.L. Préjugés

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L'air matinal est frais, le soleil illumine déjà la ville et les voitures sortent des garages en direction du travail pendant que certains magasins ouvrent à peine leur store. Aiden et moi accompagnons Sandy jusqu'à l'aéroport. Son séjour a été beaucoup trop rapide à mon goût, mais elle n'avait pas prévu de rester, d'autant plus qu'elle a toujours cours. J'essaie de me rassurer en me disant que je la verrai dans un peu plus d'un mois, pour Noël.

― T'es sûre que tu veux pas rester encore un peu ? demandé-je.

― Si je n'étais pas sûre je t'aurais répondu pendant les trois-cents quatre fois où tu m'as posé la question.

― Tu vas me manquer, frangine.

― On me le dit tous les jours.

Je lui tape l'épaule gentiment, tandis qu'elle rit. Aiden l'enlace, et j'ai un petit pincement au cœur lorsque je m'aperçois qu'ils sont tous les deux émus. Ensuite, le meilleur pour la fin, Sandy m'étouffe dans ses bras - enfin, presque. Aiden et moi la regardons s'enfuir vers son avion, sans même se retourner. Elle paraît même toute guillerette, c'est Sandy tout craché.

― Tu as cours cette après-midi ? me demande Aiden.

― Et pas que. Je commence dans une heure. J'ai demandé à Bonnie de passer me prendre, je vais l'attendre.

― Pourquoi tu as fait ça ? Le salon est en face de notre appartement qui est à dix minutes à pieds de ton école.

― Je sais. Sauf que Bonnie passe tous les jours devant l'aéroport, elle habite à cinq minutes d'ici. Je fais d'une pierre deux coups. Ah, eh bien la voilà !

Je reconnais le gros Range Rover noir de mon amie qui arrive vers nous en émettant de brefs bruits de Klaxon. La fenêtre de la porte du passager s'ouvre, et je voix la petite tête de Bonnie dont le visage et fendu par un sourire éternel. Pour ne pas la faire attendre, je salue Aiden et m'engouffre dans la voiture.

― Hey, ça va ? Qui est donc ce beau jeune homme ? demande-t-elle en parlant d'Aiden.

― Oh c'est... un ami. Il connait aussi Sandy, donc... voilà.

― Un ami ? Tu crois vraiment que je vais gober ça ? rit-elle.

― Que tu le gobes ou pas je m'en fous, je te dis juste les choses telles qu'elles sont.

― Bon, eh bien... j'espère que tu me présenteras tes amis, surtout s'ils sont tous comme ça.

N'y pense même pas.

― D'ailleurs, reprend-elle, il faudrait que je te présente mon meilleur ami, Harvey. Il est très très beau. Et gay !

D'abord, je ne sais pas trop comment réagir pour éviter de me mettre dans l'embarras.

― Oh, je préfère pas...

― Oh, allez, Jo, me coupe-t-elle, t'as dix-sept ans, t'es super mignon et t'es aux États-Unis, pourtant tu es encore célibataire ! Il faut arranger ça !

― Je ne suis vraiment pas du genre à aimer les rendez-vous arrangés. Et puis, si je suis encore célibataire, c'est peut-être un choix.

Elle pouffe dédaigneusement avant de répondre :

― Personne ne fait ce choix, pas même toi. Je vais boire un verre après les cours avec lui, et tu viens, pas de discussion.

― Bonnie, je...

― Si tu ne viens pas je vais finir par croire que tu me caches un truc, Coleman.

Elle ne dit pas ça sur un ton menaçant, mais plutôt d'une manière qui insinue que j'entretiens une relation avec l'homme qu'elle a vu à l'aéroport, à savoir Aiden. Et, ça ne serait pas très grave si le lendemain soir il ne passait pas à la télévision. Le truc c'est que justement, demain soir, il passe à la télévision pour le premier épisode de son émission, et à en croire les gouts télévisés de Bonnie, elle va regarder. Et quand elle la verra, elle se rappela que la personne qui se tient dans son écran est la même personne qu'elle a vu à mes côtés à l'aéroport, et que je lui ai présenté comme un ami. Si je ne veux pas éveiller de doute et faire un scandale, je dois accepter ce rendez-vous.

JoWhere stories live. Discover now