Nantis

Chapitre 17 : Teenage dream

L'air froid du mois de décembre le détendit légèrement tandis qu'il marchait à vive allure le long du trottoir. Mais qu'est-ce qu'il lui avait pris de débarquer comme ça à cette soirée ? Pourquoi s'était-il abaissé à aller supplier Ellie de cette façon ? Elle avait rompu avec lui, cet après-midi, il n'y avait pas mort d'homme. Lucas réalisa qu'il n'avait même pas réfléchi à son geste, il avait juste passé sa soirée, allongé sur son lit à ruminer du noir, puis il s'était relevé soudainement, s'était habillé en vitesse et avait rejoint la soirée dont tout le monde avait parlé cette semaine, se doutant qu'elle y serait. Sur un coup de tête, il s'était complètement ridiculisé. Furieux, il s'empara de son paquet de cigarette dans la poche de son manteau et en alluma une pour se détendre.

— Lucas !

Il se retourna et lâcha sa cigarette de stupeur. Celle-ci s'éteignit sur le trottoir mouillé par la pluie tandis que le garçon resta hébété devant Ellie qui accourait vers lui, de l'autre coté du trottoir. La jeune fille n'avait même pas pris la peine de mettre son manteau et elle était vêtue d'un simple débardeur noir qui dévoilait ses épaules frêles et blanches. Elle devait mourir de froid. Incapable de réagir pour autant, il resta inamovible sur le trottoir tandis que la belle brune s'arrêta devant lui, de l'autre coté de la route.

— Qu'est-ce que tu fais ? L'interrogea-t-il finalement.

— Je n'en ai aucune idée, lui avoua-t-elle en hésitant entre rire ou pleurer, Et je ne sais pas si je serais capable de traverser la moitié d'une éternité pour toi... Mais je peux peut-être essayer de traverser la moitié de cette route. Ce serait déjà un bon début, tu ne penses pas ?

Lucas esquissa un sourire et, au même moment, ils posèrent chacun un pied sur la route goudronnée. Aucune voiture à l'horizon, ils mirent l'autre pied, puis avancèrent tout doucement, pas certain que ce qu'ils étaient en train de faire soit l'idée de l'année, ni même du siècle. Finalement, ils se rejoignirent au milieu de la route et s'arrêtèrent en silence, l'un devant l'autre, à quelques centimètres de distance, puisqu'aucun des deux n'osait franchir l'ultime pas.

— Tu mérites mieux que moi, lâcha Ellie comme si elle essayait réellement de lui faire reprendre raison.

C'était le dernier avertissement qu'elle pouvait lui donner, mais dans tous les cas, il arrivait bien trop tard.

— Tu penses que je suis trop bien pour toi ?

— Ce n'est pas difficile de l'être.

— C'est vrai.

Ellie s'étonna de sa franchise tandis qu'il répéta :

— C'est vrai. Le truc, en fait, c'est que tout le monde est trop bien pour toi. Parce que tu ne penses pas te mériter toi même... Mais, tu vois, aussi longtemps que ce sera comme ça, je te mériterai pour deux.

La jeune fille resta médusée face à lui. Ce moment était-il réel ? Quelqu'un avait-il vraiment osé dire cela à Ellie Lefevre ? Elle qui avait arrêté d'y croire ou qui, plus probablement encore, n'y avait jamais vraiment cru.

— A tes risques et péril, Lucas.

Derechef, il parcourut la distance qui les séparait et emprisonna sa bouche, appréciant la douceur de ses lèvres et son souffle haletant sur sa peau. Elle accrocha ses mains gelées autour de sa nuque ce qui lui extirpa un frisson et il attrapa ses hanches pour la coller à lui. Ellie était frigorifiée et il la serra contre son corps pour la réchauffer. Ses mains parcourant son dos la faisaient frissonner de plaisir. Les doigts de la jeune fille accrochés à sa nuque descendirent jusqu'à sa poitrine où elle sentait son cœur battre à tout rompre. Elle continua l'introspection de son torse, effleurant de ses mains ses abdominaux à travers son pull, ce qui le fit sourire. Leurs lèvres se décollèrent encore pour finalement se retrouver après qu'ils aient repris leur souffle.