je suis sûr que ça va s'arranger, tente de me rassurer Aiden.

    ― Je ne sais même pas quoi répondre à une telle connerie.

    ― Tu n'as pas le droit de t'en prendre à moi. Je suis sûr qu'elle est dans le même état que toi en ce moment, peut être pire car elle doit se sentir coupable.

    ― Tu ne sais rien du tout Aiden. Tu ne sais rien parce que tu n'as aucune idée du lien que j'entretiens avec elle ! je m'emporte, à tort. Elle est tout pour moi, elle signifie le monde pour moi, comme vous dites si bien ici ! Tu le sais ça ? Tu sais que quelque chose s'est éteint en moi à l'instant où j'ai vu notre lien brisé ?!

    ― Wow. Tu exagères, Jo.

    ― Je t'emmerde ! je hurle. Tu n'as aucune idée de ce que je ressens.

    Après un petit blanc, Aiden répond :

    ― Tu as tous les droits Jo, excepté celui de t'en prendre à moi parce que tu n'as personne d'autre à qui t'en prendre. Je ne suis pas une éponge, les insultes et ta colère je les reçois en pleine face ! Alors si t'es énervé, tu lève ton cul de ce canapé au lieu de rester comme une vieille loque à  chialer et tu vas courir, ou tu téléphone à ta soi-disante sœur pour lui balancer ta colère ! Tu fais ce que tu veux, mais tu ne t'en prends pas à moi.

    Le visage rouge, Aiden quitte la pièce avant que je n'ai le temps de répondre.

    J'ai une véritable boule de rage dans mon ventre, qui enfle et qui veut sortir, mais je ne sais pas comment.

     Sur un coup de tête, je me lève du canapé et part à la poursuite d'Aiden, que je ne tarde pas à retrouver devant l'ascenseur.

    ― Tu vas où ? je demande.

    ― Jo, quand tu te seras calmé on reparlera. Mais moi comme toi, j'ai besoin de prendre l'air. Et je le fais avant de m'engueuler avec toi, car je n'ai pas du tout envie que ça arrive.

    ― Pfff. C'est facile. Tu n'affrontes rien.

    ― Je te demande pardon ?

    ― T'es un mur.

    ― Ce que tu dis n'as aucun sens, Jo. Tu es énervé alors tu essayes d'avoir une raison de t'embrouiller avec quelqu'un. Appelle ta sœur.

    Alors qu'il appuie sur le bouton, je fais une dernière remarque.

    ― T'as raison, va vite retrouver tes parents chéris.

    La porte de l'ascenseur s'ouvre, mais Aiden n'entre pas. Il a le regard baissé, et il laisse échapper un rire, rempli d'amertume.

    ― Alors c'est de ça dont il est question. C'est parce que je ne rentre pas avec toi en France pour passer les fêtes, c'est ça ?

    Je ne peux pas répondre. Répondre non serait mentir car c'est évidemment une des raisons à ma colère. Cela me rend aussi anxieux, de me retrouver sans lui pour plusieurs semaines. Et je ne peux pas dire oui non plus, ça serait égoïste de ma part.

    ― Jo, reprend-il, je veux passer Noël avec ma famille, tu peux le concevoir ? Cela fait des années que je ne l'ai pas fait parce que j'étais en France, et mes parents ne sont pas immortels.

    ― Je sais, dis-je. C'est normal. C'est juste que...

    ― Que quoi ? s'empresse Aiden alors que je laisse ma phrase en suspens. Arrête avec tes caprices d'adolescent, Jo, grandis un peu ! Ces derniers temps, tu ne faisais que parler de Sandy, à quel point tu te sentais mal à cause de votre dispute, mais tu n'as jamais essayé de lui parler ! Tu te plains mais tu n'agis pas, et tu attends que moi, je fasse le boulot, que je te réconforte. Tu sais que c'est ce que je préfère faire, mais à un moment, quand il n'y a rien de ta part, même pas un petit remerciement, ça fait chier. Et tu me reproches maintenant de passer Noël avec ma famille. C'est peut-être le dernier que je passerais avec ma mère. Et tu arrives à me reprocher ça.

    ― Aiden, tu ne peux pas te rendre compte de ce que j'endure...

    ― Non je ne peux pas, parce que tu es le meilleur ! J'aurais aimé avoir la chance de pouvoir encore m'engueuler avec mon petit frère, tu vois.

    C'est sa dernière réplique qui me rend coupable. Tout ce temps passé à me plaindre, alors que je n'en avais pas le droit. Tout ce temps passé à faire comme si j'étais celui qui souffrais le plus.

    ― Pardon, Aiden. C'est juste que... ça me fait stresser tout ça. Le fait de ne pas savoir quelle réaction aura Sandy, me retrouver à des milliers de kilomètres de toi alors que tout pourrait aller mal.

    ― T'es un grand garçon, Jo.

    Je suis surpris par son ton froid alors que je viens de me confier. Quand je relève la tête, il entre dans l'ascenseur qui se referme aussitôt sur lui.

    Mais après tout, il a raison. Je suis un grand garçon. Je ravale mes larmes nerveuses et entre dans l'appartement. La main tremblante j'attrape le téléphone et appelle le contact le plus important de ma vie : ma mère.

    ― Allô ? répond-elle à l'avant-dernière sonnerie.

    ― Maman, c'est Jo. Passe-moi Sandy s'il te plaît.

    ― Quoi ? Sandy, mais... Mais non, Jo, je ne peux pas elle...

    ― Passe-la moi maman je vais devenir fou ! je cris.

    ― Calme-toi Jo, Sandy n'est pas ici, je pensais que tu le savais.

    ― PASSE LA MOI !

    ― Sandy est partie te rejoindre, Jo ! Elle n'est pas là !

    Je ne suis pas sûr, à cet instant, d'avoir réellement compris ce que j'ai entendu. Je regarde le téléphone, comme si l'objet allait m'apporter des réponses. Et puis j'entends la porte d'entrée s'ouvrir.

    ― Jo ? m'appelle Aiden.

    Je le vois d'abord lui, avec un regard confus et soucieux. Et derrière lui, j'aperçois une touffe de cheveux qui m'est bien trop familière. Sandy.

    Mon cœur tombe. Je me jette dans ses bras.














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Salut tout le monde !

Alors comme certains l'auront remarqué, j'ai décidé de reprendre l'écriture de Jo. La fin que j'avais fait ne collait pas avec le Jo que j'avais créé, donc elle ne me plaisait plus vraiment. Cela va peut-être déplaire à ceux qui ont aimé la première fin, auquel cas je suis désolé. Personne ne va vous forcer à continuer ! :)

En tout cas, merci à ceux qui vont le faire, à ceux qui sont arrivés jusque là !

JoWhere stories live. Discover now