Chapitre 11 : Fix you

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— A table, les garçons, je ne vais pas le répéter.

La voix grinçante et autoritaire de sa mère le fit sursauter et Jared rangea son téléphone dans la poche de son jean avant de se rendre dans la salle à manger. Comme d'habitude, une grande table était dressée pour l'occasion – et quelle occasion exceptionnelle qu'un repas en famille un dimanche midi - et la vaisselle en porcelaine avait été sortie du placard. Bon Dieu, mais pour qui se prenait-il, ce con ? Songea Jared, altéré, en s'installant juste en face de son paternel. Il n'était qu'un conseiller du gouvernement, pas un roi de je ne sais quel pays à la noix du continent africain. Néanmoins, il évita toutes remarques, connaissant les colères excessives de Monsieur Boris Greggs. Jared attrapa sa serviette sagement posée sur son assiette pour la déplier et la poser sur ses genoux. Il haïssait cette comédie ridicule.

— Où est Ruben ? Interrogea son père face à la chaise vide qui se trouvait à côté de son grand-frère.

Sa mère fronça les sourcils d'un air sévère, rendant encore plus cliché le fait qu'elle avait tout bonnement l'air d'avoir un balai dans le cul, et enchaina, sèchement :

— J'espère qu'il ne dort pas encore, il est treize heures tout de même.

Jared jeta un rapide coup d'œil à son téléphone, ni Anna, ni Ruben n'avaient jugé bon de répondre à ses messages. Il soupira, énervé. Si ses parents venaient à apprendre que son frère n'était pas rentré, probablement parce qu'il avait passé sa nuit avec un garçon, il ne donnait pas cher de sa peau.

— Non il est sorti tôt ce matin, répondit Jared.

— Tôt ? Répéta Boris Greggs, Mais où est-il allé ? Et pourquoi n'est-il pas à l'heure pour le repas ? Il sait que je suis très à cheval sur les horaires. Je n'aime pas quand vous manquez ce repas les garçons.

— D'autant plus que c'est le seul de la semaine que nous partageons avec toi, ironisa Jared.

— En effet, approuva-t-il sans même remarquer le reproche de son fils.

Sa mère toussa bruyamment, histoire de le rappeler à l'ordre en attirant son attention, et elle le fusilla du regard lorsqu'il posa ses yeux sur elle. Jared s'enfonça dans son siège en tentant de ne pas montrer son exaspération et Boris enchaina :

— Allez, commençons.

Jared s'empara du plat sur la table et se servit, tandis qu'on entendait la porte d'entrée s'ouvrir brutalement. Deux secondes plus tard, son petit-frère fit irruption dans la salle et s'installa à ses côtés sous le regard sévère de ses deux parents.

— Je m'excuse, murmura-t-il, essoufflé, Je suis en retard.

— On ne s'excuse pas soi-même, grinça sa mère entre ses dents.

— Je vous demande de m'excuser, rectifia-t-il, sans broncher.

— Où étais-tu ? L'interrogea son père, Il est treize heures.

— Je travaillais, bafouilla Ruben, mal à l'aise, Et le métro s'est arrêté sur la voie, ça m'a retardé.

Son père fronça les sourcils d'un air sévère - expression qui ne le quittait jamais vraiment au passage – et répondit, froidement :

— Ruben, tu sais que je n'aime pas vous savoir prendre le métro. Nous avons un chauffeur personnel pour nos déplacements. Je le paye bien assez cher pour que vous alliez vous enfoncer sous terre avec les pauvres.

— Pour qu'il vienne te rapporter ensuite tous les endroits où nous allons ? Le coupa Jared, énervé.

— Non, pour votre sécurité.

NantisWo Geschichten leben. Entdecke jetzt