Nantis

Chapitre 14 : You're not alone

— Allez, tout le monde sur scène ! S'écria Monsieur Miller en pénétrant comme un fou dans la salle de répétition.

Il traversa la pièce à vive allure, munis d'une liasse de feuilles sous le bras, et enjamba la scène pour finalement s'arrêter devant sa petite troupe de théâtre.

— Gabi, Ethan, on commence par votre scène, enchaina-t-il sans même se donner le temps de respirer, Vite, vite, vite !

— Ethan n'est pas là, l'informa Gabrielle en se relevant de sa position assise.

— Pardon ? Bégaya le professeur en se retournant précipitamment vers elle, Il est où ?!

— Probablement avec sa copine.

— Anna n'est pas là non plus ? Comprit-il.

Personne ne lui répondit et le jeune professeur poussa un soupir, exaspéré. Déjà qu'il détestait devoir assurer une pièce de théâtre dans un lycée qu'il méprisait plus que tout, si ses effectifs diminuaient de séance en séance, il n'aurait plus qu'à mettre la clé sous la porte et se barrer vite fait bien fait d'ici. D'ailleurs, ce n'était pas une si mauvaise idée, réalisa-t-il, ahuri de ne pas y avoir pensé plus tôt.

— Très bien. On va faire sans eux. Ce n'est pas comme s'ils étaient essentiels.

— Ethan a le rôle principal, lui rappela Raphaël, ironique.

Le professeur l'incendia du regard pour simple réponse et le garçon se calma illico, rectifiant piteusement :

— Mais oui, ce n'est pas très important pour le moment.

Ravi de l'avoir remis à sa place et constatant que son autorité n'était plus à refaire, monsieur Miller enchaina :

— Raphaël, tu vas remplacer Ethan pour cette fois, on va jouer la scène du stade. Les autres, allez dans le fond, et je veux qu'Estelle se tienne prête pour son entrée. Pas de raté cette fois !

La jeune fille s'exécuta et partit en courant se cacher derrière les rideaux de la scène tandis que les deux jeunes amoureux montèrent sur scène. Gabrielle attrapa son script rapidement pour le relire avant de jouer, puis le laissa tomber par terre lorsqu'elle entendit son compagnon proclamer :

— J'aimerais vraiment être la personne qui te fait perdre la tête Sandy, et pas celle qui te donne l'impression de l'avoir retrouvé.

Gabrielle l'observa sans répondre et trouva le moment cruellement réel.

***

— Tu es sûr que ça ne te dérange pas d'attendre ? Murmura Anna en faisant glisser son doigt le long du torse d'Ethan.

— Bien sûr que non ! Lui assura le garçon pour la énième fois en déposant un baiser furtif sur ses lèvres.

Les deux jeunes avaient décidé de sécher leur cours de théâtre du jeudi après-midi et s'étaient réfugiés dans la maison d'Anna qu'ils savaient vide. Ils avaient discuté pendant à peu près une heure et s'étaient finalement rapprochés pour se retrouver tous les deux dans le lit de la jeune fille, pratiquement dénudés. Puis Anna l'avait repoussé, gentiment. Elle ne se sentait pas encore prête à passer le cap. Après tout, ils sortaient ensemble depuis seulement quelques jours et elle avait toujours été une personne raisonnable.

— Je suis désolée, enchaina Anna, Mais je ne me sens pas prête.

— Ne t'inquiète pas, souffla Ethan en replaçant une mèche de cheveux de la jeune fille derrière son oreille, Avec Gabrielle, on a attendu un an avant de faire l'amour.