Chapitre 2

425 42 21
                                    

Je sors de la voiture en lançant un bref regard à ma maman qui tente une nouvelle fois de me sourire chaleureusement mais qui n'y arrive toujours pas. Elle essaye de plus en plus, mais à chaque fois cela se solde par un échec. J'aimerais vraiment l'aider pour qu'elle m'aime de nouveau mais apparemment elle veut tout faire toute seule telle une grande et une adulte comme elle est. Je suis mal, mais elle préfère faire comme si elle ne le voyait pas. Je ne dirais pas que je n'aime pas ma maman mais elle me rejette la faute sur moi pour quelque chose dont je ne suis aucunement responsable. J'ai donc préféré d'arrêter de faire des efforts pour lui plaire et me taire, le plus possible.

Elle m'en veut parce que je ressemble à papa. Il est partit depuis déjà quelques mois et elle n'arrive pas à tourner la page ; tout comme moi d'ailleurs. J'ai du mal à accepter que je ne pourrais plus jamais le revoir et je ne pourrais plus jamais le serrer dans mes bras et lui dire que je l'aime. Il avait toujours été là pour moi, qu'importent le moment et l'instant. Quand il voyait que je rentrais des cours sans être très bien, il me prenait dans ses bras et me disait que ce n'était rien et qu'il y avait bien plus important dans la vie que de se morfondre. Maintenant qu'il n'est plus là ; lui, mon père, mon modèle, mon ange, mon protecteur ; je me sens vide. Pendant que j'essaye de surmonter l'étape du départ de mon paternel toute seule, mes deux frères le font mains dans la main avec maman pour les soutenir. Ce qu'elle ne fait pas avec moi. Je dois me débrouiller seule sans prendre l'un des cachets comme ceux avec lesquels elle se drogue. Du moins on dirait qu'elle se drogue avec.

Je passe ma main dans mes cheveux en prenant mon courage à deux mains pour ne pas partir en courant du lycée. Je dois les affronter montrer que je suis plus forte qu'eux mais tout aussi plus maline. Sauf que la force mentale ne va pas me sauver face à leur gros bras, leurs muscles et l'hypocrisie qui sont une part entière d'eux. J'avance vers l'entrée de l'établissement qui contient plus de 600 élèves dont moi dedans. Je ne compte pas vraiment, je ne suis qu'une élève parmi les autres aux yeux du directeur qui ne m'a sûrement vu qu'en photo un fois où il avait mon dossier entre ses mains avec une pile d'autre déjà regarder et une autre qu'il devait encore regarder pour l'admission dans son lycée. Je tente de me faire petite en passant devant eux mais je crois que je ne suis pas assez petite ou que mes cheveux sont bien trop voyants.

Ils commencent à rigoler tandis que je baisse la tête pour être sûre de ne pas croiser leurs regards. Je me passerais bien de leurs existences dans ma vie mais je ne peux pas le crier sur tous les toits si je veux vivre encore longtemps ou du moins si je veux un jour fêter ma majorité et trouver un emploi pour commencer une vie serrée et calculée à la seconde près d'adulte. Je comptais continuer ma route quand un bras vient se mettre juste devant moi. Je relève doucement la tête, ayant peur de qui j'ai devant moi. J'avais bien raison d'avoir peur. C'est l'un d'eux qui m'empêchent de continuer mon chemin. Je tente le regard froid mais il me rigole à la figure. Ma journée commence magnifiquement bien, non ? J'ai connu mieux mais j'ai déjà connu bien pire, comme me retrouver la tête dans une des cuvettes des toilettes des garçons avant même la première heure de cours.

-Où allais-tu comme ça Vampire ? Me demanda le garçon qui me bloquait le passage, Arthur Roy.

Je ne suis pas vraiment très sûre de si je dois ou non répondre à sa question. Peu importe ce que je dirais, il trouvera le moyen de m'humilier ou de retourner ma réponse contre moi-même. Peu importe ce que je pourrais bien dire, je me trouverais dans une situation cocasse que je ne désire pas. Mais si je ne réponds pas, je me retrouverais aussi dans la merde. Je crois que je n'ai pas vraiment le choix, en fin de compte.

-Je comptais aller à mon casier, loin de toi et de ta tête. Puis, je ne suis pas un vampire parce que ça n'existe pas, rétorquais-je avec le plus de courage et de confiance que j'avais en moi à ce moment-là.

Je ferme les yeux en m'attendant à recevoir un coup ou à entendre des rires mais rien ne vient. C'est même le silence total. Arthur, toujours devant moi, a ces yeux gros comme deux billes avec lesquels les enfants aiment joués même si j'aurais plutôt en penchant pour dire que ces yeux ressemblaient plutôt à des boules de billards. Je suis assez fière de l'avoir mit « sur le cul » pour une fois et non que ce soit lui. Cela fait du bien d'inverser les rôles pour une fois. Pourtant, je n'ai pas un grand répondant mais rien qu'un minimum leur a suffit à être ne prit de court. Je continue alors ma route m'attendant à en baver de toutes les couleurs la prochaine que je vais les croiser. Ils vont sûrement me faire payer le fait que je leur ai répondu -pour une fois que je le fais, il pourrait me laisser tranquille comme même, non ?- et je n'ai aucune chance d'en sortir de là une trace ou une égratignure. Je devrais m'estimer heureuse de pouvoir m'en aller et filer avant que la foudre ne me tombe dessus. La démarche rapidement et assez désordonnée, loin d'être sûre et convaincante ; je m'avance jusqu'à mon casier pour y déposer quelques cahiers et en prendre d'autre. Qu'est-ce que j'aimerais m'en aller d'ici, partir loin dans jamais revenir.

« Si le monde aimait vraiment tout le monde, s'il y avait vraiment de la place pour tout le monde, si la vie était vraiment si simple que ça ; personne ne souffrirait et personne ne serait réduit au silence non plus. »



Mise à partWhere stories live. Discover now