Chapitre 30

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Je me suis enfermée dans la salle de musique du lycée, espérant qu'ils n'iront pas jusque là pour me retrouver et qu'ils seront atteint de « flemme ». Je croise vraiment les doigts pour que ce soit le cas. Je passe ma main sur le piano, frôlant le bois vernis et lisse. J'ai toujours rêvé de jouer du piano mais par manque d'argent et de temps, mon père n'avait pas eu l'occasion de m'en faire apprendre ne serait-ce que les techniques de bases.

Maintenant, Il n'est plus là et mon esprit aimerait vraiment le rejoindre. Je laisse mes doigts glisser sur les touches de l'instrument sans émettre aucun son puisque je n'appuie pas dessus. Puis, ce serait sûrement donner trop d'informations sur mes trois agresseurs quant à ma position puisque j'ai réussis à leur échapper ; une première.

Je me place sur le siège en cuir, mes doigts se laissant aller encore sur les touches. J'aimerais vraiment appuyer dessus mais je n'ai pas la force de fuir de nouveau Kilian, Julio et Arthur. Je crois que c'est mon meilleur ami le plus redoutable de mes adversaires parce qu'il connaît sur moi, notamment ma passion pour la musique qui est vraiment bien cachée.

Il n'y a que lui et mon père qui savent mais il n'y a plus que lui qui est en vie. Je passe ma main gauche dans ma chevelure de feu et pousse un long soupire, laissant mon buste se relâcher alors qu'il ya quelques minutes encore, tout mon corps était crispé et tendu sous les coups de mes persécuteurs.

Je me laisse aller sur le piano, déposant ma tête sur le bois vernis, juste au dessus des touches blanches et noires. Je donnerais n'importe quoi pour que cette vie s'améliore d'une façon ou d'une autre. Mon corps et mon âme n'en peuvent vraiment plus de toutes ces horreurs et de tous ces supplices. J'en souffre énormément.

Je ne crois pas que c'est une vie qu'humain devrait avoir, pourtant j'en vis une comme celle-ci. Quand je pense que pire que moi pourrait exister, j'en ai la boule dans la gorge et une irrésistible envie de vomir. Mon cœur se pince dans ma poitrine alors que le sourire de mon très cher paternel me vient devant mes paupières closes. J'ai une douce et amère envie de laisser les perles d'eau salées coulées le long de mes joues parce que je crois vraiment que je les ais retenues bien trop longtemps pour que ce soit encore considérée comme étant un acte humain.

Le silence et la plénitude de la pièce me fait vraiment du bien dans tout le bordel sentimental et émotionnel dans lequel je me trouve une fois de plus. Sauf que malheureusement, ici, il n'y a pas d'étoiles fluorescentes au plafond, il ne fait pas nuit et je n'ai pas mon ordinateur pour pouvoir coucher les mots sur mon clavier. Je sors un stylo à bille et un bloc de feuille et pose le tout sur le piano, réfléchissant à ce que je pourrais bien noter comme mots. Je tapote l'objet avec lequel je vais écrire contre mes lèvres qui sont tirés sur le coin supérieur droit avec le regard du même côté pour réfléchir sérieusement à ce que je vais bien pouvoir encore pondre comme textes.

J'entends un bruit derrière moi tandis que j'écrivais, m'arrêtant instantanément dans mes gestes, restant crispée au dessus de ma feuille avec le dos courbé vers l'avant. Je n'ose pas me retourner de peur d'avoir été tellement dans mon monde que je n'ai pas remarqué l'arrivée de Kilian, Julio ou pire encore, d'Arthur. Sauf que la personne s'est arrêtée dans son élan et qu'elle ne fait pas un bruit. Je ne veux pas que quelqu'un lise ce que j'écris, c'est pour cela que je partage via la plateforme d'écriture « WordsWorld » parce que dessus, je peux restée anonyme.

-Ne t'en fais pas, je ne vais pas te faire de mal, chuchote une voix gênée, douce et masculine à travers la pièce.

Je jette un petit coup d'œil derrière moi et remarque que c'est le garçon qui avait subit le même châtiment que moi dans les toilettes. Il tire ses manches dans un geste de malaise et ose à peine me regarder. En vérité, il n'est pas si terrible que cela, même si sans ses lunettes, il pourrait être tellement plus attirant. Je tente de lui sourire tendrement alors que je remballe mes affaires. Après tout, il n'y a rien fait de mal. Il me rend mon sourire un peu gauchement et à l'air de s'excuser du regard pour m'avoir déranger alors que j'étais occupée et prise dans mon petit monde.

« L'humain ne sait jamais à quel point il a besoin de s'éclipser dans son monde, que quand c'est sa façon d'oublier sa vie et la douleur. »



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