Chapitre 53

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J'arrive à bouger ma main droite, particulièrement mes doigts. J'ai l'impression de revivre tellement que c'est nouveau. Jamais je n'aurais cru qu'une geste aussi simple puisse être aussi euphorique. Jamais je n'aurais douté d'une telle chose. Jamais je n'aurais cru qu'un tel geste puisse devenir si magnifique à mes yeux alors qu'il fallait beaucoup auparavant. Je revois le monde sous un nouveau angle, ce n'est pas l'extraordinaire qui devient époustouflant mais c'est les éléments et les gestes de base qui le deviennent. Je n'arrive pas à m'y faire mais je vois le monde sous un nouvel angle.

J'entrouvre les yeux, doucement. Mes papillonnent un peu, le temps de me faire à la luminosité de la pièce et ensuite, je peux regarder, progressivement, tout ce qu'il y a autour de moi normalement. Je suis tout entourée de blanc et pour une fois, cela ne me donne pas envie de mourir ou de vomir. Je me sens presque bien. Ce n'est pas le paradis non plus parce que j'ai encore un peu mal à l'arrière du crâne et la luminosité me pique encore un peu les iris mais je m'attendais à bien pire –si je m'attendais à quoique se soit en réalité.

Je me redresse doucement dans mon lit. Je commençais à avoir mal au dos de rester aussi couchée alors que j'ai plus l'habitude d'être relevée dans mon lit. D'un seul coup, j'ai l'impression que les draps dans lesquels je me trouvais bien au chaud sont devenus aussi froid qu'un iceberg. Mon cœur loupe un battement et cela s'entend dans la machine qui fait encore et toujours le même « bip » à chaque battement cardiaque. J'ai envie de me débrancher parce que je n'en peux plus d'entendre ce maudit son.

Dehors, il fait beau. Le soleil est au rendez-vous et quelques oiseaux chantent tout autour, perchés dans les arbres, quelque part. Je ferme un instant les yeux pour me délecter de cette douce sensation qu'est la renaissance. Je renais de mes cendres et je suis déterminée à ne plus souffrir. J'ai été mal et me suis plain durant presque toute ma vie et maintenant que j'ai véritablement frôlé la mort sans que ce ne soit de ma faute, j'ai pris conscience que la vie est bien trop courte. J'ai envie de vivre, de courir partout et de terminer l'histoire d'Anna avant de mourir.

J'entends des bruits de pas et une infirmière –du moins je crois puisque la jeune dame porte une blouse blanche et a les cheveux attachés en une queue de cheval- arrive en courant jusque dans ma chambre. Elle a l'air essoufflé. Je lui souris, l'air peiné et compatissant. Mais elle a plus l'air soulagée que je me sois réveillée plutôt que d'avoir couru de je-ne-sais-où jusqu'à ici pour rien. Elle me sourit gentiment avec sincérité et j'aime déjà mon réveil.

-Bonjour Sophia, je suis Coline, ton infirmière. N'ai pas peur, je ne vais pas te mordre et je suis désolée pour cette arrivée assez... Spéciale, se présente-elle en riant légèrement par rapport à son arrivée, spéciale, comme elle le dit.

Je lui souris et elle se rapproche de moi. Elle examine plusieurs machines dont une pochette de sang. Je ne l'avais même pas remarqué jusqu'à maintenant. Je ne savais même pas que j'étais AB + ; aussi, je ne me suis jamais postée la question. Je détourne la tête pour ne pas que la vue du sang ne me redonne des idées malsaines alors que je suis censée me sentir mieux et repartir autrement. J'ai l'espoir que ma vie change pour devenir meilleure, en tout cas, je me le jure et je m'en fais la promesse de tout faire pour que ce soit le cas ; quitte à me mettre le monde entier à dos.

« La débilité est humaine. L'espoir est libre. La méchanceté est débile. Le changement est espoir. »



Mise à partWhere stories live. Discover now