.LXXI. N'importe où

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Je sors de son bureau les joues en feu. Des larmes essaient de forcer le passage à travers mes yeux, mais il est hors de question que je me laisse abattre ici, maintenant. Le hall d'entrée est vidé de tout élève. Il est plus de 15 h 00, la plupart des cours sont déjà finis. Bonnie voulait m'attendre, mais le directeur tardait trop à me prendre, alors elle a finit par partir, et m'a demandé de lui envoyer un message quand j'en sortirai.

Je suis exclu de mon école. Pourquoi ? J'ai tout donné pour cette école, c'est la raison pour laquelle j'ai pu suivre Aiden jusqu'ici. Maintenant, il me reste quoi ? Est-ce de ma faute si je me suis fait viré ? Est-ce réellement à cause de l'altercation sanguine que j'ai eu avec Camron ? Peut-être. Mais dans ce cas, pourquoi lui n'a pas été viré, comme moi ? Est-ce que le directeur avait peur que ma réputation ternisse la celle de son école ? Désormais, cela me parait insensé. Mais pourquoi, alors ? Pourquoi m'exclure, et pas lui ?

Des milliers de questions et de pensées traversent ma tête tandis que je tire vers moi les énormes portes vitrées de l'entrée.

J'ai envie de crier. De courir. De frapper sur tout ce qui bouge et tout ce qui est inerte. Je traverse les rues sans même regarder s'il y a des voitures qui pourraient me renverser. Qu'elles me renversent. Au lieu de ça, elles pilent et me klaxonnent. J'ai beau avoir mal à chaque pas, je n'ai jamais marché aussi vite de ma vie. Mes pieds frappent le sol goudronné d'une ville trop bruyante, trop sale et trop polluée. Un instant, je la déteste. Mon esprit s'est fait envahir par une noirceur irrationnelle qui menace de créer un Jo que je ne connais pas moi-même. Les pensées négatives se bousculent dans ma tête et se disputent la première place du podium. Qui d'entre-elles arrivera à me faire sortir de mes gonds en premier ?

J'ai marché pendant une dizaine de minutes sans me rendre compte que j'étais arrivé dans ma rue, en bas de chez moi. J'ai l'impression de n'avoir parcouru que quelques mètres. Là-haut, dans cette grande tour, il y a mon chez moi, et il y a Aiden.

Aiden. Penser à lui fait naitre une lumière puissante en moi qui commence à faire fuir la noirceur qui emplit mes entrailles. Je veux le voir, tout de suite. Je veux qu'il me prenne dans ses bras, je veux sentir ses cheveux, caresser sa nuque, gouter encore une fois à ses lèvres. Je veux qu'il me rassure, comme il le fait si bien. Qu'il me dise que tout va aller pour le mieux ; même si je ne le croirai pas, ça fait du bien de l'entendre prononcer ces mots.

J'entre dans l'immeuble et fait un signe de tête à Klaus, qui me regarde, l'air consterné en voyant mon visage en l'état actuel. C'est assez calme, il n'y a pratiquement personne dans le hall d'entrée et les gens qui sont présents chuchotent entre eux. L'air est frais, ce qui est agréable, et une faible odeur de café parvient jusqu'à mes narines. Je ne m'attarde pas et file directement dans l'ascenseur qui est resté ouvert. Pour la première fois depuis le début de cette journée qui fut extrêmement longue, je suis apaisé par la solitude que m'offre cette cabine qui débute une ascension rapide vers mon étage. Pendant un cours moment, je me sens soulagé d'être enfermé ici, je crois même que ça me ferait du bien si l'ascenseur tombait en panne pour un instant. Il n'y a pas de petite musique, juste le silence dérangé par le bruit de ma respiration.

Ding.

Les portes s'ouvrent sur un couloir qui m'est bien familier. Un couloir silencieux dont l'aspect feutré rend chaque bruit étouffé. Tellement silencieux qu'un battement de cils pourrait réveiller les morts. Mes pas ne font pas de bruit sur l'épaisse moquette. J'arrive jusqu'à ma porte et tourne la poignée, ce qui génère un petit bruit qui me trouble. Lorsque j'entre, je reste figé.

Des éclats de verre et de céramique sont éparpillés partout dans l'appartement. Un des murs du salon est taché et des fleurs jonchent le sol au même niveau. C'est comme si on avait jeté le vase de fleur qui était posé sur la table à manger contre le mur. Et c'est le cas. Le même mur présente également des sortes de creux, signe d'impacts. Et vu la quantité de verre qui se trouve par terre, j'imagine que d'autres choses ont finit projetées contre le mur. Son téléphone portable se trouve aussi par terre, complètement éclaté.

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