Chapitre 49 / La taupe

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La matinée déroula ses heures plus rapidement que Lupita ne l'aurait cru au premier abord. Elle avait commencé par être sur ses gardes, cherchant à savoir si on la regardait de travers ou si ça chuchotait dans son dos. Mais rien de ce genre n'arriva. Les bavardages étaient anodins et plus ou moins les mêmes que la semaine précédente.

Ryker était reparti avec son deck, qui n'avait aucune anomalie soit dit en passant, et Lupita avait travaillé sur les demandes faites par les autres pôles. Depuis que le nouveau patron était arrivé, les attaques massives dont la société avait été la cible, s'atténuèrent. Il y avait bien encore quelques tentatives, mais rien d'aussi pénible à gérer que précédemment. Lupita s'amusait quand même beaucoup, et cela contribuait à ne pas voir le temps passer.

Klaus, quant à lui, était revenu triomphant du bureau du directeur. Il avait découvert comment Deimos avait contourné leur défense et, convaincu que quelqu'un l'avait aidé à mettre en place son discret petit système de pompage d'informations, il observait désormais tous ses collaborateurs avec un regard suspicieux. Sauf Lupita.

La jeune femme demeurait sa meilleure et unique alliée. Elle était la seule qu'il laissait approcher de son propre PC. Ce qui provoqua des scènes étranges dans l'après-midi.

— Lupita, tu peux donner ça à Klaus, stp ? demanda Iris en faisant rouler sa chaise jusqu'au bureau de l'intéressée pour y déposer un dossier papier.

— Pourquoi tu ne lui donnes pas toi-même ?

—J'aimerais bien, mais je ne sais pas ce qu'il a aujourd'hui, pas moyen d'approcher à moins de deux mètres de son bureau, répliqua la brunette avec une grimace... Tu crois que les mecs ont des périodes d'irritation chroniques comme nous ? Parce que s'il n'était pas si barbu et colossal, je dirais bien qu'il a ses règles, murmura Iris sur le ton de la connivence en décochant un sourire moqueur à sa collègue.

—J'y vais, se contenta de dire Lupita en souriant. J'ai appris un truc ce week-end. Les mecs, c'est con, et les nanas, c'est idiot. C'est cadeau, finit-elle en frappant le dossier sur le dessus de la tête d'Iris qui éclata de rire.

— Et tu ne l'as compris que ce week-end ? lança-t-elle en réintégrant sa place à coup de roulettes. Va falloir que tu me racontes !

Iris plaisait à Lupita pour sa légèreté et sa capacité à rigoler de tout. Par contre, elle détestait sa façon de bosser. Ses lignes de code était un vrai bordel, difficile à déchiffrer.

— Klaus, va falloir que tu trouves la taupe rapidement, sinon les autres vont finir par gueuler, murmura Lupita en déposant le dossier sur le bureau du colosse.

— Je sais, mais c'est plus difficile qu'il n'y paraît. Ça ne ressemble pas au travail de l'un d'entre nous.

— Il a peut-être fait appel à quelqu'un d'extérieur à notre pôle ?

— Il n'y a pas eu de nouvelles recrues ces derniers mois, dans l'entreprise. À part toi...

— Tu sais que ça n'est pas moi. Sincèrement, je n'aurais jamais pu laisser un truc dans cet état, dit-elle en désignant les lignes de code qui s'affichaient sur l'un des écrans de Klaus.

— Pourquoi tu dis ça ?

— Regarde ça ! C'est pourri ! Il y a moyen de faire plus simple, non ? Et cette partie, là... on dirait que ça a été écrit par un ado qui tâtonne dans son garage avec des manuels périmés pris à la bibliothèque du coin.

— T'as raison, c'est pas pro.

— Il y a forcément eu une autre entrée que moi. Il faut remonter plus loin dans le temps. Yannopoulos a peut-être placé ses pions bien avant le départ de l'ancien directeur. Genre, au cas où...

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