Chapitre 8 : Only if you run

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— A quelle fréquence vous faites-vous vomir ?

Noah releva son visage vers le médecin qu'il avait en face de lui. Perdu dans la contemplation de la pièce dans laquelle il se trouvait, il avait oublié d'écouter ce qu'on lui demandait.

— Pardon ?

— A quelle fréquence vous faites-vous vomir ? Répéta le médecin en tentant de capter l'attention de son patient.

Mais depuis le début de ce premier rendez-vous, Noah avait le regard fuyant, comme s'il n'osait pas lui faire face. Peut-être cela rendait-il la chose trop réelle pour lui.

— Je ne sais pas, marmonna-t-il, Une ou deux fois par mois. Ça dépend de mon comportement. Il peut se passer un long laps de temps sans que je ne fasse rien et d'autres semaines qui sont plus... Difficiles.

— Comment ça ?

— Quand je suis énervé, j'ai cette sorte de nausée.

— Et vous faire vomir vous donne l'impression de vous en débarrasser ?

— Ce n'est pas vraiment une impression, rétorqua le garçon, C'est le seul moyen de m'en débarrasser.

Le médecin tapa quelques mots sur l'écran de son ordinateur et revint finalement à lui :

— Vos vomissements sont-ils toujours précédés d'une prise conséquente de nourriture ?

— Non pas toujours... Mais manger avant, ça m'aide.

— Est-ce que vous ressentez ça comme une crise ? Un besoin qui se déclenche brutalement ?

— Oui, répondit Noah en évitant une fois de plus son regard.

— Arrivez-vous à dater ces vomissements fréquents ?

— Il y a un peu plus d'un an.

— Avez-vous connaissance d'un événement qui aurait pu provoquer cela en vous ?

Noah releva son visage vers lui. Il avala sa salive, mal à l'aise, et rétorqua après quelques secondes d'hésitation :

— Non.

— Très bien.

Le médecin se réinstalla dans son fauteuil pour se replonger sur son écran d'ordinateur et Noah bifurqua à nouveau son regard dans la pièce autour de lui. Sur le mur, seul un cadre en bois contenant un diplôme venait prouver les compétences de la personne qu'il avait devant lui. Il retenu un rire intérieur. Lui qui avait l'habitude de consulter des spécialistes qui affichaient derrière leurs bureaux les dizaines de diplômes. Il trouva celui-ci très sobre en comparaison. Clara lui avait promis que le docteur Emmanuel Sarda était un excellent médecin, celui de son quartier, et qu'il avait soigné tous ses enfants jusqu'à maintenant. Au final, le nombre de diplômes n'y changerait rien. Noah savait qu'il n'était pas malade. Il était juste... mal, de temps à autre, pas besoin d'en faire une affaire d'état.

— Vous ne semblez pas être à un stade très avancé de la maladie, reprit le docteur Sarda, Si vous suivez bien le traitement que je vais vous prescrire, je pense que vous pourrez vous en sortir sans passer par la case hôpital et soins intensifs.

— Quel traitement ? Interrogea Noah, sceptique.

— Vous devrez me consulter une fois par semaine, je vérifierai votre poids, votre taux de glucides, manque de fer, vitamines... Si votre situation s'améliore, nous espacerons ces rendez-vous en espérant qu'ils ne soient plus utiles. Bien sûr, vous devez m'assurer de votre totale collaboration et arrêter à partir de maintenant de vous faire vomir. En compensation, je vais vous donner des comprimés anti-stress, je pense que vos nausées viennent d'une certaine anxiété. Ils auront une action positive sur vous. Quand je vous ai examiné tout à l'heure, j'ai senti un corps fatigué. Il faudra en prendre soin désormais. Lui donner les vitamines nécessaires, faire des nuits complètes... Dites-moi Noah, vous fumez ?

NantisWhere stories live. Discover now