Chapitre 75 / Trahison et urgence vitale

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Lupita le tenait au creux de ses filets. Il était là à sa merci. Elle allait lui montrer, à cet abruti, ce qu'il en coûtait de s'en prendre au trésor du dragon.

Puis la connexion fut coupée. Son écran s'éteignit comme s'il n'y avait plus eu de jus, et elle hurla de rage en se levant pour se ruer vers le plateau.

— C'est quoi ces conneries ! cria-t-elle en arrivant.

— Procédure d'urgence, Mlle Jones, répondit calmement Éric Vivier.

— Procé... Mais je l'avais ! Je l'avais ! J'allais l'atomiser !

— Chacun prend une tablette, dit alors Jade qui venait de sortir du local de rangement du matériel.

— Mlle Banalec (Iris)et M. Zerackian (Arig), vous allez à l'auditorium. Vous savez ce que vous avez à faire. Mlle Jadoux (Leia), M. Roston (Steve), M.Monceau (Thomas), M. Lebert (Joshua), M. Albertini (Kevin), avec moi. Nous commençons par le dernier étage et nous descendrons jusqu'au rez-de-chaussée. L'équipe de M. Saadi nous épaulera. Ils nous attendent. Ils viennent de finir de vérifier le toit. Jade, vous accompagnez Mlle Banalec et M. Zerackian.

Et sur ces paroles, ils quittèrent les lieux sans un mot de plus.

— Et nous ? demanda Lupita d'une petite voix pleine d'incrédulité à Klaus qui s'avançait vers elle. On est sur la touche ?

— Nous, on va au -2, Lupe, dit Klaus en tendant la dernière tablette à sa collègue. On n'est pas sur la touche, mais attends toi à bosser sous la pression la plus intense que tu aies connue. Je t'explique dans les escaliers. Viens.

Klaus était au fait de tous les détails de la procédure d'urgence, car il était l'un de ceux qui avaient été chargés de l'améliorer. Quand il avait été embauché, on lui avait demandé d'y jeter un œil. Il en avait pointer les défauts et les failles, et avait modifier le tout, à sa manière. C'est à dire avec tout ce qu'impliquait sa paranoïa naturelle.

Il expliquait à Lupita les détails de cette procédure. Du confinement du bâtiment à la recherche active de la fuite humaine. Pour une fois, il était prolixe. Il était fier de cette procédure, n'imaginait même pas qu'il aurait à la mettre en œuvre un jour. Il était content de le faire aussi.

— Tu devrais être moins fier de toi, Klaus. Ça pourrait paraître suspect, tu sais, lui dit Lupita en souriant malgré la gravité de la situation.

Il haussa les épaules en continuant de pérorer sur des détails, tout en descendant. Ils arrivaient au palier du premier étage, quand Klaus remarqua que Lupita s'était arrêtée. Il la fixa, intrigué.

—Quoi ? Tu trouves que le protocole de réinitialisation n'est pas assez complexe ?

Puis, il nota les détails inquiétants : son teint blême, son visage crispé dans une expression de peur. Instinctivement, il suivit son regard et tomba sur ce qui effrayait autant la jeune femme. En contrebas, près de la porte qui donnait sur les couloirs du premier étage, un homme immobile les menaçait avec une arme.

Plutôt grand. Un corps sec et musculeux. Les cheveux clairsemés se teintant de gris sur les tempes. La peau bistre de celui qui sort peu à la lumière du jour. Un regard mobile à l'affût, dans un visage allongé, dont la bouche charnue s'ornait d'un rictus entre mépris et amertume. Il portait la tenue d'un réparateur d'ascenseur. Quel manque d'originalité. Et pourtant ça avait fonctionné.

— Je vous attendais. Enfin, surtout toi, Klaus. Le roi du pétrole grâce à moi.

— Rochemer. Pourquoi je ne suis pas étonné de te voir ? lança Klaus avec un certain mépris, comme si son interlocuteur ne tenait pas une arme pointée sur lui.

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