Chapitre 69

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Je cligne plusieurs fois des paupières parce que j'ai vraiment l'impression qu'il est totalement irréel. Je n'arrive pas à me convaincre que Timothy est vraiment devant moi, en chair et en os. J'ai plus l'impression que c'est un mirage, une illusion. J'ai l'impression que mon imagination me joue des tours de fourbes sadiques. Il me regarde comme si j'étais irréelle et c'est sûrement de cette manière-là aussi dont je le regarde. Je dois être en train de rêver, Timothy ne peut pas être devant moi ; ce n'est pas possible. Pourtant, cela n'est pas totalement absurde parce qu'il n'est censé être mort ou quoique se soit d'autre. Je ne sais pas en faite, peut-être parce que j'avais tellement envie de le voir que maintenant qu'il se trouve devant moi, j'ai l'impression que je l'imagine.

Il me tend la main et, hésitante, je la prends. Je sens un frisson me parcourir toute l'échine. Une électrocution est passée dans ma main. Nos peaux se touchent et je ne peux contenir mes yeux de rester fixer là où nos deux corps se touchent, nos mains. Je ferme les yeux un instant et reprend ma respiration qui avait virée vers l'irrégularité. Je prends complètement sa main alors que nos doigts ne faisaient que se frôler. Je crois qu'il doit être dans le même état que moi parce qu'il a sentit l'électrocution aussi et je crois qu'il a aussi frissonné mais je n'en suis pas sûre, du moins à 100%.

-Sophia, répète-t-il avec une voix plus douce.

Je ferme les yeux et rouvre ensuite pour m'assurer que tout cela soit bien réel, que je ne suis aucunement en train de rêver. J'ai vraiment l'impression d'imaginer tout cela, que j'ai du m'endormir sur le carrelage froid du couloir et que tout ce que je suis en train de vivre n'est que mon putain de subconscient a inventé. Mais, si c'était un rêve, pourquoi je sentirais autant les choses ? Pourquoi j'aurais la sensation que c'est réel ? Pourquoi j'aurais sentis ce frisson ? Pourquoi j'aurais sentit cette décharge électrique ? Est-ce possible de ressentir à ce point-là dans un rêve ? J'en doute fortement même si je suis l'une de ses personnes qui rêve éveillée, qui n'a pas besoin de dormir pour rêver et qui, d'ailleurs, ne rêve jamais pendant son sommeil mais toujours en dehors.

-Timothy, s'enquis-je la voix chevrotante.

Je n'ai vraiment pas quoi faire, parce que j'ai envie de lui sauter dans les bras, de lui en mettre une sans savoir pourquoi –sûrement parce qu'il n'est plus revenu me voir à l'hôpital-, de l'embrasser, de lui faire un câlin, de lui hurler que je l'aime, de lui demander pourquoi il n'est plus revenu me voir alors qu'il était presque là tous les jours. J'aimerais faire tout cela en même temps mais je ne suis pas sûre que cela puisse être possible ni même concevable. Je tente vainement de me calmer mais il ne m'aide vraiment pas en plus. Il me regarde de cette façon qui me coupe le souffle et me cloue sur place. Il y tellement d'amour, de tendresse, de douceur, d'inquiétude, de délicatesse qui passent que je n'arrive même plus à décrire son regard. Je n'arrive plus à trouver les bons mots, les mots justes et mon père sait à quel point je déteste quand ce genre de choses m'arrivent parce que j'aime tellement les mots que je ne supporte pas quand il m'échappe comme ça.

-Tu m'as manqué..., murmura-t-il tendrement en me regardant dans les yeux alors que ses joues rougissent.

Mon cœur bat la chamade dans ma poitrine. J'ai la nette impression d'être l'une de ses pimbêche ignare dans les feuilletons et les films à l'eau de rose et qui est comme une conne devant le mec qui l'aime alors que celui-ci lui dit des mots doux et qu'elle ne sait pas comment réagir et comme s'y prendre parce qu'elle n'avait jamais vécu cela auparavant. Je déteste ça parce que je n'aime pas ce genre d'héroïne. Les films à l'eau de rose avec la fille à fleur de peau, c'est tellement cliché et tellement pas mon style non plus. J'en ai regardé qu'un seul et j'ai eu envie de vomir. Je ne veux pas être comme l'une d'entre elles, c'est tellement cliché et débile. Non, je veux changer les choses parce que j'ai juste envie de me gifler et je ne suis pas sûre que devant Timothy ça le fasse et le faire mentalement n'est plus assez suffisant. Puis, il me regarde de cette façon que je déteste parce que je n'y suis pas habituée. Tout le monde m'a toujours regardé avec haine et colère. L'amour, je croyais que ce n'était clairement pas fait pour moi, jusqu'à présent.

L'amour. C'est tellement niais. L'amour ça rend con, stupide, fou. L'amour ça rend tellement niais. Je me disais que l'amour c'était pour les autres, qu'ils n'avaient qu'à être tous plus cons les uns que les autres à s'aimer et à croire que cela va durer toute la vie. Je les trouvais tellement débile à se chuchoter des mots d'amour comme si leur vie en dépendait. Ils étaient tous plus niais les uns que les autres et je détestais ça ; sûrement parce que je n'y avais pas le droit. Maintenant que je sais ce que c'est qu'être en amour avec quelqu'un, de l'aimer de toute ses forces, de s'être attacher à cette personne et d'être dépendant de lui ; je me sens aussi niaise et débile qu'eux. Je trouve même qu'ils ont gâchés et ternis l'image de l'amour, à s'envoyer en l'air à tout bout de champ et à se tromper comme si « l'amour » était fait que pour cela, tromper et baiser.

-Sophia, ça va ? Me demande Timothy en se rapprochant de moi.

Je m'étais totalement perdue dans mes pensées et il vient de m'en sortir, soudainement. J'ai l'impression de faire une chute de plusieurs mètres. Je me ressaisis le plus rapidement que je peux et plonge mes yeux dans les siens. Je me sens envoûtée par ses orbes émeraude. Il s'était rapproché de moi entre temps et je viens seulement de le remarquer ; nouvelle claque mentale que je m'inflige. Je lui souris parce que je ne contrôle même plus mon corps et il se rapproche encore de moi. Je ne peux m'empêcher de reculer, parce que même si Timothy est bien gentil et tout mignon, j'ai encore cette peur bleue des hommes et qu'il me fasse mal. Il continue quand même de se rapprocher de moi et je me retrouve rapidement plaquée contre le mur, entre ses deux bras, son corps et le mur ; je suis coincée. Ma respiration devient de plus en plus irrégulière. Il approche encore son visage du mien, je manque de m'étouffer avec mon propre air. Je sens son souffle sur ma peau et sur mes lippes. Puis, sans vraiment que je m'en rende compte à temps, il m'embrasse.

« L'amour peut rendre fou à lier, niais et con mais l'amour est tout de même beau, quand il n'est ni abusif ni prit à la légère ou trop lourdement. L'amour est fait pour être doux et beau, mais pour être gâcher et souiller. L'amour, c'est l'une des plus belles choses que la vie a donné à l'être humain. »



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