.LIV. Aveux

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Le champagne coule à flot. Les basses tambourinent dans mes oreilles, et l'obscurité est percée par de grands faisceaux lumineux multicolores. J'ai été bête de penser qu'une fois que le patron de la chaine aurait donné son verdict quant à l'avenir de l'émission, je pourrais enfin rentrer chez moi, avec Aiden, et tout lui dire. Au lieu de ça, je me retrouve ici, dans cette boite de nuit bondée et moite. Ne vous méprenez pas ; j'adore les soirées en club, l'alcool, les jolis garçons... mais ce soir n'est pas vraiment un soir où j'ai envie de célébrer entièrement, à cause de ce que j'ai sur le cœur. Une partie de moi fait la fête comme il se doit pour accueillir la nouvelle : l'émission continuera d'être diffusée. Mais une autre partie de moi a hâte d'être enfin rentrée. Et d'un côté, je m'en veux de ne pas profiter pour Aiden.

Lui, il profite, en revanche. Il rit aux éclats, se dandine sur la piste avec ses amis, parfois des inconnus, quelques fois avec moi, même. Il est heureux.

Jake continue de me lancer des regards furieux. Comme s'il était prêt à me sauter à la gorge au moindre faux pas. J'ai envie de lui foutre mon poing dans la figure, car j'ai le sentiment qu'il se mêle de quelque chose qui ne le regarde pas. Et puis j'imagine la situation inverse. J'imagine Sandy, follement amoureuse d'un mec qui embrasse une autre nana dans son dos. Ça me mettrait dans une de ces rages...


Le soleil ne s'est pas encore levée lorsque nous sortons de la boîte. La ciel commence à s'éclaircir doucement, mais reste sombre et les rues sont calmes. Il ne doit pas être loin des 6 h 00 du matin.

Je suis crevé. J'ai la bouche sèche et le son de la musique continue de tambouriner dans mes oreilles. Mes jambes et mes pieds me font souffrir, j'ai besoin de m'assoir. Mais avant, nous devons traverser plusieurs rues à pied avec l'équipe, alcoolisée évidemment. Jake n'a pas trop bu, Aiden juste assez pour être joyeux, et moi, vraiment pas assez. Wilma a carrément vomi sur les chaussures de la fille qu'elle draguait. Qui lui a ensuite vomi dans les cheveux. À sa place, je serais déjà mort, mais Wilma a juste passé ses cheveux sous l'eau et est repartie s'amuser. Inutile de préciser qu'après ça, j'ai tenté de l'éviter toute la soirée.

Petit à petit, un par un, les membres de l'équipe se séparent de notre chemin à Aiden et moi. Nous nous retrouvons tous les deux seuls désormais, et mon cœur bat la chamade. Je ne sais pas quand ni comment lui annoncer. J'imagine sa réaction. Il me crierait dessus. N'essaierait même pas de comprendre. Peut-être qu'il me foutrait à la porte. Il va même peut-être rompre.

La différence de température entre l'extérieur et les couloirs de l'immeuble se fait sentir : un drap beaucoup trop chaud enveloppe mes joues au point de me faire soupirer. Le silence règne, et j'ai comme la sensation qu'une barre de fer traverse mon crâne en passant par mes oreilles, les faisant siffler. J'ai besoin de faire du bruit.

― Aiden, il faut vraiment que je te dise quelque chose.

― Attends qu'on soit rentrés, répond-il. Il faut que je boive.

Je ne vois pas très bien en quoi la soif l'empêche de m'écouter, mais soit. Nous montons en silence dans l'ascenseur et traversons le couloir avant d'entrer dans l'appartement. Il y fait un peu plus frais. Toute les lumières sont éteintes, la clarté y est apportée grâce aux immenses baies vitrées qui donnent sur la ville.

Aiden enlève sa veste de smoking et la pose sur la dossier d'une chaise. Il se rend jusqu'à l'évier où il fait couler de l'eau dans un grand verre, qu'il boit d'une traite.

― La vache, ça fait du bien ! souffle-t-il. J'en reviens pas, Jo. Les audiences ont été au top. L'émission est retenue, c'est... waouh.

― Je suis tellement fier de toi, Aiden.

JoOnde histórias criam vida. Descubra agora