.XXXVIII. Scarface

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Une forte lumière me gène et me perce les paupières alors que j'avais enfin trouver un sommeil tranquille. Ce n'est que le jour californien qui s'est levé et qui fait rayonner la chambre d'hôpital d'un blanc immaculé. J'ai passé une nuit de merde. Ma nuque et mon dos me font souffrir – à cause de ma position cette nuit je suppose – j'ai froid et j'ai l'impression qu'une barre de fer brûlante me traverse le crâne. Difficile d'oublier ce qui s'est passé hier soir : Aiden et moi nous sommes fait gratuitement attaqués.

Ses yeux ont légèrement dégonflés, mais il ressemble toujours à une horrible mouche. Il respire assez bruyamment, ce qui m'indique qu'il ne dort pas, je le connais par cœur.

— Bébé ? j'appelle doucement. Ça va ?

— J'ai connu mieux, répond-il d'une voix rauque.

— Oh mon pauvre. Toi qui as la manie de m'appeler « petite mouche », tu devrais voir ta tête, on va devoir inverser les surnoms !

Il commence à rire, mais ce rire est très vite remplacé par un petit cri de douleur. Ses côtes.

— Ne me fais pas rire, dit-il. Ça fait un mal de chien. Quelle heure il est ?

Je mets trente secondes à sortir mon téléphone portable de la poche de mon pantalon qui est beaucoup trop serré.

— 08 h 37, je dis.

Il tourne brusquement sa tête vers moi et me regarde de ses yeux pleurant. Je suis sûr qu'il voit flou.

— Jo ! s'exclame-t-il. T'es censé avoir cours, là !

— MERDE !

Merde, en effet. Aujourd'hui, c'est mon premier jour de cours dans l'école de mes rêves. Et je suis déjà en retard. Je voudrais partir en courant et prendre le premier bus, mais mes pieds restent cloués au sol.

— Allez, bouge-toi ! me presse Aiden, et à en juger par sa voix, ses côtes lui font mal.

— Mais je vais pas te laisser là !

— Je suis un grand garçon. Et je sors cette après-midi, alors dépêche, c'est pas le moment de donner une mauvaise image de toi !

Pendant un moment, je reste là à argumenter pour rester auprès de lui, tout en sachant que c'était une mauvaise idée, mais quand je vois qu'il lève la voix et que cela lui inflige de grosses douleurs, je me résous à l'écouter.

Je traverse les couloirs à une vitesse impressionnante – du moins, pour moi. Mes pas sont raides et reçoivent de douloureux échos. Je suis déjà essoufflé au bout de deux mètres et j'ai la désagréable sensation que ma tête fait trois la taille de mon corps.

Les gens me regardent comme s'ils étaient en train de voir un nasique sur le dos d'une fourmi : leurs yeux sont grand ouverts et tournés vers moi, et ils arrêtent toute activité en me voyant passer. Il faut bien admettre que voir un mec croûté de partout, claudiquant le plus vite possible au milieu des couloirs d'un hôpital, cela doit être spécial. Deux ou trois infirmières se précipitent sur moi pour m'offrir leur aide, mais je les remballe gentiment.

La lumière du jour m'est encore plus insupportable que les néons blancs de l'hôpital. Dehors il fait déjà chaud, et une odeur de pot d'échappement m'agresse les narines. Un sifflement incessant me flingue la tête, mais je ne m'arrête pas : l'école d'art est à dix minutes à pieds de l'hôpital.

À mon passage, les gens n'arrêtent pas de me dévisager. Soufflant comme un bœuf, j'arrive enfant devant le grand bâtiment de briques qu'est la Palvis DesArt School. Son entrée est si prestigieuse, une grande porte en verre bordée d'ornements sculptés dans la pierre.Le hall d'entée – là où j'aurais du me trouver avec la centaine d'autres étudiants pour la rentrée il y a presque une heure – est entièrement vide. Je vois des panneaux indiquant « ACCUEIL » dans cinq langues différentes. Je presse alors le pas dans la direction que ces écriteaux m'indiquent.

Joحيث تعيش القصص. اكتشف الآن