Chapitre 106 / Fin de game ?

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La course vers l'hôtel fut trop courte et trop longue à la fois pour réaliser ce qui allait suivre sans l'appréhender un peu. Assis l'un près de l'autre, se frôlant à peine sur les sièges usés du taxi, ils n'osaient pas se regarder de peur de ne pouvoir se retenir de s'embrasser.

Le jeu entre eux avait trop duré. Émaillé d'incertitudes, de conflits et de drames, il imposait maintenant une certaine urgence à atteindre ce à quoi leurs deux corps aspiraient avec fébrilité. Ils en étaient conscients tous les deux.

Leur torture charnelle se prolongea à l'hôtel où ils durent prendre l'ascenseur avec un autre couple. Encore une fois, l'espace n'était pas à eux. Ils ne pouvaient que l'incendier de leur désir sans rien assouvir, comme deux assoiffés face à une fontaine inaccessible, mais si proche.

Dans le couloir interminable qui les menaient à la chambre de Darius, ils marchèrent côte à côte sans même se toucher vraiment. Quelques frôlements de doigts involontaires les firent tressaillirent aussi bien l'un que l'autre, comme si ce simple et unique contact les électrisait. Pour autant, ils ne s'abandonnèrent par à renouveler l'expérience ici, pas plus qu'ils ne se pressèrent vers la porte de la chambre, comme si à l'approche de cette liberté d'aimer et de jouir de l'autre, quelque chose les retenait.

Cependant, en passant la carte dans la serrure électronique, Darius s'empara de la taille de la jeune femme avec autorité. Il n'était pas question pour lui d'appréhender ce moment. Il devait cesser de réfléchir. Et il ne voulait pas que Lupita ait le temps de réfléchir non plus. Il la pensait capable de tout arrêter au moindre prétexte.

Aussi, à peine la porte de la chambre fermée derrière eux, et sans prendre la peine d'allumer la moindre lampe, Darius plaqua Lupita dos au mur le plus proche. Il s'empara alors de ses lèvres et l'étouffa de baisers passionnés, auxquels elle répondit avec ardeur, tandis que leurs mains s'exploraient avec de plus en plus d'audace.

Combien de fois Darius avait-il imaginé ce moment ? Tant et tant de fois. Et dans aucun de ces rêves les plus torrides, il n'avait songé que la jeune femme répondrait avec autant de passion. Il l'avait imaginée timide, incertaine, le laissant l'amener à la jouissance. Or, Lupita n'était pas ce genre de partenaire. Elle n'avait peut-être pas autant d'expérience que lui, mais elle savait ce qu'elle voulait. Elle savait ce qu'elle désirait. Et c'était lui, sans aucun doute possible.

Ne réfléchissant plus à rien, se laissant emporter par ce besoin de la posséder, Darius la souleva sans difficulté pour la porter jusqu'au lit. Elle le laissa faire avec un petit gloussement qui attisa encore plus son désir d'elle. Mais elle ne resta pas inactive. Loin de là. Ses jambes s'enroulant autour de la taille de Darius, elle se mit à lui mordiller l'oreille, tout en lui caressant le torse avec une sensualité à peine supportable. Il prit alors conscience que si elle l'avait mis torse nu avec facilité, lui n'avait même pas encore atteint ses seins. Il la déposa alors sur le lit, avant de se jeter sur elle en grognant de dépit face à toutes les couches de vêtements qui la recouvraient, éparpillant chaque pièce enlevée de haute lutte, aux quatre coins de la chambre. Elle riait de son entreprise, alors qu'elle le mettait, lui, si rapidement nu.

Puis, leurs peaux se collèrent enfin l'une à l'autre, et le désir, tenu en laisse si longtemps, se déchaîna, les emportant vers des spirales de jouissances qu'ils n'auraient même pas espérées.

***

Lupita ouvrit les yeux sur le ciel peuplé de nuages qu'offrait la fenêtre de la chambre d'hôtel. Elle sourit en sentant la chaleur du corps contre le sien. Darius respirait dans son oreille, allongé contre son dos, il avait passé ses bras autour d'elle comme s'il avait eu peur qu'elle ne disparaisse au petit matin.

Elle se tortilla légèrement pour changer de position et se mettre face à lui. Elle nota alors la petite barre entre ses deux sourcils et son visage crispé. Elle passa ses doigts sur ses traits contrariés, et ils se détendirent aussitôt alors qu'un sourire s'étirait sur ses lèvres.

— Je veux chaque réveil comme celui-là, murmura-t-il.

— Tu veux dire : ébloui par le soleil matinal et la vessie en feu ?

Sans ouvrir les yeux, il sourit plus largement encore et écarta les bras pour la libérer.

— Reviens vite, se contenta-t-il de répondre.

Elle sauta hors du lit et se rua vers la salle de bain. Une fois soulagée, elle ne put s'empêcher de lorgner avec envie vers la douche. Elle en avait bien besoin. Cette nuit avait été torride à plus d'un titre, elle était fatiguée et puait comme un chien qui se serait roulé dans un caniveau un jour de pluie.

Lorsqu'elle sortit en peignoir de la salle de bain, Darius n'avait pas bougé du lit. Elle commença à chercher ses vêtements éparpillés dans toute la chambre en marmonnant parce qu'elle ne trouvait pas l'essentiel : sa petite culotte.

— C'est ça que tu cherches, entendit-elle derrière elle.

Darius s'était redressé pour s'adosser à la tête de lit. Il tenait fièrement dans une main, la petite culotte de sa petite-amie officielle.

— Où est-ce que tu l'avais mise ?

— C'était la dernière pièce ! La pièce maîtresse. Je me devais de la conserver au plus près de moi ! lança-t-il aussi fier que s'il tenait un trophée après une victoire sportive.

Lupita s'approcha avec un sourire amusé sur les lèvres pour la prendre. Darius l'attira alors contre lui dans un geste ample qui la propulsa sur le lit à ses côtés. Il se mit aussitôt en devoir de lui ôter son peignoir en l'embrassant. Elle se mit à rire en l'en tentant de l'en empêcher.

— Ça t'apprendra à aller te doucher sans moi, vilaine fille.

— Tu n'avais qu'à venir !

— La porte était fermée à clé !

— Ohhh... mauvais réflexe ?

— C'est ça, oui... murmura-t-il en lui caressant les seins qui pointait déjà de façon outrageuse.

— Je veux chaque réveil comme celui-là, murmura-t-elle à son tour en se cambrant sous les caresses de plus en plus intrusive de son amant, patron, petit-ami...

— Tu veux dire seule sous la douche...

— Tais-toi et embrasse-moi encore, l'arrêta-t-elle en se jetant sur lui.

Lupita se débarrassa entièrement de son peignoir et chevaucha Darius sans vergogne. Quelque chose cette nuit s'était révélé à elle pendant qu'ils faisaient l'amour encore et encore. Darius Ryker avait de nombreux défauts, certes. Des défauts qu'elle combattrait à sa manière, parce que justement, il n'avait pas que des défauts.

Il ressentait pour elle un amour incroyable, et un désir insatiable qui la rendait forte, qui lui donnait des ailes. Avec lui, elle savait qu'elle grandirait plus vite, plus harmonieusement aussi. Avec lui, elle pouvait envisager l'avenir et pas seulement demain.

Elle l'aimait, voilà tout. Elle comprenait que sa colère avait été alimentée par son incapacité à exprimer ce qu'il ressentait vraiment pour elle, par sa propre incapacité à reconnaître ce qui était né sans effort en elle. Mais tout cela était fini. Ils s'aimaient, ça ne faisait aucun doute. Peu importe le temps que ça durerait entre eux (elle ne pouvait pas non plus effacer son petit côté pessimiste d'un seul coup de gomme !), elle profiterait de chaque jour comme du premier, comme du dernier. Elle se le promettait. Et peu importait les forces à l'œuvre contre eux, contre leur couple, ils surmonteraient tous les obstacles ensemble.


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