Chapitre 60

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Je me prends la tête entre les mains, déglutit difficilement et me mets debout, du mieux que je le peux. Je ne tiens pas vraiment droite, mes jambes trembles toujours mais j'essaye de me concentrer pour rester en équilibre alors que les mots de Léa percutent chaque coin de ma tête, rebondissant et se tapant contre une autre paroi. Je m'avance comme je peux jusqu'à ma chaise, reniflant un petit coup et me mordant l'intérieur de la joue droite pour ne pas pleurer. Je m'assois comme je peux sur la chaise, les jambes toujours aussi tremblantes alors que les lacrymales deviennent de plus en plus dur à être retenues.

Je glisse mon index sur le pavé tactile de mon ordinateur portable pour le sortir de sa veille. L'écran se rallume et me fait mal aux yeux, piquant même. Je cligne plusieurs fois des paupières pour m'habituer à cette source lumineuse assez importante alors que les étoiles brillent dans le ciel avec la lune, depuis ma fenêtre. Je regarde quelques instants le ciel et tourne mon regard à nouveau vers l'écran. J'allume, en appuyant sur le petit bouton accroché au fil, de ma lampe de bureau pour avoir une autre source lumineuse près de moi et ainsi, ne pas me détruire les yeux. Je relis encore une fois le dernier message de Léa alias « Tragédie-sanglotée » sur cette plateforme d'écriture et de lecture. Je tapote sur le clavier, alors que cela fait quelques minutes, voire même deux heures qu'elle l'a envoyé et mon corps est encore secoué par ses mots.

« Euphorie_Noire : Je t'en supplie, ne me laisse pas Léa ! J'ai tellement besoin de toi maintenant que tu es entrée dans ma vie ! Je suis devenue dépendante, voilà, je l'avoue. Puis, tu m'as fais la promesse de ne jamais me laisser tomber, de ne jamais m'abandonner, de toujours être présente pour moi. Tu en fais quoi de cette promesse, hein ? Mon monde sans toi n'est plus un monde, juste une explosion détruisant tout sur son passage, éparpillant tous les morceaux de mon cœur, de mon esprit, de mon âme et de mon monde aux quatre coins de globe alors que mon corps, lui, reste entier et encaisse les chocs, encore et toujours. Tu ne peux pas me faire ça ! Pas maintenant que je t'aime, que je me suis attachée à toi et que je suis devenue dépendante de toi ! Pas maintenant que tu représentes quelque chose de vraie, de véritable, de juste et de beau à mes yeux ! Pas maintenant que ma vie va mieux et que je revois enfin le bon côté des choses parce que là, mon monde devient plus obscur qu'une nuit d'hiver en pleine tempête. Tu ne peux pas me faire ça, aussi simplement, Léa. Tu ne peux pas, je ne le supporterais pas. »

J'ai tapé tellement vite sur le clavier, comme si ma vie en dépendait ; ce qui est un peu le cas quand même ; comme si mon monde en avait besoin, comme si j'allais mourir, comme si les mots me venaient tout seul pour exprimer ce que je ressentais et que je ressens toujours. Ce qui est le cas. J'ai laissé mon cœur –pour le peu qu'il en reste- parlé pour moi et les mots sont apparus tout seul, alors que mes doigts tapaient sur le clavier, sur l'écran. Je reprends mon souffle alors que j'ai la sensation d'avoir des fourmis dans les mains, des poignets jusqu'au bout des doigts. Sûrement que j'ai tapé tellement vite sur mon clavier, que ma circulation sanguine en a prit un coup. Je réprime une grimace alors que je me masse les poignets, fixant l'écran pour voir quand Léa va me répondre. J'en ai besoin.

« Les gens sont souvent absents lorsqu'on a le plus souvent besoin d'eux, comme quoi, jamais personne ne peut être toujours là pour quelqu'un, peu importe qui est cette personne à ses yeux. »



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