.XXII. Cacciatore

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— C'est normal que tu aies réagit comme ça. C'est onze ans de frustration qui éclatent.

Aiden tente de me rassurer après que je lui ai tout raconter dans les moindres détails. On est tous les deux assis dans son canapé, et je suis complètement blotti contre lui, ma tête dans son cou comme si je voulais me cacher de quelque chose.

—Tu crois ? (Je questionne en relevant ma tête.) Tu crois vraiment que c'est normal de réagir comme ça, avec quiconque ? C'est humiliant. Je l'ai humilié. Ce n'est pas digne de moi, je m'en veux.

Ça ne me ressemble pas de réagir comme ça avec quelqu'un. Encore moins en public. Je ne sais pas si les arguments qu'elle m'a donné quant à mon abandon étaient recevables, mais cela fait trois ans qu'elle voulait reprendre contact, je n'aurais pas dû l'envoyer balader comme je l'ai fait. Je me mets à sa place, et c'est horrible.

—Jo, est-ce que tu veux de cette femme dans ta vie ?

—Non. Je n'ai pas changé d'avis. Elle ne m'apportera rien. J'aimerais qu'elle me soit indifférente comme n'importe qui, mais une partie de moi la déteste. Et je suis sûr de moi en disant que je ne la veux pas dans ma vie.

—Alors l'histoire s'arrête là, conclut Aiden. Si ça peut t'aider à te sentir mieux, écris-lui une lettre ou tu t'excuses d'avoir agit comme ça, mais tu n'es pas obligé.

—Ouais, je crois que c'est ce que je vais faire, déclaré-je.

—Jo, c'est ta mère. Ça te prendra du temps à l'accepter, mais comme je te l'ai déjà dit, il y a toujours le lien. Et ce lien ne se brisera jamais. Elle est entrée dans ta vie aujourd'hui, dans ta vraie vie. Tu ne l'oublieras pas de si tôt, et ne te force pas à le faire. Un jour ou l'autre, tu voudras la revoir. Peut-être que tu la pardonneras.

Je ne suis pas abonné aux « Fontaine, je ne boirai pas de ton eau ». Je pars du principe qu'on ne prévoit rien dans la vie, et qu'on ne sait pas ce qui va nous arriver. Jamais je n'aurais penser reprendre contact avec ma mère biologique, et c'est pourtant ce que j'ai fait. Alors peut-être qu'Aiden n'a pas tort. Peut-être que si. En tout cas, ce n'est pas maintenant que je le saurais.

—Oui, dis-je. On verra bien.

—Tu veux rentrer chez toi ? me demande Aiden.

En cette première semaine de vacances, j'avais demandé à mes parents si je pouvais la passer chez Aiden, ce à quoi ils ont répondu sans une ombre d'hésitation par l'affirmative. Ils l'avaient déjà croisé, quelquefois. Ils en avaient une bonne opinion, même s'ils ne le connaissaient pas réellement. De son côté, Aiden n'arrête pas d'insister pour que je lui organise un dîner avec mes parents, afin de les connaître vraiment. J'ai fini par accepter, et ce dîner à lieu dans une semaine.

—Non, dis-je. Il ne me reste qu'une journée ici, je veux en profiter.

—On habite pas très loin l'un l'autre, ricane-t-il.

—Bon, beh je me casse alors, j'annonce en faisant mine de me lever.

—Non, reste ! s'écrit Aiden, faussement paniqué.

Il s'approche de moi et m'embrasse tendrement. Sa main s'abaisse sur ma cuisse et la caresse légèrement, puis remonte dangereusement.

—Non, pas maintenant, bébé, je murmure. Tu sais quoi ? J'aimerais qu'on se renseigne sur les procédures à suivre pour que je vienne avec toi aux États-Unis, j'ai peur d'être pris au dépourvu.

—Tu ne vas pas en parler à tes parents, d'abord ?

—Non. Si je dois leur en parler, c'est quand tout sera en route, une fois que j'aurais tout fait. Je m'inscris dans une école, je m'inscris au bac – avec un an d'avance – et si je suis pris dans une école et que j'ai mon diplôme, alors je leur en parlerais. Comme ça, leurs raisons de refuser s'amoindrissent.

Joحيث تعيش القصص. اكتشف الآن