Jo

.XLIII. Doutes

J'adore regarder Aiden faire son boulot. Aujourd'hui, c'est le septième jour de tournage, et l'équipe reçoit ses premiers clients.

―Jo, m'appelle Frank alors que je regardais tout le monde s'affairer, tu peux faire quelque chose si tu veux.

―Oui bien sûr, tu veux que je fasse quoi ?

―Oh, c'est toi qui décide, tu peux te présenter comme un ami d'un des tatoueurs ou un truc comme ça.

―Oh je n'avais pas compris ça, je pensais que tu voulais que je passe le balais ou une connerie du genre !

Frank et l'équipe éclatent de rire.

―Non, c'est bon, je reprends. Je suis bien là.

―Comme tu veux, répond Frank, si jamais tu changes d'avis...

Aiden, qui est en train de tatouer une jeune fille blonde sous les caméras, me lance un clin d'oeil.

En parlant de jeunes filles blondes, mon regard tombe sur Anna, l'une des maquilleuses. Elle est en train de regarder Aiden avec un œil amoureux. Oh, ce n'est pas la première fois. Aiden par-ci, Aiden par-là, j'ai bien compris son petit jeu. C'est toujours elle qui le recoiffe, lui repoudre le nez ou le front. Elle lui offre toujours des cafés « faits avec amour », comme elle dit. Quand elle lui parle, elle triture ses cheveux comme si ça la rendait plus attrayante. Les autres tatoueurs, eux, n'ont pas droit à ces traitements de faveur. Il est temps que je la remette à sa place.

―Il est beau, hein ? demandé-je en m'approchant d'Anna tout en désignant Aiden.

―Pourquoi tu me dis ça ? répond-elle innocemment.

―Oh, j'ai bien vu que tu ne faisais que le regarder.

―Bon, j'avoue, il est canon.

Elle le regarde avec un air ridicule de groupie, puis reprend :

―Je pourrais lui faire un tas de choses, si tu savais...

―Tiens donc !

―Je pensais pas avoir de fantasmes, mais depuis que je l'ai vu... je le ferais avec lui partout, n'importe quand, quand il veut !

―C'est... impressionnant.

―Tu devrais voir comment il répond quand je joue la séductrice.

―Oh, ne m'épargne pas les détails.

―Hier, quand je le maquillais, j'ai ouvert mon décolleté... sous ses yeux ! On voyait tout, j'étais morte de honte. En fait non, quand j'ai vu ces yeux, j'ai bien ris.

―Ah vraiment, quels yeux ? demandé-je en luttant pour ne pas m'esclaffer.

―Il n'osait pas regarder, c'était trop chou ! Puis il souriait en regardant le sol.

Il regardait le sol alors qu'une paire de seins lui était offerte. Mais laissez-moi rire !

―Tu es son meilleur pote, c'est ça ? reprend-elle, sans aucune gêne après ce qu'elle venait de m'avouer.

―Oui, oui, Aiden et moi, on est très proches.

Frank et Jake étaient les seuls à connaître notre situation.

―Puisque tu le connais bien, tu crois qu'il y aurait moyen de...

Voyant qu'elle me regarde avec une bouche pincée sans avoir fini sa phrase, je répond :

―De ?

―Ben, tu vois quoi !

Bien sûr que je vois, et n'y pense même pas ou je fais de ta tête mon trophée.