Chapitre 74 / Un lundi matin pluvieux

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Le lundi matin fut un réveil froid et glacé pour nombre de parisiens qui découvraient le déluge se déversant à l'extérieur. Les températures avaient assez brutalement chuté dans la nuit donnant à cette journée proche de l'été, des airs de fin d'automne frissonnant. Après le week-end ensoleillé et doux, c'était la déconfiture. Un début de semaine qui s'annonçait merdique et triste pour beaucoup.

Lupita n'était pas de cet avis. Elle s'était levée avec la ferme intention d'oublier ce fameux week-end. Elle était déterminée à ne pas revoir son patron dans les jours à venir. Elle avait besoin, d'air et pas du même que lui, si possible. Elle avait promené Pop-corn en échafaudant une stratégie d'évitement qui lui parut redoutable d'efficacité. Pourtant, le chien ne lui avait pas laissé beaucoup de temps, la pluie étant son ennemi juré.

Arrivée la première au bureau sans avoir croisé personne, sinon quelques gars de la sécurité, elle s'était installée à son bureau, casque sur les oreilles et musique à fond pour, dans un premier temps, consulter les fichiers de surveillance afin de détecter une intrusion dans le PC du patron. Elle pensait naturellement que Klaus ne serait pas là ce matin-là, puisqu'il avait été d'astreinte le week-end. C'était donc à elle de mettre à jour les informations, qu'elle se ferait une joie de transmettre à Klaus pour qu'il prenne le relais dès son retour. Puis, ne remarquant rien de suspect, - Deimos avait-il été occupé ailleurs ? -, elle s'était attelée à son travail en cours.

Du White Stripes plein les oreilles, elle ne remarqua même pas l'arrivée de ses collègues. Plongée dans les lignes de codes, elle effaçait les traces de son week-end en saturant son esprit de nouvelles informations. Elle suivait les pistes demandées. Cherchait l'information qui compléterait les dossiers. S'activait comme elle aimait à le faire avant l'intrusion de Darius Ryker et Jung Park dans sa vie.

Son air de dogue et sa concentration impressionnèrent ses collègues qui, d'un commun accord, décidèrent de ne pas la perturber. Lupita pouvait être le rayon de soleil de votre journée. Mais pas aujourd'hui.

Telle une combattante en immersion, elle émergea vers l'heure du repas, sonnée, mais satisfaite, car elle avait bien avancé. Levant enfin les yeux vers le reste du plateau, elle put observer chacun travailler dans un joyeux cliquetis de claviers et de souris, avant d'apercevoir Klaus à son poste, courbé sur l'écran. Même s'il avait travaillé tout le week-end, il était là.

Lupita décida d'aller le voir pour discuter de son travail du matin qu'elle lui avait, par ailleurs, transmis dès qu'il avait été fini. Peut-être avait-il vu des choses intéressantes ce week-end ?

— Salut Klaus. Tu as vu ce que je t'ai envoyé ce matin ?

— Salut, Lupe. Tu étais là tôt.

— Ouaip. Tu as regardé ?

— Hum. Hum, marmonna-t-il laconiquement, comme il le faisait d'ordinaire avec ses autres collègues. Rarement avec Lupita.

— Il y a un problème ?

— À toi de me le dire ? dit-il en appuyant sur une touche.

Tourné vers elle, il la fixait découvrant la photo d'elle et de Darius qui s'affichait en grand sur l'écran. « Putain ! Il n'avait pas perdu de temps ! » s'exclama Lupita dans sa tête, sachant qu'il s'agissait plus probablement de Jung. Elle s'était penchée pour faire disparaître l'objet du délit en jetant un œil sur ses autres collègues. Personne n'avait rien vu, manifestement.

— C'est compliqué, s'entendit-elle dire à Klaus tout bas.

— Ça, tu peux le dire. Et ça ne va qu'empirer quand les autres le sauront ! murmura Klaus en reprenant sa place face à l'écran.

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