Chapitre 66

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Je me réveille. Le soleil pénètre dans ma chambre et un nouveau jour commence. La place juste à ma gauche est froide, extrêmement froide. Je n'arrive pas à savoir pourquoi, vraiment, mais cela me fait très mal. J'aurais au moins espérer qu'il aurait attendu que je me réveille pour s'échapper de mon lit mais il est partit depuis déjà un petit temps puisque la place est presque glaciale. Elle est toujours légèrement chaude mais sans plus. Je regarde les rayons lumineux de l'astre s'abattre sur mes murs et les affaires, un peu partout dans la pièce. Pour une fois, je ne haïs pas le soleil de me réveiller. J'entends du bruit dans la cuisine et devine que Jeremy doit sûrement s'y affairer.

Je reste allongée encore un petit temps, pensive. Il a dormit avec moi cette nuit parce que mes lacrymales n'arrivaient pas à se calmer, que je n'arrivais pas à me calmer. Je pleurais fortement et à chaudes larmes. Je n'arrivais pas à m'arrêter tellement que la douleur, logée dans le creux de ma poitrine, avait besoin d'être évacuée. J'avais besoin de décompresser un peu. J'avais besoin de faire baisser la pression. J'avais besoin d'évacuer, de lâcher prise. Et j'ai réussis, enfin je crois.

Je pose le revers de ma main sur mon front et observe mon plafond étant complètement dans mes pensées. J'avais carrément oublié, mais aujourd'hui, on est jeudi et il y a cours. Je ne sais même pas si je suis censée y aller. Je devrais m'y rendre normalement puisque je suis sortie de l'hôpital mais je me demande s'il ne mette pas une rémission ou quelque chose comme ça pour ne pas rentrer directement dans la vie de tous les jours très stressante et turbulente après avoir été au calme et pas très bien au point de devoir passer plusieurs jours à l'hôpital. Surtout que je n'ai pas été là-bas pour rien ; j'ai failli mourir. Où sont maman et Lionel ? Cette question m'effleure à peine l'esprit que Jeremy entre dans ma chambre avec un plateau dans les mains.

Je vais avoir mon petit-déjeuner au lit, j'en rêvais depuis tellement longtemps. La dernière fois où j'y ai eu droit, c'était un week-end avec mon père. C'était deux semaines avant qu'il ne meure. Cette pensée me met une boule dans la gorge que je tente de faire disparaître en déglutissant fortement. Je vois bien que cela n'est pas passé inaperçu aux yeux de mon frère aîné mais il fait comme s'il n'avait rien entendu. C'est vrai, il ne pourra pas s'inquiéter pour moi et me demander si ça va à chaque fois que quelque chose de pas très net se passe en moi ou dans ma tête. Il ne pourrait pas, sinon il passerait ces journées à ne faire que cela.

-Tiens, je t'ai apporté ton petit-déjeuner, dit-il en plaçant le plateau sur les draps, juste à gauche mes jambes.

Je me redresse et m'assois sur le bord de mon lit. Je pose le plateau sur mes jambes et commence doucement à manger. Cela faisait vraiment longtemps que je n'avais pas dégusté et manquer quelque chose de vrai, de normal, de sain mais surtout, de bon. Je dirais même de délicieux. Je ne savais pas, du moins je n'étais pas au courant, que Jeremy avait un don pour tout ce qui était dans l'ordre du culinaire. Je le voyais plutôt en train de faire comme moi ; réchauffer une pizza dans le four et le manger avec les doigts comme un gros porc parce que c'est trop chiant de couper la pizza avec une fourchette et un couteau et que cela prend trop de temps aussi.

-C'est délicieux, s'enquis-je pour lui faire comprendre ce que cela me satisfait amplement.

-Tu comptes retourner en cours quand ? Je te conseillerais de recommencer pas avant la semaine prochaine au moins. Tu n'es plus à ça près, non ? Puis, je me sentirais mieux si tu es ici qu'à l'école où ça n'a pas l'air d'aller. Tu n'aurais pas la phobie de l'école, par hasard ? Demanda-t-il rapidement.

Je le regarde dans les yeux, réfléchissant à ce que je devrais répondre alors que je mange doucement, dégustant même, la gaufre avec du chocolat à tartiner dessus. Je m'en mets un peu sur le coin de la bouche et il l'essuie en me regardant les yeux. Je devrais retourner aujourd'hui, non parce que j'ai envie parce que si cela ne tenait qu'à moi et à ma phobie de l'école, je n'y retournais jamais mais plutôt pour Timothy. Je dois le voir, j'en ressens le besoin. Je dois le voir le plus rapidement possible et c'est aujourd'hui. Puis, cela me permettra de me changer les idées, de me sortir un peu Léa de la tête tandis que mon cœur se comprime à la pensée de son prénom.

-Aujourd'hui. Je veux retourner en cours aujourd'hui, répondis-je, sûre de moi.

Je ne le fais vraiment pas pour moi. Je dois absolument, mais vraiment absolument, voir Timothy le plus rapidement possible. Je ne peux point faire autrement. C'est un devoir, une obligation. Je dirais même que c'est une question de vie ou de mort. Je dois le voir aujourd'hui, sinon je crois que je ne serais plus de ce monde. Je dois lui parler et peut-être même lui dire ce que je ressens à son égard. Je n'en sais rien, mais je dois au moins le voir. Je m'en suis faite la promesse et je dois la respecter sinon je crois que je me ferais violence et que je me tuerais. Je ne peux pas faire autrement. Il faut absolument que je le vois. Jeremy fronce les sourcils, l'air interloqué. Il doit sûrement se demander ce qui se passe dans ma tête pour que je veuille déjà y retourner alors que je vis un enfer là-bas. Sûrement que je suis masochiste, que j'aime ce qui me fait du mal.

« La vie est dure et blessante, au même nombre que les étoiles dans le ciel, mais parfois, des miracles se produisent, aussi rare que les étoiles filantes. »



Mise à partWhere stories live. Discover now