Chapitre 12 : Damn you

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— Vous pouvez retourner la feuille, déclara la voix sèche d'Audrey Lebaux, la professeure de littérature du lycée Saint Richard.

Fébrile, Anna retourna sa copie et lu le sujet à la vitesse de la lumière : « Tu causes, tu causes, c'est tout ce que tu sais faire. En quoi cette citation reflète-t-elle l'œuvre de Raymond Queneau ? ». Un soupir de frustration s'échappa de ses lèvres. Zazie dans le métro était le premier livre de l'année qu'ils avaient abordé en cours, mais elle n'avait pas eu le temps de le réviser, hier soir. Et pour dire, elle était rentrée tellement tard chez elle après la soirée de Noah qu'elle n'avait pas trouvé la force nécessaire pour se plonger dans ses bouquins. Dire qu'elle n'était encore jamais allée à un devoir sans l'avoir révisé. C'était une sensation étrange et, pourtant, pas aussi dramatique qu'elle l'avait imaginé. Maintenant que Noah était entré dans sa vie, c'était comme si les cours et tout ce qui l'avait obsédé jusqu'alors en avait profité pour s'échapper. Au fond, ce n'était pas désagréable. La jeune fille avait enfin l'impression d'être comme les jeunes de son âge. Désormais, elle se demandait à chaque début de semaine ce qu'elle allait pouvoir faire le week-end prochain et non plus quel bouquin elle allait lire.

Anna attrapa finalement un stylo dans sa trousse et commença à griffonner sur son brouillon. Même si elle n'avait pas révisé, ce n'était pas le moment de se laisser porter par ce genre de pensées... Non, en fait, elle ne pouvait s'en empêcher.

Elle reposa son stylo sur la table et positionna ses deux mains sous son menton pour faire tenir sa tête, repartant dans ses pensées par la même occasion. Noah lui avait proposé d'aller au cinéma, ce soir, et elle se demandait à quel genre de films il allait bien pouvoir l'emmener. Un film d'amour ? Pas son style. Un film d'action ? C'était fort possible... Ou peut-être une comédie romantique. C'était le mélange parfait à une relation amicale qui pouvait possiblement aller plus loin.

— Anna ? Murmura une voix juste à côté d'elle.

La jeune fille sursauta et elle se retourna vers son meilleur ami qui l'observait d'un air inquiet.

— Tu fais quoi ? L'interrogea Lucas, sceptique.

— Je réfléchis, rétorqua-t-elle en chuchotant.

— Vu le sourire niais que tu avais, tu ne réfléchissais pas au sujet, commenta-t-il, ironique.

— Je ne...

— Vous voulez qu'on vous aide peut-être dans le fond ? S'exclama soudainement la professeure de littérature.

Anna marqua un sursaut de surprise, avant de pousser un soupir de soulagement. Madame Lebaux ne s'adressait pas à eux deux, mais à Esther et Étienne qui étaient assis au dernier rang de la classe et ne s'étaient pas vraiment gênés pour tricher. Comme si l'un des deux pouvait réellement changer la donne, songea la jeune fille, altérée. Ils étaient aussi abrutis l'un que l'autre.

— Non, on s'en sort très bien sans vous, rétorqua la jeune rousse.

— Mademoiselle Perrin, grinça la professeure, exaspérée par cette idiote.

Et au fond qui ne l'était pas ?

— Le BAC est dans quelques mois, reprit-elle en croisant ses bras sur sa poitrine, Ça ne vous dit pas de réfléchir par vous-même une fois dans votre vie ?

Anna vit les yeux d'Esther s'illuminer en un éclair. Elle semblait presque contente de s'être fait remettre à sa place. Cette idiote n'avait vraiment aucun amour propre.

Finalement, Anna se retourna vers son sujet et entendit Lucas à ses côtés :

— Concentre-toi et arrête de rêvasser de Noah.

NantisWhere stories live. Discover now