Chapitre 81 / Abus de faiblesse ?

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« Ça n'était pas la première fois qu'il l'embrassait ». C'est la première chose qui vint à l'esprit de Lupita lorsque leurs lèvres se rencontrèrent, d'abord timidement, puis de manière plus...intime. Darius avait posé ses mains sur le matelas, de chaque côté de la jeune femme, l'enfermant sans la contraindre. Il lui aurait suffi d'un coup d'épaule pour lui échapper sans peine.

Lupita ne fit rien de cela. Elle se contenta de répondre au baiser sans toucher Darius, cependant. Elle ne réfléchissait pas vraiment à ce qui était en train de se passer, mais elle avait tout de même conscience d'une anomalie qu'elle ne mesurait pas entièrement.

Le baiser commençait à devenir réellement passionné, et Darius se rapprochait imperceptiblement. Il interprétait positivement le mouvement de la main de la jeune femme, venant se poser sur son torse, comme si elle avait eu l'intention d'écouter les battements de son cœur affolé.

Devant le consentement tacite de Lupita, sa main à lui avait enveloppé sa nuque à elle, dans un geste de possession empli d'intensité. Jusqu'à ce qu'il y mette fin de manière précipitée, quand le déclic d'une ouverture de porte résonna dans la chambre silencieuse.

Darius s'écarta alors, comme si Lupita avait eu la peste, ou « comme un homme qui regrette un moment d'égarement », penserai la jeune femme, bien plus tard, une fois chez elle. Il fourragea dans sa tignasse, et laissa la place aux deux amies de Lupita qui venaient aux nouvelles, inquiètes de la tranquillité du lieu. Elles suivirent des yeux la sortie du patron d'Anthéa, manifestement troublé par quelque chose.

— Tu nous expliques ? demanda Aïko à Lupita encore adossée au lit en état second.

— Je ne sais rien.

— Wrong answer... try again !

— Arrête, Aïko ! Tu as mal quelque part, Lupe ? Tu veux te recoucher ? Je pense qu'on devrait appeler une infirmière pour te remettre la perfusion...

— Non, ça ira, Emma. Je veux rentrer chez moi. J'ai besoin de...

— Ton cocon ?

— D'être chez moi avec Pop. J'ai besoin de réfléchir.

— Ok. Je vais voir les infirmières, dit Aïko. Tu récupères toutes ses affaires, Emma ?

— No problemo.

***

Aïko avançait dans le couloir comme un général sur le champ de bataille. Elle sentait que Ryker avait dit ou fait quelque chose d'inhabituel. Et par inhabituel, elle entendait, autre chose que de s'emporter injustement contre son amie ou de l'obliger à faire un truc contre sa volonté. Il avait un air bizarre quand il était parti. Et Lupita était ailleurs. En même temps, l'état de son amie pouvait aussi n'être que le résultat de sa mésaventure dans la Seine ? Va savoir !

Aïko fulminait. Même si en façade, elle minorait ce qui était arrivé à son amie, en réalité, elle était atterrée par l'éventualité de la perdre d'une manière aussi brutale. La jeune femme pouvait accepter la fatalité d'une maladie, mais pas la funeste opportunité d'une mort par accident.

Quand elles avaient été mises au courant de ce qui s'était passé, Emmanuelle et elle s'étaient précipitées à la clinique, abandonnant ce qu'elles étaient en train de faire : un cours pour l'une, quelques heures de présence au magasin de photos pour l'autre. Le bonheur fugace du week-end avait été effacé instantanément. Il n'y avait plus eu que l'inquiétude pour Lupita dans l'attente de son réveil.

Quelques années plus tôt, elle n'aurait jamais pensé pouvoir s'attacher autant à une autre personne, et du même sexe en plus ! Mais Lupita avait eu ce pouvoir sur elle. Emmanuelle étant indissociable de la jeune femme, l'amitié avait coulé de source. Et maintenant, comme elle aurait dû s'y attendre, elle en souffrait.

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