.XXV. Ma cabane

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Avril 2016


—Tu m'as l'air quelque peu distrait en ce moment, Jo. Tes résultats en témoignent.

Le professeur de physique-chimie m'avait demandé de rester à la fin du cours pour qu'il puisse me parler. Je l'écoute blablater, sachant exactement quels mots il va employer avant que sa bouche ne s'ouvre. Il me trouve distrait ? C'est normal, je suis amoureux. Et cet amour m'a poussé à mettre en arrière plan mes études actuelles afin de préparer mon bac comme un acharné, diplôme que j'étais censé passer l'année prochaine. Évidemment, mes résultats en pâtissent. Bien sûr, personne ne sait la raison.

—Je suis passé de dix-huit à treize ou quatorze, dis-je, ce n'est pas alarmant.

—En fait, Jo, si, c'est alarmant. Ce genre de baisse ne se produit généralement qu'en début d'année, par dans le dernier quart de celle-ci. Si tu commences déjà à lâcher prise maintenant, qu'est-ce que cela sera l'année prochaine, en terminale, avec un programme beaucoup plus lourd que cette année ?

Je rêve, ou il insinue que je ne travaille plus ?

—Je travaille toujours, monsieur, ne vous inquiétez pas, déclaré-je. Peut-être même plus qu'avant.

Et c'est vrai. Mais je ne travaille pas les bonnes leçons. Cela doit faire deux mois que je n'ouvre plus mes cahiers, et que je ne prends même plus les leçons, car à la place, je travaille pour mon examen final. Alors forcément, j'ai un peu décroché. En physique-chimie, je suis d'ordinaire très bon, mais quand j'arrive devant un test qui porte sur une leçon que je n'ai même pas pris la peine de noter, forcément, je ne vais pas aller bien loin. Même si mon niveau n'est pas catastrophique. Le pire, c'est en histoire, autrement dit, la seule matière que l'on doit apprendre par cœur. Et je ne peux pas apprendre une leçon que je n'ai pas. J'essaie de travailler en parallèle mon année de première, bien sûr, histoire de ne pas pourrir mon dossier, mais c'est vraiment dur. Ce qui est étrange, c'est que je fais des sacrifices pour quelque chose que je n'aurais du avoir que dans un an.

—Je n'en doute pas. Mais les résultats ne suivent pas.

—D'accord, monsieur, au revoir, je conclue pour couper court à la conversation.

Ce soir là, mon cerveau explose une cinquantaine de fois environ. Même moi je ne pensais pas que c'était possible. Je suis enfermé dans ma chambre, assis sur mon bureau, les reins douloureux. Mon pupitre est recouvert d'une dizaine de feuilles, de cours différents. Comme pour l'imiter, mon lit est dans le même état. Une multitude de leçons est éparpillée dans ma chambre, et ça me rend fou. Je n'en vois pas le bout. Chaque jour j'essaye d'en comprendre une nouvelle, seul. Je m'aide des feuilles que j'avais imprimé, de livres, d'Internet...mais certaines choses ma paraissent tellement flou. Le programme de physique-chimie est excessivement lourd, même pour quelqu'un qui a autant de facilité que moi. Et la philo, c'est une véritable torture. Je passe des heures entières à lire, relire apprendre, m'entraîner, puis oublier. Chaque soir. Je me répète, mais ça me rend fou.

Je bûche sur une leçon incompréhensible depuis plusieurs heures, anéantissant ainsi le reste de mes révisions. Ma tête est pleine à craquer d'informations, pourtant, elle me paraissent toutes inatteignables. Je sature, je suis prêt à me jeter par la fenêtre. Et puis je me rappelle pour quelle raison je fais tout ça. Aiden. Je jette un œil à l'heure : 23 h 55. Pendant cinq bonnes minutes, je cherche mon téléphone sous les feuilles de cours, ce qui me fait vriller l'esprit, et quand je parviens enfin à le trouver, j'envoie un message à Aiden :

« Tu dors ? »

« Non, pourquoi ? » répond-il

« Est-ce que je peux venir ? »

JoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant