Chapitre 20 : We are young

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Cécile Joly posa ses deux mains autour de sa tasse de café pour les réchauffer et poussa un soupir de résignation en observant les feuilles qu'elle avait devant les yeux. Elles étaient arrivées ce matin avec le reste du courrier ; les papiers du divorce. Bien sûr, son mari avait pris soin de les lui envoyer bien qu'il était toujours introuvable et seule sa signature sur chaque feuillet lui faisait prendre conscience que tout cela était bien réel. Cécile allait récupérer son nom de jeune fille, comme si tout ceci n'était jamais arrivé, comme si elle revenait dix-sept années en arrière.

Elle repoussa les feuilles d'un geste de la main et attrapa sa tasse pour porter le liquide chaud à ses lèvres. Elle apprécia son goût amer, puis entendit la sonnerie stridente du téléphone de la maison retentir et elle grinça des dents. Ses deux filles dormaient encore et elle ne voulait pas le laisser sonner dans le vide pour ne pas les réveiller. A contrecœur, donc, elle se leva de la chaise de la cuisine et se dirigea vers le salon pour attraper le combiné. Mais qui pouvait bien appeler à huit heures un samedi matin ? Le premier jour des vacances, qui plus est.

— Allô ? Cracha-t-elle, énervée.

— Bonjour Madame Joly, Paul Khan à l'appareil.

— Encore vous, commenta Cécile, blasée, Qu'est-ce qu'ils ont encore fait ?

— Votre fille, je l'ignore encore, mais en ce qui concerne mon fils, il a quitté la maison, lui répondit Paul.

— Ça me fait une belle jambe, ironisa-t-elle en se laissant tomber sur le canapé juste derrière elle.

— Ça fait déjà deux nuits qu'il est parti, enchaina Paul sans relever son intervention, Je me demandais s'il n'était pas chez vous ?

— Pardon ? S'exclama Cécile, outrée, Non, je n'ai pas enterré votre fils dans le jardin... Et pourtant, ce n'est pas l'envie qui manquerait.

— Très drôle, l'interrompit-il, Je me disais qu'il pouvait être avec votre fille.

— Non, je ne pense pas qu'Anna me ferait cet affront.

Les deux parents s'arrêtèrent de parler, trop longtemps pour que ce soit un silence naturel, et Cécile ajouta finalement :

— Ok, je vais vérifier.

Derechef, elle grimpa quatre à quatre les marches de l'escalier et se dirigea rapidement vers la chambre d'Anna, le téléphone toujours dans la main. Elle ouvrit la porte brutalement, faisant réveiller sa fille en sursaut, et alluma la lumière.

— Ah ! S'écria Anna, furieuse, en plongeant sa tête dans l'oreille, Maman, qu'est-ce que tu fais ?!

Cécile ne prit pas la peine de répondre et se dirigea vers son placard qu'elle ouvrit en grand. Après vérification, elle le referma et porta un rapide coup d'œil dans la chambre pour voir si elle n'avait pas oublié une cachette quelque part. Après un instant de réflexion, elle se dirigea vers le lit de sa fille et tira sur la couverture pour l'ôter complètement, ce qui fit de nouveau pousser un cri à la jeune endormie.

— Ah ! Il fait froid ! Mais putain, qu'est-ce que tu fous ? S'offusqua Anna en ouvrant les yeux de stupeur, sa couverture étalée sur le sol.

Sa mère repositionna le combiné à son oreille et répondit finalement à son interlocuteur :

— Non, il n'est pas là.

— Mais bon sang à qui tu parles ? Explosa Anna, ahurie, Qu'est-ce qu'il se passe à la fin ?

— Noah.

— Quoi Noah ? Répéta la jeune fille, furieuse, en attrapant sa couverture sur le sol pour s'en recouvrir à nouveau.

NantisWhere stories live. Discover now