.XXI. Échange

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Samedi 5 mars

Comme depuis près d'un mois maintenant, je me réveille en ce samedi dans les bras d'Aiden. Son lit n'est pas moins chaud que son corps qui m'enveloppe. Ses doigts sont entrelacés dans les miens mais ils restent lâches, ce qui m'indique qu'il dort encore. Je sens son souffle léger dans ma nuque, ce qui me provoque quelques chatouilles dans des endroits jusque là inconnus de mon corps, comme lorsque ma mère me soufflait dans le cou quand j'étais petit.

Je reste un instant ainsi, et j'entends Aiden se racler doucement la gorge.

—Bonjour, beau gosse, dis-je en me retournant.

Il me sourit en essayant de se sortir des brumes, ce qui semble compliqué. Je me retourne complètement pour être face à lui, pratiquement dans la même position qu'il prend.

—Prêt à affronter cette grande journée ? me demande-il la voix enrouée.

Effectivement, aujourd'hui est un jour à marquer d'une croix blanche sur un calendrier. C'est cette après-midi que je vais rencontrer pour la première fois depuis mon adoption mes parents biologiques. Cela fait une semaine que je suis anxieux au plus haut au point, que je ne pense qu'à ça. J'ai de nombreuses fois voulu annuler la rencontre, mais Aiden m'en dissuadait toujours en me disant que je le regretterais. Et il aurait eu raison, j'ai besoin de savoir qui ils sont. Qui ils sont devenus. Et qu'ils me répondent enfin.

—Je pense que je n'ai pas le choix, soufflé-je.

—Je suis là. Je ne te lâche pas.

Il appuie ses mots en prenant ma main dans la sienne, et l'apporte à sa bouche pour y déposer un léger baiser.

—Je crois que j'ai peur de ne pas les reconnaître, admets-je. Ou pire, que eux ne me reconnaissent pas. Ça serait le summum.

—Dis pas de bêtises. Vous allez vous reconnaître mutuellement. C'est instinctif. Il y a toujours un lien.

Le lien a été rompu y il a bien longtemps. Mais je garde cette réflexion pour moi, croyant à ses paroles.

—Et si ça se passe mal ? je m'inquiète. S'ils veulent me voir juste pour se justifier ou me dire des horreurs ?

—Jo, allons ! Ils n'auraient rien à y gagner. Relax.

—Mais je ne peux pas me relaxer, dis-je. Comment veux-tu ?

—Je connais un moyen infaillible pour se détendre, dit-il en passant sa main vers l'intérieur de mes cuisses.

—Oh, je n'en n'ai pas trop envie, bébé, je le stoppe.

—T'as envie de quoi ? D'œufs brouillés ? De Nutella ?

—D'une bonne douche.

—Bonne idée, je viens avec toi.

En me taquinant, Aiden me suit jusque dans la douche, ou il m'enlace sous le jet d'eau brûlant. Mon visage et posé dans son torse, sa bouche est posée sur le haut de mon crâne. Je pourrais passer la journée ainsi. Dans ma bulle, qui s'est ouverte à la sienne. Elles sont devenues complémentaires. Aiden est comme la partie manquante de moi.

—Je t'aime, chuchote une voix à travers le bruit de l'eau.

Je dresse mes yeux vers les siens, qui semblent me savourer. Un rictus presque indiscernable fend son visage, et quelques gouttes d'eau tombent de son menton et de son nez.

—Quoi ? demandé-je le cœur battant.

Il rit légèrement.

—Jo, je t'aime. Je suis amoureux de toi. Je sais que c'est fou de dire ça maintenant, au bout de deux mois, mais c'est ce que je ressens, je n'en n'ai pas peur. Tu es entré dans ma vie et jamais je ne te laisserai en sortir.

JoWhere stories live. Discover now