Chapitre 58

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Mon monde s'effondre, descend, tombe en chute libre et se fracasse violemment sur le sol. Tout tombe autour de moi, plus rien ne reste en équilibre, pas même mon cœur qui, bien accroché dans ma poitrine, vient de se casser la gueule sur le sol et de s'éparpiller en un million de morceaux difformes et de différentes tailles. Tout mon monde bascule, rien qu'en une seule putain de phrase, rien que par un sous-entend d'abandon et de la trahison d'une promesse que je chérissais, que j'aimais par-dessus-tout et qui me trottait dans la tête. Tout mon monde se tord, se comprime et explose, part en vrille, s'éparpille en des millions et milliards de morceaux, aux quatre coins du globe et de ce que mon monde était. Non ! Non, non, non ! Elle ne peut pas me faire ça !

Je me relève d'un seul coup de me chaise, manquant de la faire valser dans mon redressement. Je me prends la tête entre les mains, les passant dans mes cheveux de feu et les empoignant par la racine sur le haut de mon crâne. Je me mords la lèvre inférieure jusqu'au sang pour ne pas crier de rage et de détresse, de souffrance et de solitude. Je tente de me contenir mais c'est tellement dur que je me mords l'intérieure des deux joues, l'une après l'autre. Je me retiens vraiment parce que ça me met hors de moi. Je tremble de partout et ne tiens même plus en équilibre.

Je m'asseye sur le bord de mon lit, regardant fixement l'ordinateur devant moi, toujours ouvert sur la page de discussion par messages privés que j'entretiens avec Léa. Je n'arrive pas à me contrôler et prend ma couette, la balançant contre ma fenêtre. La matière douce et énorme s'abat contre la vitre dans un bruit sourd presque inaudible. Le silence de la pièce et du choc me gêne beaucoup, intensifie ma rage même parce qu'elle est bien trop contraste face aux rugissements de mes pensées, face au bordel dans ma boîte crânienne. Le silence de la pièce fait un trop gros contraste face au carnage de mes pensées, à l'explosion qui se bruit à la chaîne dans ma tête.

Je me mords une nouvelle fois la lèvre jusqu'au sang, alors que le goût de l'hémoglobine m'arrive jusque sur les papilles gustatives, la douleur me surprend d'un seul coup. Je me mettrais bien une corde autour du cou. Je me prendrais bien, là maintenant, comme ça. J'ai la chaise, par contre il me manque la corde. Puis, où est-ce que je pourrais me pendre ? Quand je pense qu'il y a quelques minutes encore, j'avais des pensées joyeuses et que là, en une seule phrase, c'est le bordel dans ma tête au point de me foutre une migraine à cause du silence de la pièce, que tout est partit en vrille, que tout est partit en couille, que mon monde ne ressemble plus à rien et que de mon cœur, il n'en reste presque plus rien. Rien qu'une seule phrase, quelques mots, est tout est partit dans un tournant risqué et glissant, verglacé même.

Je n'arrive pas à croire que cela a pu changer, à ce point-là, rien qu'en l'espace de quelques secondes ; rien qu'en l'espace de la lecture d'une toute petite ne phrase. Juste quelques mots et mon monde valse. Plus rien ne sera jamais pareil, plus rien ne sera jamais comme avant. Mon cœur est déjà en train de se décomposer dans mes mains et partout autour de moi. Jamais je n'aurais cru que perdre quelqu'un parce qu'il t'abandonne puisse être aussi douloureux. C'est sûrement parce qu'elle m'avait fait la promesse de rester ou alors parce que maintenant, je suis en plein dans l'adolescence. Je suis en plein dedans, dans la période où on se jette à corps ouvert dans tout, où on met tellement de sentiments dans toutes les premières fois, où on ne pense qu'à vivre. Je me suis perdue, je m'étais retrouvé et là maintenant, tout vient de s'écrouler comme si la vie n'avait plus aucun intérêt.

« La peur de perdre quelqu'un est bien plus forte que n'importe quoi, qu'une autre peur parce qu'elle a un plus gros impact sur nos vies et sur notre mentale et physique. »



Mise à partWhere stories live. Discover now