Chapitre 102 / Ce que font les amies

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Alors que le sommeil gagnait Lupita de manière inéluctable, elle entendit quelqu'un frapper à sa porte. Le chien redressa la tête et émit un grognement de mécontentement avant de se lever. Ne pouvaient-ils pas avoir une fin de soirée tranquille ?

Lupita le suivit en frémissant. Et si elle avait eu tort d'imposer à tout le monde sa volonté de solitude ? Et si Rochemer avait eu des « amis » à Paris ? Elle s'avança vers l'œilleton de la porte avec appréhension.

— Jung ? s'exclama-t-elle en ouvrant la porte.

— Je n'arrive pas trop tard ? murmura-t-il en jetant un bref coup d'œil à la porte voisine.

Manifestement, il ne voulait pas qu'Aïko vienne. Lupita le fit donc entrer sans délai. Ils n'avaient pas beaucoup parlé depuis son arrivée à Paris. Trop d'émotions, trop d'amitié, trop de fatigue.

Jung ne fit aucune remarque sur le visage fatigué et défait de la jeune femme. Il alla directement s'asseoir sur le fauteuil du bureau, en tournant le dos à l'ordinateur neuf qui y trônait, et auquel Lupita n'avait même pas encore fait attention. Il fallait vraiment qu'elle soit totalement chamboulée pour ne pas remarquer ce détail éminemment important dans sa vie d'habitude. Elle soupira en se laissant tomber sur le canapé défoncé.

— Que ce passe-t-il encore ? demanda la jeune femme.

— Rien de grave pour le moment.

— Pardon ? Pour le moment ?

— Darius ? Tu ne l'as pas vu depuis quand exactement ?

— Mais... Je...

— Réponds Lupita. Magnus n'a pas osé te questionner à ce sujet. Il pensait que peut-être vous étiez en contact à l'hôpital, car tu ne posais aucune question sur lui. Il ignorait s'il pouvait te demander si tu connaissais ses projets, si tu savais où il se trouvait. Il avait peur que tu te mettes en colère, que tu surréagisses... il avait peur pour toi. Il voulait éviter que tu ne saches... je ne suis pas d'accord avec lui.

— Je n'ai pas vu Darius depuis le soir de mon enlèvement. Je l'ai vu pour la dernière fois au repas dans l'appartement de Magnus.

— Pas à l'hôpital ?

— Non.

— Mais il...

— Il quoi ?

— Il était avec toi jusqu'à ton réveil. Tout le temps. Je pensais que tu savais au moins ça. Ça explique ton ressentiment.

La jeune femme ne fit aucune remarque de plus. Son cœur venait d'exploser en millier de petits morceaux. Elle n'avait donc rêvé, ni ses mots, ni ses bras. Darius avait été là. Mais elle, pas tout à fait. Elle se mit à sourire. Bêtement. Comme ça. C'était plus fort qu'elle. Le soulagement, et cet amour qui refusait de la quitter malgré le doute et la colère.

— Je l'ignorais. Où est-il maintenant ?

— En Afrique du sud.

— Qu'est-ce que... qu'est-ce qu'il fait là-bas ?

— Il veut se venger.

Lupita se dressa comme si on lui avait infligé une décharge électrique. Son visage était figé sur une expression atterrée, et tout son corps était crispé d'appréhension.

— Se venger ? Mais...

— Magnus fait tout ce qu'il peut pour accélérer les procédures judiciaires, afin que son grand-père soit arrêté avant qu'il ne comprenne que l'affaire ne s'arrêtera pas là. Il veut éviter une fuite vers un autre pays. Vers un pays d'où il ne pourra pas être extradé. Mais les engrenages sont lents. Deimos a des amis haut placés.

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