.XXXII. Brisé

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— Sandy ?

Lorsque j'entre dans sa chambre, je la retrouve allongée sur son lit, recroquevillée sur elle-même. Elle me tourne le dos, mais je devine qu'elle sert un coussin contre elle.

—Tout ce temps, répond-elle d'une manière à peine audible.

À son ton, je devine qu'il y a des larmes qui ont coulé. Sandy n'est pas une pleureuse.

—Sandy, je... je sais pas quoi te dire. Je suis désolé.

—Désolé ?! s'insurge-t-elle en se retournant.

Son teint et ses yeux sont rouges. Des mèches sont plaquées sur son front, et son nez semble plein. Mais dans sa voix et son regard, c'est la rage que je perçois. Elle se lève de son lit et s'approche de moi comme si elle allait me sauter dessus. Mais elle s'arrête à quelques centimètres de mon visage :

—Oh, mais tu peux être désolé ! Tout ce temps, putain, tout ce temps tu m'as caché un truc pareil ! Et quand je t'ai dit qu'on s'était éloignés tu m'as dit que je me faisais des idées !

—Sandy, arrête de crier, tu...

—Mais comment je suis censée arrêter de crier ? N'ose même pas me dire de me calmer ! Tu veux partir aux États-Unis ?! Ta famille te suffit pas, c'est ça ? C'est ça ?!

—Arrête, tu sais très bien que ça n'a rien à voir !

Elle soupire en prenant son visage entre ses mains, comme à bout de force. Sur le point de s'effondrer, elle ravale ses larmes et son ton devient plus calme :

—J'arrive pas à croire que tu me fasses ça.

—Que je te fasse quoi ? je demande.

—Ça. Que tu te barres. Que tu fasses des plans sans m'en parler, que tu attendes le dernier moment. Je suis quoi pour toi ? Une merde ?

—Mais Sandy, arrête !

—Que j'arrête quoi ?! se remet-elle à hurler. Mon frère part au États-Unis et il m'en parle même pas ! J'ai toujours été là pour toi, Jo ! Tu as fait ton coup en douce !

—J'ai toujours été là pour toi, moi aussi ! crié-je désormais comme elle. Toujours ! Pas une fois je n'ai échoué dans mon rôle ! Et si je ne t'ai pas parlé de tout ça, c'est parce que je ne pouvais pas ! Je sais que tu ne m'aurais pas soutenu, tu l'aurais dit aux parents !

—Que je ne t'aurais pas soutenu ? répète-t-elle. Mais qu'est ce que t'as fumé, putain ? Bien sûr que je t'aurais soutenu, même si j'aurais été démontée à l'intérieur ! Mais le fait que tu me caches ça... et que tu me dises ça ! J'en reviens pas que aies pu pensé ça.

—Je ne l'ai jamais pensé, dis-je. C'est juste que j'ai besoin de me justifier, je ne sais pas pourquoi j'ai dit ça.

—T'es un enfoiré, Jo. Jamais je n'aurais fait une chose pareille. Tu nous l'as tous foutu à l'envers ! Quatre mois ! Quatre putains de mois ! Des mois où tu te cachais, où tu mentais, où...

—Je n'ai jamais mentis, Sandy ! dis-je d'un ton que je ne me connaissais pas.

—Ah ouais ? Et la fois où je suis entrée dans ta chambre et que j'ai vu tes cours, quand tu m'as dit que tu prenais de l'avance pour la terminale alors qu'en réalité tu révisais ton bac, t'as pas menti ? Et la fois où tu nous as dit que tu passais la semaine chez Aiden pour être en amoureux, alors que c'était la semaine du bac, t'as pas menti ? Et puis qui sait, tu l'as vraiment rencontré, ta mère ?

—Tu n'as pas le droit Sandy.

—Je ne sais pas, je me renseigne, c'est tout. Puisque visiblement, je ne peux plus te faire confiance.

JoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant