Nantis

Chapitre 19 : Don't be a stranger

Ellie Lefevre enfonça l'arrière de son crâne dans le dossier du canapé, étendit ses jambes jusqu'à la table basse et y posa ses pieds. Elle augmenta le son de la télévision pour regarder une de ces vieilles séries télévisées rediffusées sans cesse sur les chaines du câble. Elle grinça des dents face au doublage français qui était à vomir et plongea sa petite cuillère dans le bol de céréales qu'elle avait posé sur son ventre. Elle porta la cuillère à ses lèvres et sentit un peu de lait couler le long de son menton qu'elle essuya rapidement. Il était onze heures du matin et la jeune fille était encore en pyjama, tranquillement installée dans le canapé de sa grand-mère. Elle repensa à la conversation qu'elle avait eue avec Noah, la veille. Il avait raison, elle avait complètement déconné avec cette histoire... Aller jusqu'à coucher avec le copain de Chris pour les faire rompre dans l'espoir de la recaser avec Noah, tout ça dans le seul but d'éloigner Anna du garçon, alors qu'elle ne lui avait jamais rien fait de particulier, si ce n'était exister, tout simplement.

— Ellie ? Interrogea soudainement la voix de Betty, surprise.

La jeune fille sursauta et bifurqua son regard vers sa grand-mère qui sortait à l'instant de sa chambre, encore en pyjama.

— Tu n'es pas au lycée ? Enchaina la vieille femme, perplexe.

Oup's, songea Ellie en s'enfonçant un peu plus dans le canapé. Elle qui pensait que sa grand-mère était de sortie, elle n'aurait jamais imaginé qu'elle dormait encore à cette heure tardive de la matinée.

— Je pensais que tu étais sortie, bafouilla Ellie, mal à l'aise, Comment ça se fait que tu dormais encore ? Tu te lèves toujours à l'aube !

— Je me suis couchée tard, c'est tout.

— Je suis rentrée à minuit hier soir, la coupa sa petite fille, Tu étais déjà couchée. Je t'ai entendu ronfler.

Betty Lefevre fronça des sourcils, énervée de se faire accuser alors qu'elle était celle qui avait pris sa petite-fille la main dans le sac.

— Ce n'est pas ton problème, scanda-t-elle, Dis-moi plutôt pourquoi toi, tu n'es pas au lycée ?

— Excuse-moi, mais c'est mon problème si tu es malade.

La vieille femme écarquilla les yeux de stupeur, tandis que son sourire se décomposa peu à peu. Ellie attrapa la télécommande pour éteindre le son de la télévision. Il était temps d'avoir une discussion sérieuse.

— Qu'est-ce que tu racontes ? Bégaya Betty, surprise.

— J'ai trouvé tes médicaments dans le tiroir, lui avoua sa petite-fille, Et te lever à onze heures un jour de semaine... Ce n'est vraiment pas ton genre.

— Je t'ai dit que j'étais juste fatiguée.

— Mamie, souffla Ellie, blasée, Tu penses réellement que je vais te croire ?

Sa grand-mère leva les yeux au ciel en tentant de retenir ses larmes. Elle avait raison, cela ne servait plus à rien de mentir. Il était temps que sa petite-fille sache la vérité.

Betty plongea son regard dans celui d'Ellie et murmura du bout des lèvres :

— Oui, je suis malade.

— Qu'est-ce que tu as ? Interrogea Ellie derechef en se relevant du canapé pour lui faire face.

— Une cardiomyopathie, c'est une maladie du muscle cardiaque.

— Et c'est grave ?

— Si on ne la soigne pas, oui, répondit sa grand-mère en esquissant un sourire timide, dans l'espoir de rassurer sa petite-fille, Ce qui n'est pas mon cas. Je suis pris en charge par un médecin et j'ai un traitement.