Chapitre 95 / Explication de texte

524 99 20
                                    

Lupita et Darius étaient sortis du musée, laissant Cyrus à sa flânerie artistique. Ils avançaient côte à côte sans se toucher dans une allée de Central Park. Lupita tenait le dessin contre elle, elle ne voulait pas le plier. Or, il était trop grand pour tenir dans son sac à main.

En même temps, son portefeuille et son smartphone y tenaient à peine. La jeune femme se demandait comment Emmanuelle avait pu la convaincre d'acheter ce petit morceau de cuir hors de prix. Ah ! Si elle savait. « Il irait tellement bien avec ce pull vert et ce pantalon cigarette noir » qu'elle portait justement aujourd'hui avec une paire de ballerines, dont elle ne regrettait pas l'achat tant elles étaient confortables.

Passées ces considérations totalement superficielles, elle se demanda ce qu'elle fichait là avec Ryker. L'accompagnait-il parce qu'il avait peur pour elle ? Ou pour une autre raison ? Elle devait savoir. En fait, elle n'en pouvait plus de ce silence entre eux.

Prenant son courage à deux mains, elle ouvrit la bouche, mais aucun son ne sortit. D'un coup, tout sa force l'avait abandonnée. L'accumulation des affirmations concernant les sentiments de Darius qu'elle pensait feints, lui pesait. Elle n'aimait pas la situation, mais appréhendait de la démêler. Pourquoi donc ? Si les choses s'éclaircissaient, ne serait-elle pas plus sereine ? Non, car alors il n'y aurait plus qu'une seule possibilité. Franche. Claire. Sans ambiguïté.

Le doute permettait l'espoir... Est-ce qu'elle était folle ? Elle n'allait pas commencer à délirer comme Cyrus, ! Il fallait que les choses soient claires ! Soit Darius feignait effectivement ses sentiments, comme stipulé dans le contrat, pour donner le change à sa famille.

Soit Darius ne feignait pas ses sentiments, et là, Lupita était dans ce que l'on pouvait communément appeler « la merde », parce qu'elle n'avait pas songé à cette éventualité. Enfin, si. Enfin, non. Enfin, si, mais seulement brièvement, à des moments fugaces où un petit espoir s'était mis à frétiller dans son cœur, aussitôt bien calmé par un truc dit ou fait par son patron qui entrait en pleine contradiction avec ce vain et absurde espoir.

Voilà pourquoi Lupita n'osait plus ouvrir la bouche.

***

Darius marchait en silence. Il se demandait comment aborder le problème. Il était bien conscient qu'il n'aurait probablement pas de meilleur moment pour s'exprimer et qu'il devait le faire. Il ne pouvait décemment pas continuer à embrasser Lupita Jones de manière aussi passionnée sans fournir d'explication à un moment ou à un autre. Elle allait finir par le frapper... Et il l'aurait bien cherché ! Cependant, lui qui venait d'affronter tout un conseil d'administration, avec son propre grand-père en premier attaquant hargneux et fourbe, redoutait de parler avec la femme dont il était, indubitablement, tombé amoureux.

Contrairement à Lupita, il voulait éclaircir la situation. Il le souhaitait réellement, mais craignait de tout perdre en le faisant. Le contrat lui permettait de conserver Lupita sous sa coupe. Dévoiler ses sentiments, c'était prendre un énorme risque qu'il ne se sentait pas prêt à prendre.

Il en était à se dire qu'il valait peut-être mieux attendre d'être rentré à Paris, quand il se rendit compte que Lupita s'était arrêtée brusquement.

Leurs pas les avaient menés face au lac. Lupita s'arrêta alors pour fixer Darius Ryker avec un brin d'irritation sur le visage.

— Vous ne comptez pas me faire monter sur une fichue barque, j'espère ?

Il fut amusé qu'elle puisse le croire assez fou pour tenter une telle chose, après ce qui leur était arrivé dernièrement.

— Non. À moins que vous n'ayez une envie irrépressible d'affronter vos peurs. Tout est possible avec vous, Mlle Jones.

Tout sur LupitaWhere stories live. Discover now