Chapitre 71 / Un baiser au gout de sel

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Lupita n'approcha plus du rivage du reste de la journée. Après un pique-nique improvisé autour des glacières pleines des Mendès, complétées par ce qu'avaient acheté Jung, Emmanuelle proposa une promenade sur le chemin qui avait été aménagé le long du littoral pour les piétons et les cyclistes. Il y avait un peu de monde, mais Lupita accepta avec joie, pour s'apercevoir finalement que tout le monde venait, y compris Darius et Jung.

Pop-corn en figure de proue au bout de sa laisse, M. et Mme Mendès marchaient devant, comme s'ils avaient été les heureux propriétaires de la joyeuse bande qui les suivait. Estrella et Jasmina tenait la main à un jumeau chacune. Emmanuelle et Aïko avaient pris possession chacune d'un bras de Jung qui se pavanait comme un coq en pâte entre les deux jolies jeunes femmes. Lupita fermait la marche en tenant la main de Roméo, tandis que Darius cheminait à ses côtés sans la toucher.

Bien que pendant le repas, Roméo ait un peu infléchi son opinion vis à vis de Darius – découvrir que son travail consistait à trouver des informations sur tout et n'importe quoi ou n'importe qui, avait impressionné le gamin qui s'était immédiatement imaginé le faux petit-ami en James Bond mais pas british -, il ne comptait pas lâcher Lupita, ce qui obligeait le couple à garder le silence. Darius ne voyait pas de quoi il aurait pu parler devant le gamin si ce n'est du beau temps et de l'air vivifiant. Pas son style. Lupita, qui n'était pas loin de penser comme lui, décida de consacrer du temps à l'enfant en le questionnant sur ses derniers projets artistiques.

Roméo ne se fit pas prier et commença à évoquer une grande feuille de papier que son père avait mise sur son mur de chambre pour qu'il puisse la compléter. C'était un travail de longue haleine avec moult détails qui demandait de la patience. Une fresque digne du grand Raffaello à n'en pas douter, même s'il ignorait qui était ce gugus.

Darius les écoutait d'une oreille distraite en se demandant s'il aurait le temps de nager une fois encore avant de repartir, quand il s'aperçut que Jung s'était rapproché de lui. Il avait abandonné ses compagnes qui marchaient bras dessus, bras dessous devant eux.

— Hey ! Lupe ! Abandonne tous ces mâles dominants et viens avec nous ! lança Aïko en joignant le geste à la parole.

— Ah ! Non ! Elle reste avec nous ! Je dois faire des photos, je vous le rappelle ! s'exclama Jung en brandissant son appareil.

— C'est vrai, j'avais fini par oublier, dit Lupita en jetant un regard furtif à Darius qui fixait Jung avec agacement.

Manifestement le moment ne lui convenait pas, mais son demi-frère n'avait que faire de ses réticences. Il entraîna le couple dans les dunes où quelques arbres en bosquets bravaient le vent à longueur d'année.

— Ce sera parfait ici ! dit-il en désignant une place à l'orée des arbres face à la mer. Ça n'est pas trop près de l'eau, Mlle Jones ?

— Non. Et puis, il n'est pas question de se baigner, n'est-ce pas ?

— Non. Je vous veux assis, l'un près de l'autre, enlacé comme si vous attendiez le couchez de soleil. Je changerai les textures et l'éclairage...

Le faux couple se positionna, un peu gauche dans l'illusion de cette nouvelle intimité. Darius enveloppa les épaules de Lupita et ne bougea plus. C'est à peine s'il respirait. Lupita n'était pas en reste avec son sourire crispé.

— Il va falloir vous détendre. Parce que là, j'ai l'impression de photographier un psychopathe avec sa victime. Ne manque que les menottes.

— Merci pour le psychopathe, grinça Darius.

— Qui a dit que c'était de toi que je parlais ! s'esclaffa Jung en faisant un clin d'œil à Lupita qui sourit largement.

— Et si tu me laissais faire des selfies plutôt. Ce serait plus intime, et moins « je prends la pose ».

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