Chapitre 5 : Take control

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                Anna pénétra en furie dans sa cuisine et ses cheveux encore mouillés tombant sur ses épaules venaient tremper son chemisier blanc. Elle était terriblement en retard ce matin et elle n'avait pas pris le temps de les sécher. Grave erreur, puisqu'elle savait pertinemment que, quand elle ne donnait pas un coup de brosse à sa tignasse brune, elle avait l'air de sortir tout droit d'une guerre nucléaire. Ce qui était peut-être le cas, vue la nuit qu'elle avait passée. Incapable de s'endormir, elle avait ressassé pendant des heures cette histoire avec Noah. Ce qui la frustrait le plus, ce n'était pas de s'être fait manipuler par ce crétin, mais le fait de savoir qu'elle allait l'être et de ne pas l'avoir vu venir. Mais pourquoi l'avait-elle cru si bêtement ? Était-elle à ce point en manque d'amour ? Elle arrêta ce qu'elle était en train de faire pour réfléchir à la question. Oui, clairement, elle était en manque d'amour.

— Anna, bouge ! S'écria soudainement la voix d'Ophélie dans son dos.

La belle brune la bouscula brutalement et Anna se rattrapa contre le bord de l'évier en incendiant sa petite-sœur du regard. Ophélie venait de s'emparer de la bouteille de lait dans le frigidaire. Bouteille qu'elle avait eu l'intention de prendre.

Anna s'exclama, énervée :

— Tu permets ? J'allais me servir !

— Tu tenais la conversation au frigo, rétorqua sa sœur, froidement, en versant du lait dans son chocolat.

Sa petite-sœur avait elle aussi les cheveux mouillés. Mais ceux-ci faisaient de belles boucles brunes bien dessinées et lui arrivaient au milieu du dos, telle une princesse de conte de fée. Ophélie n'avait pas pris le temps de se maquiller, ce qui était plutôt rare chez la jeune fille. Anna en conclut donc qu'elle devait être, elle aussi, très en retard. Probablement un trait de famille, songea Anna en l'observant terminer la bouteille qu'elle jeta dans la poubelle. Réalisant par ailleurs ce qu'elle venait de voir, elle s'écria, furieuse :

— Tu viens de terminer le lait ?! Mais j'en voulais aussi !

— Fallait réagir avant, commenta Ophélie en portant son bol à ses lèvres.

Et il lui échappa de peu pour que Anna ne le lui balance en pleine figure. Ce n'était pas l'envie qui lui manquait, mais le temps plutôt. Jetant un rapide coup d'œil à sa montre, elle sortit précipitamment de la cuisine et remonta dans sa chambre pour y prendre ses affaires en vitesse. Si elle continuait ainsi, elle allait réellement louper son bus. Elle descendit ses escaliers et se rua à nouveau dans la cuisine où sa sœur venait de se lever de sa chaise pour vider son bol dans l'évier. Anna resta silencieuse, ne trouvant même plus les mots pour l'insulter, et Ophélie rétorqua indifférente :

— Tu voulais finir mon lait, peut-être ?

— Je ne te conseille pas de me demander de ce quoi j'ai envie à ce moment précis, grinça Anna entre ses dents, profondément consciente qu'elle était en train de menacer sa sœur de quatorze ans pour une histoire de lait au petit déjeuner.

Au fond, c'était plus fort qu'elle. Ophélie avait une telle arrogance quand elle lui adressait la parole. Anna était persuadée que la moindre de ses actions lui étaient destinées pour lui rappeler à quel point elle était minable à côté de cette pseudo « perfection ». Ophélie avait un certain côté Ellie Lefevre dans sa personnalité. Anna ne doutait pas qu'elle serait son digne successeur une fois qu'elle aurait intégré le prestigieux lycée dans lequel elle faisait ses études. Bien sûr, être la petite sœur de la banale Anna Joly ne l'aiderait pas beaucoup dans sa prise de pouvoir, mais Ophélie avait assez de caractère pour outrepasser cet élément et devenir cet être profondément antipathique et cruelle qu'elle était déjà.

NantisOn viuen les histories. Descobreix ara