.XXXIV. Du renouveau

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Les gens se mettent tous à applaudir le pilote lorsque l'avion touche le sol. Tout ce à quoi je pense, c'est d'enfin mettre les pieds par terre, sur le sol américain, le sol de ma nouvelle vie. Petit à petit, tout le monde se lève sous l'invitation des hôtesses et des stewards, pour rejoindre les petits escaliers et descendre enfin de cet oiseau d'acier.

Le soleil me fait plisser les yeux, et la chaleur m'étouffe. Mais un sourire radieux se dessine sur mon visage. Je me retourne pour regarder Aiden, qui sourit aussi en regardant au loin.

—On y est, me dit-il. Enfin.

L'escalier en métal rend nos pas bruyants, et lorsque je pose mes pieds sur le béton de la piste d'atterrissage, j'ai la bête impression de sentir la chaleur du sol. De petites voiturettes nous attendent un peu plus loin et nous amènent à l'intérieur de l'aéroport, où nous récupérons nos bagages.

—Mes parents viennent nous chercher, m'annonce Aiden.

—Quoi ? je m'exclame.

—Ils ne voulaient pas que l'on prenne le taxi.

—Mais tu aurais pu m'en parler avant ! Je... Je me serais préparé !

—Ils ne vont pas te bouffer ! s'esclaffe Aiden. D'ailleurs, ils sont juste là.

Avec ces quatre derniers mots, j'ai l'impression de subir un choc électrique du futur. Au loin, je vois deux silhouettes qui sont tournées vers nous. La femme est tenue par la taille par les mains d'un homme, que je suppose être son mari. À mesure que l'on s'approche d'eux, ils nous emboîtent le pas. Je distingue alors leurs visages. Rita, la mère d'Aiden, à un visage mature, mais extrêmement bien conservé. Ses yeux bleus sont sûrement lapremière chose que l'on remarque chez elle. Ses cheveux sont d'un mélange sophistiqué de châtain clair et de blond, et ne lui arrivent pas plus bas que le milieu du cou. Elle est assez fine, et ne dépasse pas son mari, Russell. Lui, c'est un très bel homme. Un corps assez imposant mais pas trop, défini par les muscles quelques peu fondus d'une jeunesse de succès auprès de la gente féminine. Ses cheveux poivre et sel lui donnent, je l'avoue, un certain charme, et les ridules au coin de ses yeux y jouent aussi un rôle. D'ailleurs, c'est dans ses iris que je reconnais Aiden. Et lorsque l'homme se met à sourire, il n'y a pas de toute, ils'agit bien de son père.

Aiden court dans les bras de ses parents, qui se mettent alors à le serrer en riant et baragouinant en anglais. Une fois les retrouvailles effectuées – gênantes pour ma part –, Aiden se retourne vers moi :

—Papa, maman, je vous présente Jo.

Rita se dirige alors vers moi et m'ouvre ses bras. Je suis d'abord surpris quand je me retrouve avec la tête dans ses cheveux, et puis je me souviens, qu'ici, c'est comme ça qu'on se dit salut.

—Je suis tellement contente de faire enfin votre connaissance, Jo ! me confesse-t-elle avec un sourire radieux et blanc, à l'américaine. Aiden nous a tellement parlé de vous !

—C'est un plaisir pour moi aussi, dis-je en serrant la main de Russell. J'ai entendu beaucoup d'histoires à votre sujet. Que de belles histoires, ne vous en faites pas !

—Ce n'est pas la peine de nous mentir, Jo, réplique Russell, on sait très bien qu'Aiden a dit des horreurs à notre sujet, il ne fait que ça !

Tout le monde rit, et les parents se proposent de nous aider avec nos bagages, ce qu'Aiden et moi ne tardons pas a accepter. C'est que des valises, on en a beaucoup !

Encore une fois, lorsque je sors du bâtiment climatisé, je suis surpris par la chaleur. Pendant que Russell et son fils mettent les valises dans le coffre de la grosse Mercedes noire, je regarde le paysage, et je sens que j'ai l'air émerveillé.

JoWhere stories live. Discover now