Chapitre 48 / Retour à la normale ?

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Lupita s'habilla comme elle avait l'habitude. N'ayant pas pu parler à Ryker la veille, elle ne savait pas si ce jour serait le dernier chez Anthéa Inc. ou bien le premier d'une nouvelle période plus sereine. Elle décida cependant d'aborder la journée avec le sourire. Il lui semblait que si on voulait le soleil, il fallait l'appeler de ses vœux en ayant une attitude positive. Elle refusait de se mettre la rate au court-bouillon plus longtemps pour des idiots qui ne le méritaient pas. Et advienne que pourra. Elle saurait rebondir. Elle avait toujours su. Et puis, elle n'était pas seule.

— Bonjour, Mlle Jones ! Bon week-end ? demanda Éric Vivier lorsqu'elle arriva au pôle informatique.

— Oui, Monsieur Vivier. Reposant, mentit-elle sans vergogne.

Nous n'étions que lundi matin. Même si Deimos Yannopoulos avait l'intention de lui nuire, il n'avait pas pu faire grand-chose pendant le week-end. Ses petits « soldats » allaient sans doute se mettre en marche dès qu'ils le pourraient. À moins qu'il n'en ait pas encore donné l'ordre. Elle ignorait quand la vague s'abattrait sur elle, mais pour le moment, elle ne semblait pas avoir atteint le pôle.

Elle rejoignit donc son poste en saluant tout le monde à la cantonade et se mit immédiatement au travail. Elle avait une demande du service géopolitique/Asie à traiter, ça tombait bien. Elle ne remarqua pas l'absence de Klaus.

***

Darius s'installa à son bureau en temps et en heure pour ensuite rejoindre une réunion durant laquelle il tenta de ne pas décrocher. Il remarqua du coin de l'œil que Jung n'était pas en meilleur état. La question était : est-ce que ses collaborateurs se rendaient compte de son inattention ? Il ne remarqua aucun regard de connivence entre eux ce qui le rassura. Il parvint même à faire illusion en posant quelques questions.

Quand il sortit enfin de la salle, il rejoignit son bureau avec l'espoir d'y trouver une bouteille d'eau fraîche. Il avait une soif de cheval en fin de course. Jung le suivait en silence. Ce qui fait que lorsqu'il ouvrit la porte et trouva Klaus en train de trafiquer sur son PC, ils se télescopèrent en s'arrêtant.

— M.Carpentier ?

— M.Ryker. Je suis venu vérifier un truc ou deux sur votre PC, parce que ce week-end, il y a eu du passage, embraya l'informaticien en replongeant sous le bureau.

— Du passage ?

— Humhum. Des fichiers ont été transférés depuis votre PC. Vous n'avez rien vu sur le deck ? Vous n'avez pas eu d'alerte ?

Ryker vérifia le deck qu'il tenait à la main. Il ne l'avait pas vraiment regardé du week-end, occupé à gérer Deimos et Lupita. Lorsqu'il avait travaillé depuis chez lui sur des dossiers qu'il transportait sur une clé USB, le samedi matin, il n'avait eu aucun problème. Il vérifia son téléphone. Rien non plus.

— Le deck serait HS ?

— Pour ça, il faut voir Lupita. Moi, je gère le PC, elle, le deck.

— Comment avez-vous su pour les transferts ?

— Vous m'avez demandé de surveiller une certaine personne et votre PC, c'est ce que j'ai fait. Mais je n'ai vu l'intrusion que ce matin. Je n'étais pas d'astreinte ce week-end et j'étais occupé.

— Je ne vous reproche rien, M. Carpentier. Vous pouvez me dire ce qui a été transféré et vers quel PC ?

— C'est ce que j'essaye de déterminer.

— Mais je croyais que...

— Celui qui a fait ça, est un petit malin. Il n'a pas agi comme... Enfin. C'est compliqué et j'ai pas le temps d'expliquer. Faut juste que je trouve un truc.

— Bon. Pendant que vous faites ça, je vais voir Mlle Jones pour le deck.

— Oui, c'est ça ! Faites ça ! répondit la voix sous le bureau.

— En voilà une occasion en or, murmura Jung quand ils eurent refermé la porte.

—J'y vais seul. Toi, tu surveilles le colosse.

— À moi la masse de muscles torrides, à toi la crevette survitaminée. J'ai compris, dit Jung en retournant dans le bureau.

Darius eut un petit sourire en coin en s'éloignant. Klaus Carpentier pouvait être qualifié de bien des choses, mais pas de masse de muscles torrides.

— Mlle Jones ? M.Ryker voudrait vous voir dans la salle de réunion. C'est au sujet du deck. Je crois qu'il y a un problème.

— Klaus n'est pas là ?

— Klaus est déjà en action dans le bureau du directeur.

— OK. Je vais chercher mes outils et j'y vais, lâcha Lupita en se levant.

Elle appréhendait maintenant de se retrouver seule avec Darius Ryker. La dernière fois qu'ils s'étaient vus, il l'avait embrassé, et elle l'avait giflé. La situation était différente, certes, mais quand même. Elle prit une grande inspiration en ouvrant la porte et expulsa l'air en manquant d'éclater de rire en voyant la tête de son patron.

Darius savait faire illusion, c'était certain, mais sachant ce qu'elle savait, elle remarqua immédiatement les yeux fatigués et moins alertes que d'ordinaire, la raideur du corps et la fatigue générale.

— M.Ryker.

— Mlle Jones.

— Il y a un problème avec le deck ? demanda-t-elle en déposant sur la table sa petite trousse d'outils de précision.

Elle avait laissé une place libre entre eux. La salle de réunion avait la partie haute vitrée. Personne ne devait soupçonner quoi que ce soit les concernant.

— Oui, manifestement, il y a eu des intrusions sur mon PC ce week-end et je n'ai pas eu d'alerte, répondit-il en faisant glisser l'appareil vers elle.

Elle se mit aussitôt à faire des vérifications. Pendant qu'elle opérait, elle le questionna sans en avoir l'air.

— Votre cou va bien ?

— Vous êtes donc entrée.

— En effet.

— Et vous avez cru bon de faire du ménage.

— Je vous ai aussi glissé un coussin sous la tête.

— La situation semble vous amuser.

— Pourquoi pas ?

— Ça ne devait pas se passer comme ça.

— Vous parler de ce catastrophique week-end ou de ma visite chez vous hier ?

— Les deux probablement.

— Je suis d'accord. Mais ça s'est passé, et je ne sais toujours pas où nous en sommes.

— Nous devons discuter dans un lieu tranquille où nous ne serons pas interrompus.

— Est-ce que ça veut dire que je ne suis pas virée pour le moment ?

— Est-ce que j'ai l'air d'avoir envie de vous virer, Lupita ?

La jeune femme redressa la tête pour regarder Ryker. C'était la première fois qu'il l'appelait par son prénom sans y être contraint.

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