.XXIX. La fin d'un chapitre

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Mercredi 22 Juin 2016


Les jours passent et se ressemblent. Chaque jour est pour moi un point d'exclamation d'angoisse et de doute. Je reste chez Aiden durant toute la durée de l'épreuve, mentant à tout le monde en leur disant que c'est juste pour passer du temps ensemble. En vérité, je passe plus de temps avec mes cours qu'avec Aiden.

Aujourd'hui, je passe ma dernière épreuve. J'ai à la fois hâte d'être à ce soir, d'un autre côté, quand j'y serai, cela voudra dire que je ne pourrais vraiment plus faire marche arrière. Les cartes sont déjà sorties, et l'idée que ce que j'ai déjà rendu n'est pas modifiable me plonge dans l'obscurité. Je ne suis pas content du travail que j'ai fourni. Si j'ai l'impression d'avoir assuré en histoire, les maths et la physique-chimie se sont avérés pour moi être une véritable torture. Nombreuses sont les questions que j'ai laissé sans réponse. Et bien évidemment, ce sont les matières avec le plus gros coefficient dans ma filière. Une mauvaise note est irrattrapable.

—Allez, courage, c'est ta dernière épreuve, m'encourage Aiden.

—Je sais, c'est ça le problème. Je ne peux pas me permettre d'avoir une mauvaise note.

—Tu n'auras pas une mauvaise note. Je le sais, je le sens.

Bien évidemment, ses tentatives pour me rassurer sont vaines, mon cœur reste coincé dans ma gorge.

—Je devrais y aller, je dis.

Aiden m'embrasse sur le front et me souhaite une dernière fois bonne chance. Mais même en étant l'être le plus chanceux du monde, on ne peut pas être vraiment confiant dans ma situation.

Tout se passe comme les autres jours : j'entre dans la salle la boule au ventre, je m'assieds, les professeurs distribuent les sujet, et lorsque ça sonne, on est enfin autorisés à les retourner. L'épreuve commence alors, et lorsque je lis la première feuille, un petit sourire se dessine sur mes lèvres :

Exposer en quoi les structures des organes impliqués dans les échanges nutritifs externes et internes d'une plante sont adaptés à son mode de vie fixé.

Ce chapitre sur la plante était, avec l'immunité, celui que je connaissais le mieux. Je rédige le plan de ma rédaction au brouillon en à peine une vingtaine de minutes, et mon stylo part tout seul, sûr de lui, sur ma copie.

Mais ma confiance redescend complètement quand je lis l'exercice de spécialité. Je panique, car je n'arrive pas à le relier avec un seul de mes cours. Et si je n'avais pas étudié cette partie de cours ? Peut-être que je l'ai oublié. Cette pensée m'assène une violente douleur à la poitrine. Non, c'est pas possible. J'essaye de remonter au plus profond dans mes souvenirs, mais tout est flou. Je me remémore les parties du programme de spécialité, et je ne parviens toujours pas à voir à quel chapitre je dois relier le sujet. Les documents ne me parlent pas, et je ne trouve pas de lien entre eux. Pendant un court instant, j'espère que quelqu'un pénètre dans la salle en annonçant qu'il y a eu une erreur dans les sujets. Évidemment, il n'en n'est rien. Je passe donc ma seconde heure dans la panique, et suis obligé de broder ma copie en inventant un long récit d'aventure concernant les cellules humaines. Je suis cuit.

Je sors de l'épreuve dépité, avec un lourd bourdonnement dans les oreilles. Devant le portail, je vois des élèves fumer en riant, tandis que d'autres pleurent, assis à même le sol ou dans les bras de leurs amis. Un garçon se met même à hurler « C'EST FINI ! ».

Oui c'est fini. C'est aussi fini pour moi.

A l'autre bout du parking, j'aperçois Aiden adossé sur sa voiture. Ni une ni deux, je m'empresse de le rejoindre.

JoWhere stories live. Discover now