.XIII. R.D.V

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Vendredi

Ce matin, je ne vois Aiden qu'à la pause de 10 h 00. Naturellement, il vient vers moi, et moi vers lui, et on discute, de tout et de rien. Lorsqu'il parle, je regarde ses fines lèvres bouger, sourire, aspirer. Je regarde ses mains, fortes mais fines passer dans ses cheveux, dans sa barbe, bouger au rythme de ses paroles ou encore emmener la cigarette à sa bouche. Je regarde ses yeux, sombres mais étincelants, vifs mais doux. Je les regarde sonder tout ce qu'il y a autour d'eux, y compris moi. Je les remarque quand ils se posent sur ma bouche, les observe quand ils se baladent sur mon corps, et prends peur quand ils pénètrent les miens. Et puis j'écoute sa voix. Sa voix grave et douce, mélodieuse et sûre. J'écoute aussi son rire, semblable au son d'une balle qui dégringole des escaliers.

-Tu n'as qu'a passer chez moi, ce soir ! me dit-il au moment où nous allons nous séparer. Maintenant que tu sais où j'habite, il n'y a aucune raison pour que je reste seul chez moi.

-On verra si j'ai le temps, plaisanté-je.

Au même moment, je sens mon téléphone vibrer dans ma poche. Machinalement, je le sors de mon pantalon pour voir de quoi il en est, sans me rendre compte que faire ça juste en face d'Aiden pouvait être un peu déplacé.

-Tu as un joli portable, me dit Aiden, c'est dommage que je ne puisse pas te contacter là-dessus.

Je le regarde, essayant de décrypter son message.

-Oui c'est dommage. C'est peut-être pour ça que je vais te donner mon numéro.

Il me sourit et dégaine son téléphone, attendant que je lui dicte les chiffres de mon numéro. Une fois fait, je monte en cours, le sourire jusqu'aux oreilles.

Je sens que la journée se passera très vite. À midi, Sandy et moi nous séparons de notre groupe d'amis juste le temps du repas, car je ressens le besoin de parler à Sandy, ce que je n'ai pas pu faire quand elle était malade, car c'est comme parler à un clou dans ces moments.

-Je crois que je l'aime bien, en fait, confessé-je à Sandy.

-Adam ? demande-t-elle en mélangeant sa salade.

-Aiden, je la reprends. Il s'appelle Aiden.

-Oui, bon, c'est la même merde. (Elle déglutit.) Tu l'aimes bien comment ? Tu veux dire quoi par là ?

Je soupire, hésitant.

-Je sais pas trop. Je l'aime bien dans le sens où il est super sympa, j'aime passer du temps avec lui, comme avec Marvin ou Lia. Mais je l'aime bien aussi dans le sens où... ben ça me dérangerait pas s'il me plaquait contre le mur pour m'embrasser, me retirer tous mes vêtements et me faire bestialement l'amour, quoi. Par exemple.

-Ouais, Christian Grey, tout ça. En fait, t'as juste envie de coucher avec lui, quoi.

- Non ! (Je me tais un instant, réfléchissant, pendant qu'elle me sonde.) Enfin, pas « juste ». Je le trouve extrêmement beau, j'ai jamais autant été attiré par quelqu'un que lui, et ce même avant qu'on ne se mette à se fréquenter. J'ai juste envie de... de l'embrasser, je crois.

-Et lui, t'as l'impression qu'il te fait des signes ? questionne-t-elle.

-Je sais pas... je crois ! Mais peut-être que non ! Peut-être que j'ai tellement envie qu'il me fasse des signes que je me les invente tout seul !

-Loulou, reprend-elle, je ne suis pas dans ta tête. Si tu l'aimes bien, dis-lui !

-Ouais, c'est ça, pour qu'il me foute une tarte et coupe les ponts ? Non merci.

JoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant