Chapitre 11 : Sirens call

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Gautier glissa ses mains dans le sable froid du matin, les grains passèrent entre ses doigts et retombèrent sur la plage. Le regard plongé vers l'horizon, il observait silencieusement la mer à perte de vue, il écoutait le cri des mouettes qui volaient dans le ciel bleu, profitant du vent frais sur son visage. Il avait mal dormi cette nuit, dérangé par le ronflement de Ruben à son oreille et son corps agité de spasmes, comme à chaque fois que son petit-ami s'endormait ivre. C'était presque comme si Ruben continuait sa folle soirée dans son sommeil. C'était insupportable.

Gautier arrêta son regard sur une planche à voile, regrettant déjà de ne pas avoir pu en faire plus longtemps. Il observa la voile se gonfler sous l'effet du vent et la planche flotter à la surface des vagues.

Le garçon sentit un mouvement derrière lui. Il se retourna à sa droite et aperçut Noah qui venait de le rejoindre. Sans rien dire, Noah se contenta d'enlever ses espadrilles pour plonger ses orteils dans le sable fin et son regard se perdit à son tour vers l'horizon. Gautier suivit le mouvement, se replongeant dans l'observation du paysage. Ils restèrent ainsi pendant quelques minutes, appréciant simplement la tranquillité du moment. Ils ne trouvèrent rien de particulier à dire, rien du moins qui vaille la peine de briser ce silence reposant.

Comme ils étaient tous les deux chargés de la mission conduite pour le retour, Anna et Ruben avaient décidé de s'occuper du ménage de la maison. Du moins, ils essayaient, puisque quand Noah était sorti pour rejoindre la plage, les deux meilleurs amis venaient juste de mettre de la musique à fond dans la chaine hifi et se trémoussaient avec leurs balais en chantant.

Noah avait préféré éviter ce carnage. Il avait marché jusqu'à la plage, avait remarqué la présence de Gautier assis au bord de l'eau et avait trouvé stupide d'aller s'installer plus loin. Le garçon plongea sa main dans sa veste en cuir, attrapant son paquet de cigarettes. Il en tira une qu'il coinça entre ses lèvres puis se rappela soudainement que Gautier ne supportait pas l'odeur du tabac.

— Je te dérange si je fume ?

— Non.

Noah se contenta de cette réponse, bien qu'elle ne parût pas très sincère, et il alluma sa cigarette, laissant l'effet de la nicotine se répandre dans tout son corps. Il adorait ça, la première cigarette de la journée.

— C'est la maison de vacances que ton père a reconstruit, c'est ça ?

— Oui, lui confirma Gautier.

— Anna m'a dit qu'il était décédé.

— Il y a six ans, j'étais en quatrième. J'ai redoublé cette année-là d'ailleurs.

— Tu as dix-neuf ans ?

Gautier lui confirma d'un signe de la tête et Noah tira une nouvelle taffe avant de l'interroger :

— Il avait quoi ton père ?

— Cancer.

— Mon oncle en a eu un aussi, estomac.

— Poumon.

Ils restèrent silencieux, mais le moment n'était pas gênant. Bien au contraire, il y avait une sorte de complicité dans l'air qui leur était étrangère à tous les deux.

— Ma mère est une prostituée, reprit Noah.

— On fait quoi là ? L'inventaire de tous les trucs pourris dans notre vie ? On risque de ne pas finir cette conversation avant le coucher du soleil.

— Ils risquent de ne pas finir le ménage avant la fin de cette journée alors... Relativisa Noah en un mouvement d'épaules.

— Plus sérieusement, enchaina Gautier en se retournant vers la mer, C'est vrai ? Depuis quand tu le sais ?

NantisWhere stories live. Discover now