Chapitre 21 : He is my son

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Noah avait la nuque engourdie et une terrible crampe au niveau de l'estomac. Jamais un réveil n'avait été aussi difficile. Il ouvrit les yeux et les referma aussitôt. Sa tête tournait et il avait un mal de crâne insupportable. Le garçon entendit son ventre gronder de colère. C'était la sixième journée. Il n'avait presque rien avalé, vomi ses tripes la nuit dernière et il avait bu de l'alcool pour la première fois. Noah se retourna dans son lit avec l'espoir de se rendormir. La douleur était bien trop forte pour lui donner l'envie de sortir de sous sa couette.

Gautier était parti rejoindre Ruben hier soir, Ellie avait quitté sa chambre quelques minutes après y être entrée, son père était probablement au travail. Il était seul. Seul et terriblement mal. Ses muscles le tiraient, comme si des milliers de petites crampes s'amusaient à tyranniser son corps. Probablement à cause du manque d'énergie et d'eau. Il avait soif. Tellement soif qu'il supposa avoir la force de rejoindre sa salle de bains.

Noah grommela en repoussant sa couette d'un geste de la main. Son corps se mit à trembler. De froid, peut-être, mais surtout d'épuisement. Le garçon savait qu'il était en train d'atteindre la limite qu'il pouvait endurer. Il le sentait. Cette sensation le rassurait, parce qu'elle lui indiquait qu'il avait encore, quelque part, probablement caché très loin au fond de lui, un instinct de survie. Il devait boire. Boire et manger. Sinon il allait s'écrouler.

Noah sortit de son lit et tenta de se diriger vers la salle de bains de sa chambre. Ses jambes tremblaient si fort qu'il parvint à peine à les porter jusqu'à l'endroit où il voulait les emmener. Ses articulations lui firent mal et il s'écroula sur le sol.

Peut-être avait-il eu tort. Peut-être qu'il avait déjà franchi la limite et qu'il était désormais sur le point de tout lâcher, tout vider, tout laisser tomber. Il s'allongea de tout son long sur le sol. Il n'avait plus la force, ni de revenir en arrière, ni de rejoindre son lavabo. Il voulut appeler à l'aide, mais à l'instant où il tenta de prononcer le prénom de son demi-frère, aucun son ne sortit de ses lèvres tremblantes. Il avait la voix cassée. Il se racla la gorge et n'entendit qu'un faible grognement.

Est-ce qu'il allait mourir comme ça ? Se demanda-t-il, très sincèrement, alors que son regard se planta dans son plafond.

Les minutes passèrent et il réfléchissait. Hier soir, il avait dit à Ellie qu'elle n'était pas capable d'assumer la vérité. Lui non plus, constata-t-il. Lui non plus n'était pas foutu de dire qu'il était malade. Pourtant, il l'était. Cet instant précis lui rappelait qu'il l'était. Il l'était de plus en plus et d'une façon dont il avait la désagréable sensation qu'il n'en guérirait pas. Pas tout seul, en tout cas.

La main de Noah glissa sur le sol, attrapant son jean étalé à côté de son lit. Il sortit son téléphone portable de sa poche et observa l'écran d'un air absent. Aucun message. Ni Gautier, ni Ellie. Personne ne se souciait de lui.

Noah soupira puis fit ce qu'il aurait dû faire depuis bien longtemps. Il envoya un message à son père.

« Besoin d'aide. Viens. »

***

Ruben observa son reflet dans le miroir de sa chambre. Ses cheveux bouclés faisaient des caprices, ce matin, et il râla en tentant de leur redonner une forme convenable.

Le garçon repensa à la soirée de la veille. Ses parents l'avaient défendu au restaurant, ils avaient accepté son homosexualité et, plus important encore, ils avaient accepté Gautier. Ruben avait attendu ça pendant si longtemps qu'il n'était même pas sûr que tout ceci soit réel. Bien entendu, l'absence de son petit-ami et son retard – quasi inexcusable – avait terni quelque peu cette soirée incroyable. Mais le garçon avait su se faire pardonner. Encore plus maintenant qu'une douce odeur de pancake flottait dans la maison. Gautier s'était levé plus tôt pour lui offrir un petit-déjeuner d'excuses. Ruben n'allait pas s'en plaindre.

NantisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant