Chapitre 18 : Don't wake me up

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Cécile Joly descendit comme une furie de sa voiture qu'elle venait de garer à la va-vite devant le commissariat, au beau milieu de la nuit. Les cheveux en bataille et le sac encore à moitié ouvert, elle se précipita sur la devanture de l'immeuble et pénétra à l'intérieur, complètement affolée. Quand l'officier de police l'avait appelé pour lui apprendre que sa fille était en garde à vue, elle avait pensé instinctivement à Ophélie, tant son ainée paraissait la sagesse même. Une pensée d'autant plus improbable qu'elle avait passé toute sa soirée avec sa cadette, alors qu'Anna trainait elle ne savait où dans Paris cette nuit-là. Elle se précipita sur le comptoir et hurla presque sur l'agent de police :

— Je viens chercher ma fille !

— Anna Joly ?

— Oui, c'est ça.

— Dans le bureau au fond du couloir.

Elle n'eut même pas le temps de le remercier car elle venait de se précipiter sur la porte. Elle frappa comme une furie sur le battant et entendit un froid : « Entrez ».

Elle ouvrit la porte, soudainement calmée de se retrouver dans cet endroit sordide, et pénétra dans la petite pièce qui sentait l'enfermée et dans lequel une femme en uniforme était installée derrière son bureau. Devant elle se tenait sa fille, la tête baissée et les joues creusées par la fatigue et la honte, ainsi qu'un jeune homme plutôt mignon et un homme en costard, probablement son père, songea Cécile en prenant place à la dernière chaise qui se trouvait devant le bureau.

— Bien, commença l'officier qui semblait tout aussi ennuyée d'être ici que les deux parents qu'on avait tiré de leurs lits, Je suppose que vous savez pourquoi vous êtes là.

Le père de Noah se contenta de hocher la tête, impassible, probablement habitué aux frasques nocturnes de son fils, tandis que Cécile Joly observa sa fille d'un air inquiet avant de murmurer, timidement :

— Moi non, pas spécialement.

L'officier l'observa d'un air blasé et ajouta d'une voix si monotone qu'elle faillit s'endormir sur sa réponse :

— Votre fille a été retrouvée aux à l'entours de trois heures du matin en train de vomir sur la chaussée.

— Il me semble qu'il n'est pas interdit de vomir, la coupa Noah.

Paul incendia son fils du regard, ce qui le fit taire.

La femme rectifia, amer :

— Vomir non, mais votre fille et son ami ont manqué de respect aux forces de l'ordre pendant le contrôle de leur identité.

Anna se recroquevilla sur sa chaise. Jamais elle ne s'était sentie aussi mal à l'aise. L'endroit où elle avait été enfermée pendant cette petite heure avec Noah était si immonde qu'elle avait l'impression de sentir encore l'odeur d'urine de la cellule. Sa situation était lamentable, mais elle se retenue de ne pas pleurer, de peur de passer pour l'enfant pourrie gâtée qu'elle était pourtant.

— C'est une plaisanterie ? S'exclama Cécile, hallucinée, Ma fille ne ferait jamais ça !

— Est ce que j'ai l'air de plaisanter ? Rétorqua l'officier sans une once de gentillesse.

Parce que les parents complètement aveuglés par la perfection de leurs enfants, elle en avait vu passer, dans sa vie.

— Vous êtes sûre que vos agents n'ont pas mal interprété leurs paroles ? L'interrogea Cécile, perplexe.

La femme ne voulut pas répondre, tant sa question lui paraissait insignifiante, mais elle rétorqua tout de même après un instant de silence insupportable :

NantisWhere stories live. Discover now