.LVIII. Cristal

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Cette après-midi, j'ai décidé d'aller faire les magasins pour acheter un cadeau de Noël à Sandy. Maman a décidé de se joindre à moi, ce qui me réjouit.

    On se rend alors au centre ville, en espérant que le fait de se retrouver devant toutes ces boutiques me donnent une idée de ce que je pourrais lui offrir. Bien sûr, j'ai ramené à chaque membre de ma famille une petite babiole des États-Unis, mais j'ai quand même envie de faire un vrai cadeau.

    - Tiens, on n'a qu'à aller faire un tour au marché de Noël, propose Adèle.

    Une dizaine de petites maisonnettes en bois, recouvertes de fausse neige et éclairées par des guirlandes clignotantes, s'étalent sur toute la Place du Capitole. Des milliers d'odeurs s'en dégagent : celle des churros et des crêpes, celle du vin chaud, qui précèdent un parfum de viande cuite. Un stand lance également une odeur presque supportable de fromage artisanal, juste à côté de celui qui propose de l'aligot. Enfin, mes narines captent des senteurs divines d'encens et d'huiles essentielles.

    En plus de l'odeur, chaque maison émet sa propre musique, ce qui donne une ambiance vraiment particulière à tout ceci.

    Il y a énormément de monde, on se bouscule tous mutuellement sans même s'en rendre compte. Je fais le tour du marché avec ma mère, mais je regarde tous les stands d'un oeil vide.

    - Alors, commence ma mère, comment tu arrives à gérer la célébrité d'Aiden ?

    - Tu sais, l'émission vient à peine de commencer. Il n'est pas encore trop connu. Bien sûr, parfois il se fait arrêter dans la rue, mais c'est tout à fait supportable. Autant pour lui que pour moi.

    - L'émission marche bien, là-bas ?

    - Oh, elle court même. En vrai, les audiences sont au top, et elles ne faisaient qu'augmenter à chaque nouvel épisode. Je crois que ce sera un beau succès.

    - J'aurais aimé voir Aiden, avoue Adèle. Revoir l'homme qui donne à mon fils un visage si radieux. Il te rend heureux ?

    - Bien entendu, maman. La question ne se pose même pas. Il m'a offert une toute nouvelle vie, c'est grâce à lui que je suis où je suis. Et toi et papa, bien sûr, puisque vous avez accepté mon départ.

    Alors que je pensais que j'allais repartir du marché les mains vides, une maisonnette attire mon attention. Il s'agit d'une vendeuse qui propose des tas de bijoux de style « ethniques » : des bracelets tressés à la main, ces colliers en métal fondu et taillés également à la main. Des bagues avec de grosses pierres dessus. Ou d'énormes crânes humains en métal. Il y a aussi des piercings et écarteurs parmi les vêtements en tout genre. Et je sais que Sandy adore ce genre de trucs.

    - Tout est fait à la main ? je demande à la vendeuse.

    - Oui, tout, répond-elle fièrement.

    Je ne vais pas mentir : c'est vraiment très beau. Par contre le prix... c'est une autre histoire.

    - Oh, ne l'encourage pas à porter ces horreurs, me chuchote Adèle. Déjà qu'elle porte des sarouels...

    - C'est beau les sarouels, tu devrais en mettre. Ça changerait de tes jupes crayon.

    Devant tous ces bijoux et vêtements, mes yeux s'égarent, et je ne sais ce qui serait le mieux pour Sandy. J'ai envie de tout lui prendre, et je le ferais sans aucun doute si j'étais riche. Mais, ce n'est pas le cas, et c'est pour cela que dix minutes s'écoulent avant que ma mère ne me dise :

    - Bon, Jo, on va pas passer la nuit ici, décide-toi. Prends-lui cette bague, elle me fait de l'oeil depuis qu'on est venus. Comme ça, je pourrais lui emprunter de temps en temps.

JoWhere stories live. Discover now