.XXXVI. Éxotisme

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—Hey mec !

Il est environ 14 h 00 lorsque Jake, le meilleur ami d'Aiden, débarque dans l'appartement. Aiden lui avait proposé de venir avec nous, ce qu'il avait bien sûr immédiatement accepté.

Quand il entre, je remarque ses chaussures blanches qui semblent être toutes neuves, vu leur couleur. Un short en jean foncé laisse apparaître ses jambes décorées sur lesquelles un duvet blond brille par dessus. Comme hier, il porte un débardeur rouge avec un « 9 » inscrit dessus – ce n'est pas le même qu'hier, cependant –, exhibant ses bras musclés et recouverts de tatouages que j'essaie de deviner. Comme hier également, il porte une casquette à l'envers, mais celle-ci est beige. Dans la lumière éclatante de l'appartement, ses yeux paraissent encore plus clair –sans parler de ses dents.

Il tape dans les mains d'Aiden et l'enlace pour le saluer, il fait exactement la même chose avec moi, et éclate de rire lorsqu'il voit que je ne sais pas du tout m'y prendre avec les salutations américaines.

—J'ai jamais fait ça, moi ! je me défends.

Amusé, Jake se met alors à m'apprendre comment « checker » et enchaîner sur une accolade. Je suis très mal à l'aise avec ça, les gens que je ne connais pas, je ne veux surtout pas les enlacer.

Dans la voiture, Aiden conduit, et une chanson de My Chemical Romance –Teenagers – est diffusée à plein volume dans l'autoradio. Lui et Jake dansent, ou du moins gesticulent dessus en chantant à tue-tête. Moi, à l'arrière, la musique, que je connais par cœur me fait bien évidemment bouger les pieds, mais je ne chante pas comme eux, je reste à l'écart, largement intimidé par la présence imposante de Jake. Et puis, je veux les laisser entre eux, les laisser se retrouver.

Aiden se gare devant une espèce de boutique dont la devanture est une simple vitrine. À l'intérieur, rien à part des échelles et ce que je crois être des peintres faire leur boulot. Mes soupçons se confirment lorsqu'Aiden entre à l'intérieur de ce qui sera son futur salon.

Au sol, des bâches transparentes recouvrent le sol en parquet, et trois ouvriers en blouse peignent les murs en blanc.

—Heeey ! Aiden ! Je suis content de te voir enfin, en vrai, et non pas sur Skype !

—Hey, Frank !

L'homme s'avance vers Aiden avec deux grands bras ouverts. Il est assez petit, ou en tout cas, plus petit que Aiden et moi. Environ un mètre soixante-dix, je dirais. Ses cheveux courts et épais sont d'un espèce de gris-noir. En voyant son visage très marqué, je ne peux que m'imaginer qu'il fume et n'est pas contre l'alcool. Sa voix grasse le confirme. À côté de tout ça, il porte un tee-shirt noir qui laisse deviner un corps assez sculpté, malgré son âge – bien que j'ignore celui-ci. Accroché à son jean, des clés tintent quand il bouge. Le trousseau est énorme.

—Comment ça va ? demande Frank. Tu me présente ?

—Voici, Jake, dit-il, et Jo. Deux bons amis.

Je m'étrangle. Ça y est, je suis mort.

—Oh, Jake je vois que tu aimes les tatouages, remarque l'homme.

—En effet, répond le concerné.

—Et tu tatoues aussi ?

—Euh... ouais, ouais, j'ai un petit salon sur Montebello.

—Aiden ! s'exclame Frank. Pourquoi tu ne m'en as pas parlé avant ! Ce jeune homme est parfait ! Il est carrément canon, il est tatoueur et c'est ton ami ! Que dirais-tu d'intégrer l'émission, toi aussi ? Si tu me montres tes dessins, j'ai assez de place pour te faire entrer.

JoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant