Chapitre 73 / Entre hommes

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Darius avait eu le temps de se sécher, de se rhabiller et de patienter contre la voiture en fixant le soleil couchant avec un air inspiré, avant que le couple fautif et coupable ne revienne en se tenant la main.

Darius avait compris sans rien demander et était monté dans la voiture pour découvrir Emmanuelle et Lupita endormies sur la banquette arrière. La journée avait été longue, pleine de rebondissements. Elles étaient épuisées, et les sièges du véhicule particulièrement confortables. Comment auraient-elles pu résister?

Darius soupira en se mettant au volant, laissant Jung monter près de lui, tandis que sa dulcinée rejoignait ses amies. Il remonta la vitre intérieur cette fois sans craindre de remarques, - il avait une bonne raison : préserver le sommeil de ses passagères -, et démarra sans à-coups.

Jung se sentait fautif et n'en menait pas large. Il était censé être l'assistant de Darius. Celui qui assurait ses arrières. Celui qui faisait passer sa mission avant son propre plaisir ou intérêt. Or, il avait échoué. Il avait été étourdi par ce qu'Aïko lui faisait ressentir, par tout ce qu'elle promettait de plaisir et de joie. Il avait oublié sa mission pour se concentrer sur lui et elle.

— Tu en es où? demanda finalement Darius sans animosité, tout en conduisant.

— Hum... Je m'excuse, Darius.

— Pourquoi ?

— Parce que je n'ai pas été à la hauteur.

Darius faillit éclater de rire, puis se rappela ses trois passagères endormies. Même avec la vitre, elle risquait de l'entendre. Il n'avait pas un rire discret.

— Ça, je n'en sais rien. Je doute qu'Aïko me dise quoi que ce soit à ce sujet, répondit-il en souriant.

— Tu... Tu fais de l'humour, là ?!

— Jung ! Tu es avant tout mon frère. Assistant n'est qu'une fonction qui ne te définit pas à toute heure du jour et de la nuit ! Tu as le droit d'embrasser une fille, même si je t'attends à poil dans la mer !

— Oh ! Putain ! Je suis désolé...

— Donc, tu ne l'as qu'embrassée ?

— Quoi ?! Mais non ! Je... Ok. Tu as gagné. J'ai couché avec elle dans les dunes, au vu et au su de tous ! Sans aucune vergogne et en abandonnant tes fringues sur le bord du chemin.

Cette fois Darius ne put retenir un hoquet de rire en imaginant la scène.

— J'espère que vous n'avez pas traumatisé des gosses.

— Il n'y avait personne. J'ai vaguement entendu une cavalcade, mais... j'imagine que c'était Emmanuelle.

— Bien imaginé. Je comprends mieux pourquoi elle rigolait en arrivant avec mes affaires. Et heureusement pour toi et nous, les clés de la voiture et mon téléphone étaient encore dans mon pantalon.

Jung se frappa le front en imaginant ce qui aurait pu arriver si quelqu'un avait volé les affaires de Darius. Ce dernier, nu, frigorifié. Eux, incapables de lui fournir de quoi pour se vêtir, sinon leurs propres fringues, devant une voiture inutilisable puisque fermée à clé. Un cauchemar.

— Vraiment désolé, Darius.

— Est-ce que ça valait le coup, au moins ?

Jung se tourna vers son frère et échangea un regard avec lui. Il ne dirait rien sur Aïko. Jamais. Parce que ce qu'il y avait entre eux désormais était bien trop important et fragile.

— Je vois. Donc plus de comédie, se contenta de dire Darius en souriant. Iseul sera contente.

— Seulement si ça dure.

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