Chapitre 20 : Can you feel the love tonight

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— Tu veux boire quelque chose ? Interrogea Ruben à son petit-ami en s'engouffrant dans sa cuisine.

Le garçon avait invité Gautier à venir voir un film chez lui à la fin de leur journée de cours pour fêter le week-end après cette longue semaine de bac blanc.

Ruben pénétra dans la pièce et s'arrêta stupéfait devant ses parents qui étaient tous les deux installés autour de la table, en train de prendre leur café.

— Vous êtes déjà rentrés ? S'étonna le garçon en reportant son regard sur Gautier qui venait de pénétrer timidement dans la cuisine.

— Oui ma réunion a été annulée, l'informa Boris en se levant de sa chaise pour ranger sa tasse dans le lave-vaisselle, Bonne journée ?

— Oui ça va.

— Le BAC blanc ?

— Pas trop mal, répondit Ruben vaguement.

— C'est ton camarade de classe ? Interrogea Béatrice à son fils en observant Gautier d'un air suspicieux, Vous avez fait un exposé il n'y a pas longtemps, n'est-ce pas ?

— Oui, lui répondit-il en jetant un rapide coup d'œil à son père qui soupira discrètement.

— Je dois me préparer pour ce soir, ajouta d'ailleurs celui-ci en quittant soudainement la cuisine.

Comme tous les vendredi soir, son père rejoignait ce stupide club pour gentlemans qui réunissait les pères des grandes familles parisiennes. Enfin, c'était la version officielle, car, en réalité, ils allaient juste se bourrer la gueule et critiquer leur femme.

— Moi aussi je dois filer, j'ai un coup de fil à passer, enchaina Béatrice en s'éclipsant à son tour de la pièce.

Ruben et Gautier se retrouvèrent seuls dans la cuisine et le garçon se dirigea vers son frigidaire pour sortir une bouteille de jus de fruit. Il sortit ensuite deux verres sous le regard gêné de Gautier et les remplit généreusement avant de lui en tendre un.

— Ne t'inquiète pas, c'est toujours comme ça depuis qu'ils savent que je suis homo, lui murmura Ruben tandis que Gautier attrapa son verre du bout des doigts, Dès que j'entre dans une pièce, ils en sortent aussi vite que possible. Ce n'est pas toi qui les fait fuir. C'est moi.

— Ils ont tort, rétorqua Gautier en embrassant son petit-ami sur les lèvres.

— C'est à eux qu'il faut le dire, pas à moi, bafouilla le garçon en tentant de garder son calme.

Pourtant, Ruben avait l'habitude de ce genre de comportement. Il ignorait pourquoi, mais le fait que Gautier ait assisté à cette scène la rendait encore plus atroce, peut-être parce que plus réelle.

— Hey mon chou ! S'exclama son petit-ami en l'attrapant par les bras alors que Ruben venait de reprendre son verre vide pour le poser dans l'évier, Viens-là.

Ruben refusa de se retourner vers lui, de peur d'exploser en sanglots. Toute cette tension à la maison commençait à lui peser sur le cœur et l'absence de Jared n'arrangeait pas les choses.

Gautier se rapprocha du garçon et, passant derrière son dos, il cala son visage dans le creux de son cou et inspira son odeur. Ruben attrapa les mains de son petit-ami et les fit passer sur son torse pour qu'il puisse le serrer contre lui.

— Tes parents ont tort, répéta Gautier à son oreille, Ce n'est pas à eux qu'il faut le dire, mais à toi. Parce qu'il faut que tu comprennes que ce n'est pas ta faute s'ils agissent ainsi. Certaines personnes ont besoin de temps pour comprendre. Même si c'est difficile, tu es assez exceptionnel pour que tes parents puisent dans le peu de tolérance qu'ils ont et trouvent ce temps pour accepter ce que tu es. Ils le feront Ruben, je te jure qu'ils le feront, comme ma mère l'a fait. Il faut juste... Du temps.

NantisWhere stories live. Discover now